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12/12/2012

Mon "maître" qui ne voulait pas en être un

Mon "maître" refusait toujours qu'on le désigne ainsi. Il voulait qu'on l'appelle par son prénom, tout simplement.

Quand il se changeait avec nous dans les vestiaires, ceux qui ne le connaissaient pas le prenait pour un élève et le voyant souvent à plaisanter et à rire semblaient le considérer à la légère. Pourtant ce laotien d'une quarantaine d'année  (il avait l'âge de mon père) et d'un mètre soixante dix surpassait en combat tous les instructeurs de ce dojo, même ceux qui collectionnaient les dan et qu'on prenait très au sérieux. Il maîtrisait et pratiquait plusieurs arts martiaux. C'était quelqu'un d'"ouvert" et sa discipline était à son image : évolutive et pragmatique, elle intégrait tout ce qui lui semblait digne d'être retenu. Il insistait toujours sur la fluidité des mouvements, nous mimait chaque action sans jamais tomber dans la démonstration ou l'exhibition.

Aussi nous dissuadait-il, autant que possible, de participer à des compétitions : "ça ne vaut pas la peine et vous risquez de vous blesser". Pourtant, tous ceux qui ne suivirent pas son conseil gagnèrent de nombreux combats et devinrent, pour certains, eux-même instructeurs en France ou à l'étranger.

Aujourd'hui, je le revois encore donnant gentiment des conseils à chacun dès qu'il le pouvait ; observant attentivement les pratiquants d'autres disciplines et, discrètement, nous indiquant ce qui ne "fonctionnait pas" dans ce qu'il voyait. C'était quelqu'un à qui "on ne la faisait pas" ; il se méfiait des idéologies, des prosélytes, des tricheurs, des imposteurs, des "gourous". C'était la simplicité et la gentillesse même. Je le revois nous apporter parfois des croissants le samedi matin. Repousser toujours le moment de nous faire payer notre cotisation comme si cela le génait. J'entends encore ses plaisanteries, ses gentilles moqueries quand nous faisions mal un exercice. J'entends encore son rire.

A cette personne, je dois non seulement une grande partie de ma maîtrise martiale - s'il m'est arrivé parfois d'avoir le dessus sur des pratiquants réguliers sans plus moi-même pratiquer, c'est grâce à son enseignement, à ses exercices tant de fois répétés -, mais également une certaine connaissance de mon corps. C'est lui qui m'a appris à bouger, à ne pas me tendre dans la lutte, à rester calme et imperturbable, à avoir confiance en mes capacités physiques.

C'est à lui que j'avais envie de penser aujourd'hui, et c'est lui que j'avais envie de remercier.

22:41 Écrit par Neothene dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)

05/12/2012

Mon dépotoir

Je ne sais pas si je t'aime encore, mon dépotoir. Je cherche parfois une seule raison valable de te laisser subsister. A quoi bon ces suites de mots qui peinent tant à désigner quoi que ce soit, à décrire une seule once de "réel". A peine, ai-je tapé quelques lignes que leur authenticité me paraît déjà douteuse. Ces paroles m'ont-elles jamais appartenues. Je ne m'y reconnais plus. L'écriture comme trahison perpétuelle? L'écriture est peut-être une histoire qu'on se raconte et qu'on cherche parfois aussi à faire gober aux autres. Avec un peu de virtuosité, on y arrive. L'écriture est une ascèse dans le mensonge. On cherche à mentir avec le plus de brio ; à mentir de manière inédite. Dans mes mensonges, je fais l'important. Dans mes mensonges, je fais l'original. Dans mes mensonges, je vous peins quelqu'un qui n'a jamais existé. Et ces mensonges ne sont que la fixation par l'écriture et la caution de l'"art" de ces histoires que nous nous racontons à longueur de temps, sans même y prendre garde, dans nos têtes saturées de pensées, d'images et de paroles qui ne nous appartiennent pas.

Quel auteur avait dit ça déjà?...

22:38 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (0)

De tout. De rien.

On jurerait, à voir leurs sourires - étranges sourires mèlant de manière improbable satisfaction, malice et dégoût sans objet -, qu'ils considèrent chaque privilège immérité, chaque opportunité tombée du ciel, comme autant de preuves de leur "élection". S'il fallait y chercher une signification de cet ordre, on serait tenté à juste titre d'y voir l'inverse. "Gâté" : en voilà un mot qui sonne juste.

21:56 Écrit par Neothene dans Epines, Méditations | Lien permanent | Commentaires (0)