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10/05/2012

Maroc 1er mars - Fès (3ème journée)

Jeudi

Lever à 8h00. A. et J. nous tiennent un peu compagnie pendant le petit déjeuner. Nous prenons quelques photos. Il fait frais et brumeux.
Préparation des bagages. Puis nous remercions nos hôtes et prenons avec eux quelques clichés en souvenir, avant de partir escortés par A. jusqu'en bas pour prendre un « petit taxi » ; ici on reconnaît ces véhicules à leur couleur bleue. Nous passons en chemin par une petite épicerie en prévision du trajet en train.
Arrivons très en avance à la gare. Départ du train à 10h40.
Derrière la vitre, les paysages défilent. Paysage vallonné parsemé ça et là de petits lotissements en parpaing ou en briques rouges construits à la va-vite avec les moyens du bord. Beaucoup ne sont pas encore terminés. Parterres et haies de cactus rackets. De très nombreux détritus jonchent le sol ; beaucoup des déchets en plastique comme ces sacs bleus qu'on retrouve absolument partout. Certains endroits font ainsi figure de véritable décharges. Des animaux d'élevage errent ça et là sans aucune barrière pour les arrêter. Des moutons, des vaches, des ânes, des chiens, tous mêlés et circulant entre les maisons, au milieu des champs broutant tout ce qu'ils trouvent. Impression d'extrême pauvreté et de total abandon. J'aperçois de temps en temps un homme ou une femme assis par terre au milieu de ce désordre, le regard perdu. Le train s'arrête soudain pendant une quinzaine de minutes. Au dehors, paysage vert aux arbres quasi absents.
Un type d'une trentaine ou d'une quarantaine d'années s'installe non loin de nous et nous aborde. Il est originaire de Fès. Nous parle un peu de la ville, et de son travail : il fait partie d'une compagnie de transport pour touristes. Message reçu. Comme nous ne semblons montrer aucun intérêt particulier pour cette histoire de transport, il finit assez rapidement par se relever et changer de wagon en quête de clients éventuels.
Le train repart et les paysages  verts ou arides se succèdent de nouveau. Ici un âne, ici un mini troupeau de vaches. Ici une sorte de canal. Plus loin un chien, puis encore des ânes. Encore des cactus rackets disposés en haies, des chantiers, des détritus.
Au niveau de Assilah, les choses commencent à changer un peu. Bord de mer. Des villas. Mais un peu plus loin, nous retrouvons nos vaches vagabondes au milieu de tas de rails rouillés
Le paysage devient progressivement plus vert. Plantations de petits arbres bien ordonnées. Mais par intermittences toujours ces îlots de grande pauvreté. A un moment, I. aperçoit à côté des pylônes d'un grand pont moderne un homme juché sur un dromadaire.
Gare Tletta Rissana. Des gamins jouent au foot devant un grand mur non loin des voies. Autour maisons de plain-pied un peu déglinguées. Quelques tracteurs, signe que le niveau de vie est légèrement plus élevé par ici. Plus loin, malgré tout, une tente rudimentaire installée très près de la voie au milieu de rails rouillés. Quelques ânes se baladent à côté.
Gare Ksar El Kebir. Un peu partout des équerres en béton. Beaucoup d'habitations rouge cerise de deux ou trois étages en forme de cubes.
Puis une longue route de stands de poteries serrés les uns contre les autres.
Ensuite des champs de mandariniers. Beaucoup de petits fleurs oranges un peu partout.
Sidi Kacem. Des infrastructures industrielles. Champs et cultures sont devenus ordonnés. Zone est de toute évidence plus prospère et plus développée.
Enfin, nous arrivons à Meknès. De nombreux tags décorent les murs. Un certain nombre atteste d'une très bonne maîtrise du dessin, et attire l’œil par leur créativité et leur originalité.
Je passe aux toilettes avant que nous n'arrivions à Fès. Le distributeur de savon semble vide depuis longtemps et la cuvette complètement bouchée est remplie de papier en court de désagrégation flottant dans l'urine au milieu d’excréments. J'ai l'estomac au bord des lèvres et je suis heureux de n'avoir fait qu'un très léger repas avant d'y passer.

Arrivée à Fès. Un jeune marocain pas très grand nous attend. Il nous mène jusqu'à un rempart de chauffeurs de taxi. Négociation du prix entre le jeune marocain et un grand et maigre chauffeur à lunettes fumés et à deux de tension. Le prix annoncé nous semble excessif, mais n'étant pas à l'origine de la négociation nous ne discutons pas ce qui a été convenu.
Une fois arrivés aux portes de la médina de Fès, nous payons et suivons notre guide. La descente dans la médina me paraît interminable car je transporte un sac assez lourd que je ne peux faire roulé . De nombreux marchands m'alpaguent en chemin, ce qui m'énerve car je ne comprends pas leur attitude : vue l'allure à laquelle j'avance chargé comme un mulet, je ne suis de toute évidence pas en mesure de m'adonner à une quelconque transaction ; j'arrive à peine.
Une fois parvenus à la maison d'hôte, nous sommes accueillis par A., un marocain d'une quarantaine d'années portant rayban, qui après s'être présenté nous demande nos passeports et les épluche à la manière d'un douanier syrien. Quelques remarques sur les numéros d'enregistrement qui devraient se suivre mais qui ne suivent pas « vous n'êtes pas arrivés en même temps ? », « c'est bizarre ... »; I. et moi nous regardons. Comme la chose s'éternise nous commençons l'un et  l'autre à être passablement agacés. Nous remplissons ensuite une fiche de renseignements et puis montons voir la chambre après avoir été invités à boire le thé sur la terrasse juste à côté, et qu'on nous ait donné un plan de la médina et indiqué une ou deux bonnes adresses de restaurants. Nous ne savons quoi penser, un peu déstabilises et fatigués ; le changement dans un environnement qui nous semble nettement plus oppressant que Tanger ; l'attitude un peu plus strictement "professionnelle" des deux personnes qui nous ont accueillis ici ; tous ces marchands ou autres qui nous ont alpagués tout au long de la descente ; le coût apparemment un peu excessif du trajet en taxi ; nous sommes un peu sur la défensive et mal à l'aise. L'impression d'être ici des porte-monnaie sur pattes dont on cherche à tirer le maximum. Notre première impulsion une fois posés dans la chambre : chercher un moyen de nous en aller rapidement. Nous décidons, dans un premier temps, de nous extraire des entrailles de la médina jusqu'au soir. Pour ce faire, re trajet en sens inverse et re harcèlement incessant ; "Welcome my friend", "hello!", "français?", "please? good price for you !", "cannabis?", "tanneries", "good restaurant", "vous cherchez quelque chose?" etc pendant un bon quart d'heure. Nous nous sentons obligés de regarder fixement devant nous sans répondre et ne profitons de rien de ce qui nous entoure.
Une fois sortis, nous attrapons un taxi pour la ville nouvelle qui nous fera payer un quart de ce que l'autre nous avait demandé à l'aller.
Dans la nouvelle ville, I. retrouve avec joie ses anciens collègues. Je suis heureux aussi de mon côté de ces retrouvailles, et je prends plaisir à jouir de rapports enfin normaux avec des gens d'ici. Une de ses anciennes collègues nous propose de l'accompagner en voiture chercher ses filles à l'école et à la crèche. Durant le trajet, échange de souvenirs, discussion sur la situation actuelle, notre ressenti en ce qui concerne la médina - elle nous explique qu'elle n'y met jamais les pieds - et ce que nous projetons de faire, à savoir partir en direction d'une autre destination et trouver un prétexte pour annuler prématurément notre séjour.
Après avoir récupéré les trois petites, très mignonnes, la collègue d'I. nous dépose en centre-ville. Nous nous promenons tranquillement un petit moment et nous sentons soulagés ; ici, nous pouvons marcher librement sans être détaillés ni importunés. Je retrouve un peu des sensations de notre voyage en Syrie lorsque nous errions au hasard dans Damas. I. me mène jusqu'à une pizzeria dans laquelle elle avait l'habitude de déjeuner assez régulièrement lorsqu'elle résidait ici. L'ambiance est très détendue et le dîner très agréable. Durant ce repas, nous réfléchissons à un moyen de partir.
Il nous faut nous en retourner dans notre chambre. Une fois déposés par le taxi nous retraversons toute la partie de la médina par parvenir au logement. La plus grande partie des boutiques est fermée ce qui ne nous empêche pas de nous faire encore et encore alpaguer pour nous attirer à des restaurants, pour nous refourguer du cannabis, etc. Des grappes de gars zonent les mains dans les poches un peu partout et nous regardent passer. Je suis tendu et la légère appréhension que je ressens chez I. qui agrippe le bras un peu crispée n'arrange pas les choses. Quand enfin nous arrivons à proximité de la chambre d'hôte, nous sommes obligés pour la regagner de nous engouffrer dans une minuscule et obscure artère  à l'entrée de laquelle un groupe de quatre ou cinq jeunes mecs sont en train de tirer sur le joint qu'ils se font passer. Ambiance.

23:46 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, vacances, fès

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