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04/07/2012

Maroc 2 mars Fès - (4ème journée)

Après une nuit médiocre, je me réveille déprimé. J'ai entendu I. se lever et se rendre sur la terrasse au dessus de notre chambre. Je finis par aller la rejoindre et m'installer devant la table basse où l'on a servi un copieux et délicieux petit déjeuner. Nous échangeons nos impressions, et au cours de notre discussion nous décidons, malgré ce mauvais départ, de persévérer et de rester à Fez. J'essaie quant à moi de changer d'état d'esprit et de me défaire de mes impressions de la veille. Nous allons nous préparer et le manque d'intimité qu'offrent les toilettes de notre chambre - avec leurs simples portes saloon pour marquer la séparation d'avec le reste - nous donne l'occasion de plaisanter et de disserter sur les quelques avantages de ne plus être un "couple débutant". Nous décidons ensuite du programme de la journée.
Aujourd'hui, nous sommes vendredi et tout est fermé dans la médina. Nous pensons faire un tour à Raba dans les jours qui viennent car, d'après I., il s'agit d'une ville agréable en bord de mer, ce qui nous permettrait de respirer un peu en dehors de Fès, et surtout de la médina . Nous reste à savoir si la possibilité nous sera donner de partir de la chambre d'hôte deux jours avant la date prévue.
A peine sorti dans la médina mes bonnes dispositions du matin s'envolent : nous sommes harcelés tous les deux mètres, des jeunes semblent se payer notre tête et affichent pour certains une attitude que nous jugeons hostile. Une fois parvenus en dehors de la médina, nous nous promettons de ne pas rester une nuit de plus.
Dans la ville nouvelle, nous nous détendons peu à peu. Nous marquons une pause à la terrasse d'un petit café et songeons à un endroit où déjeuner. I. pense à quelques adresses qu'elle fréquentait. Nous mangeons vite fait dans l'une d'elle : un petit snack pour locaux proposant un petit menu copieux et pas cher.
Nous rejoignons ensuite les anciens collègues d'I.. Attendons en particulier K. qu'I. n'a pas eu l'occasion de voir la veille et qui a été mis au courant de notre passage. I. profite de notre passage dans les bureaux pour envoyer un mail à la propriétaire de notre chambre d'hôte afin de trouver un arrangement en vue de notre départ anticipé.
K. a écourté ses rendez-vous pour nous retrouver et nous le voyons arrivé plus tôt que prévu. Il nous invite à prendre un café pas loin et discute avec nous un bon moment. Il finit par nous proposer de jouer les guides demain dans la médina afin de nous la faire découvrir d'une autre façon, mais nous nous trouvons alors dans une telle disposition d'esprit que nous hésitons à accepter son offre sympathique ; nous ne pensons plus qu'à nous en aller. Nous finissons malgré tout par accepter, et nous donnons rendez-vous tous les trois dans les hauteurs à 19h pour boire un verre au rez de chaussée d'un hôtel, un peu chic, dont la terrasse offre une vue superbe sur toute la médina.
Il est 17h et nous le quittons et partons à pied tranquillement en direction de l'hôtel. Comme nous voulons profiter un peu de la vue tous les deux avant que K. n'arrive, nous prenons un taxi. Celui-ci ne met pas le compteur et nous annonce à l'arrivée un tarif plus élevé que la normale. Nous négocions un peu mais l'échange reste sympathique. "c'est pas cher! A Paris vous payez combien pour un taxi?". Nous ne pouvons évidemment pas grand chose à répondre à pareil argument.
En haut, nous contemplons la vue. Le jour décline peu à peu. Autour de nous un certain nombre de personnes profite du panorama ; plutôt des jeunes. Ambiance calme propice à la rêverie et aux méditations. Tristesse d'I. qui cherche à comprendre ce qui nous arrive : pourquoi elle ne parvient pas à retrouver ce qu'elle aimait ici et à le partager avec moi. Qu'est-ce qui bloque? Pourquoi ça ne prend pas? Au fil de notre discussion, les choses s'apaisent et les noeuds se dénouent. Nous partons un peu plus loin visiter les ruines et prenons quelques photos.

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K. nous attend dans le hall de l'hôtel. Il est déjà arrivé et a profité de son avance pour se détendre. On nous installe en terrasse avec vue plongeante sur la médina. La soirée passe de manière très détendue et agréable. Nos échanges passent par les sujets les plus divers : nos vies respectives ; la politique ; la vie au Maroc ; la famille ; le couple ; les enfants. Il nous fait part aussi de ses difficultés en tant qu'enseignant et de ses espoirs.
Nous nous quittons à 20h30 aux portes de la médina en nous donnant rdv à 15h le lendemain près de notre maison d'hôte. Nous projetons de nous rendre ce soir au premier restaurant conseillé par A.
En descendant, sur le chemin, un jeune gars à casquette nous alpague pour nous proposer de nous accompagner précisément jusqu'au restaurant vers lequel nous nous dirigeons. Il nous tient compagnie jusqu'à la porte. Nous empruntons les longs et étroits escaliers d'un restaurant d'aspect assez typique qui nous mènent jusqu'à une petite salle très joliment décorée et pleine de petits coussins. Nous nous y retrouvons seuls : l'heure est visiblement tardive pour dîner et nous ne sommes de toute évidence pas encore adaptés au rythme de vie de l'endroit. Un jeune homme habillé en tenue traditionnelle - très discret, courtois et sympathique, aux yeux très clairs, et dont les traits renvoient plus aux visages de l'est qu'à ceux des marocains malgré toute leur diversité - nous sert un délicieux tajine couscous.
Après avoir pris le thé et réglé la note, nous retrouvons dehors le jeune qui nous a visiblement attendu, et qui nous escorte de nouveau bien que nous lui signifiions que nous n'avons pas besoin de lui pour rentrer.
Arrivé à destination, il nous demande immanquablement quelque chose, et après moult discussions je finis par lui donner un billet en lui rappelant que nous ne lui avions rien demandé. Il nous remercie et nous souhaite "Bienvenue au Maroc!". Près de notre porte, deux petits gars d'une vingtaine d'années installés sur des chaises en plastique semblent dans un état second ; ils nous sourient et nous souhaitent gentiment la bienvenue et une bonne nuit. Nous remontons, et je suis un peu remué intérieurement : l'impression de percevoir déjà les choses différemment, sous un autre angle. Nous passons par le point internet et I. informe par mail notre propriétaire qu'au final nous resterons à Fès le temps initialement prévu. "Etrangement" nous éprouvons une légère appréhension à l'idée de ne pouvoir rester et que notre chambre aie été cédée pour le lendemain à quelqu'un d'autre.

12:10 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, voyage, fès, maghreb

10/05/2012

Maroc 1er mars - Fès (3ème journée)

Jeudi

Lever à 8h00. A. et J. nous tiennent un peu compagnie pendant le petit déjeuner. Nous prenons quelques photos. Il fait frais et brumeux.
Préparation des bagages. Puis nous remercions nos hôtes et prenons avec eux quelques clichés en souvenir, avant de partir escortés par A. jusqu'en bas pour prendre un « petit taxi » ; ici on reconnaît ces véhicules à leur couleur bleue. Nous passons en chemin par une petite épicerie en prévision du trajet en train.
Arrivons très en avance à la gare. Départ du train à 10h40.
Derrière la vitre, les paysages défilent. Paysage vallonné parsemé ça et là de petits lotissements en parpaing ou en briques rouges construits à la va-vite avec les moyens du bord. Beaucoup ne sont pas encore terminés. Parterres et haies de cactus rackets. De très nombreux détritus jonchent le sol ; beaucoup des déchets en plastique comme ces sacs bleus qu'on retrouve absolument partout. Certains endroits font ainsi figure de véritable décharges. Des animaux d'élevage errent ça et là sans aucune barrière pour les arrêter. Des moutons, des vaches, des ânes, des chiens, tous mêlés et circulant entre les maisons, au milieu des champs broutant tout ce qu'ils trouvent. Impression d'extrême pauvreté et de total abandon. J'aperçois de temps en temps un homme ou une femme assis par terre au milieu de ce désordre, le regard perdu. Le train s'arrête soudain pendant une quinzaine de minutes. Au dehors, paysage vert aux arbres quasi absents.
Un type d'une trentaine ou d'une quarantaine d'années s'installe non loin de nous et nous aborde. Il est originaire de Fès. Nous parle un peu de la ville, et de son travail : il fait partie d'une compagnie de transport pour touristes. Message reçu. Comme nous ne semblons montrer aucun intérêt particulier pour cette histoire de transport, il finit assez rapidement par se relever et changer de wagon en quête de clients éventuels.
Le train repart et les paysages  verts ou arides se succèdent de nouveau. Ici un âne, ici un mini troupeau de vaches. Ici une sorte de canal. Plus loin un chien, puis encore des ânes. Encore des cactus rackets disposés en haies, des chantiers, des détritus.
Au niveau de Assilah, les choses commencent à changer un peu. Bord de mer. Des villas. Mais un peu plus loin, nous retrouvons nos vaches vagabondes au milieu de tas de rails rouillés
Le paysage devient progressivement plus vert. Plantations de petits arbres bien ordonnées. Mais par intermittences toujours ces îlots de grande pauvreté. A un moment, I. aperçoit à côté des pylônes d'un grand pont moderne un homme juché sur un dromadaire.
Gare Tletta Rissana. Des gamins jouent au foot devant un grand mur non loin des voies. Autour maisons de plain-pied un peu déglinguées. Quelques tracteurs, signe que le niveau de vie est légèrement plus élevé par ici. Plus loin, malgré tout, une tente rudimentaire installée très près de la voie au milieu de rails rouillés. Quelques ânes se baladent à côté.
Gare Ksar El Kebir. Un peu partout des équerres en béton. Beaucoup d'habitations rouge cerise de deux ou trois étages en forme de cubes.
Puis une longue route de stands de poteries serrés les uns contre les autres.
Ensuite des champs de mandariniers. Beaucoup de petits fleurs oranges un peu partout.
Sidi Kacem. Des infrastructures industrielles. Champs et cultures sont devenus ordonnés. Zone est de toute évidence plus prospère et plus développée.
Enfin, nous arrivons à Meknès. De nombreux tags décorent les murs. Un certain nombre atteste d'une très bonne maîtrise du dessin, et attire l’œil par leur créativité et leur originalité.
Je passe aux toilettes avant que nous n'arrivions à Fès. Le distributeur de savon semble vide depuis longtemps et la cuvette complètement bouchée est remplie de papier en court de désagrégation flottant dans l'urine au milieu d’excréments. J'ai l'estomac au bord des lèvres et je suis heureux de n'avoir fait qu'un très léger repas avant d'y passer.

Arrivée à Fès. Un jeune marocain pas très grand nous attend. Il nous mène jusqu'à un rempart de chauffeurs de taxi. Négociation du prix entre le jeune marocain et un grand et maigre chauffeur à lunettes fumés et à deux de tension. Le prix annoncé nous semble excessif, mais n'étant pas à l'origine de la négociation nous ne discutons pas ce qui a été convenu.
Une fois arrivés aux portes de la médina de Fès, nous payons et suivons notre guide. La descente dans la médina me paraît interminable car je transporte un sac assez lourd que je ne peux faire roulé . De nombreux marchands m'alpaguent en chemin, ce qui m'énerve car je ne comprends pas leur attitude : vue l'allure à laquelle j'avance chargé comme un mulet, je ne suis de toute évidence pas en mesure de m'adonner à une quelconque transaction ; j'arrive à peine.
Une fois parvenus à la maison d'hôte, nous sommes accueillis par A., un marocain d'une quarantaine d'années portant rayban, qui après s'être présenté nous demande nos passeports et les épluche à la manière d'un douanier syrien. Quelques remarques sur les numéros d'enregistrement qui devraient se suivre mais qui ne suivent pas « vous n'êtes pas arrivés en même temps ? », « c'est bizarre ... »; I. et moi nous regardons. Comme la chose s'éternise nous commençons l'un et  l'autre à être passablement agacés. Nous remplissons ensuite une fiche de renseignements et puis montons voir la chambre après avoir été invités à boire le thé sur la terrasse juste à côté, et qu'on nous ait donné un plan de la médina et indiqué une ou deux bonnes adresses de restaurants. Nous ne savons quoi penser, un peu déstabilises et fatigués ; le changement dans un environnement qui nous semble nettement plus oppressant que Tanger ; l'attitude un peu plus strictement "professionnelle" des deux personnes qui nous ont accueillis ici ; tous ces marchands ou autres qui nous ont alpagués tout au long de la descente ; le coût apparemment un peu excessif du trajet en taxi ; nous sommes un peu sur la défensive et mal à l'aise. L'impression d'être ici des porte-monnaie sur pattes dont on cherche à tirer le maximum. Notre première impulsion une fois posés dans la chambre : chercher un moyen de nous en aller rapidement. Nous décidons, dans un premier temps, de nous extraire des entrailles de la médina jusqu'au soir. Pour ce faire, re trajet en sens inverse et re harcèlement incessant ; "Welcome my friend", "hello!", "français?", "please? good price for you !", "cannabis?", "tanneries", "good restaurant", "vous cherchez quelque chose?" etc pendant un bon quart d'heure. Nous nous sentons obligés de regarder fixement devant nous sans répondre et ne profitons de rien de ce qui nous entoure.
Une fois sortis, nous attrapons un taxi pour la ville nouvelle qui nous fera payer un quart de ce que l'autre nous avait demandé à l'aller.
Dans la nouvelle ville, I. retrouve avec joie ses anciens collègues. Je suis heureux aussi de mon côté de ces retrouvailles, et je prends plaisir à jouir de rapports enfin normaux avec des gens d'ici. Une de ses anciennes collègues nous propose de l'accompagner en voiture chercher ses filles à l'école et à la crèche. Durant le trajet, échange de souvenirs, discussion sur la situation actuelle, notre ressenti en ce qui concerne la médina - elle nous explique qu'elle n'y met jamais les pieds - et ce que nous projetons de faire, à savoir partir en direction d'une autre destination et trouver un prétexte pour annuler prématurément notre séjour.
Après avoir récupéré les trois petites, très mignonnes, la collègue d'I. nous dépose en centre-ville. Nous nous promenons tranquillement un petit moment et nous sentons soulagés ; ici, nous pouvons marcher librement sans être détaillés ni importunés. Je retrouve un peu des sensations de notre voyage en Syrie lorsque nous errions au hasard dans Damas. I. me mène jusqu'à une pizzeria dans laquelle elle avait l'habitude de déjeuner assez régulièrement lorsqu'elle résidait ici. L'ambiance est très détendue et le dîner très agréable. Durant ce repas, nous réfléchissons à un moyen de partir.
Il nous faut nous en retourner dans notre chambre. Une fois déposés par le taxi nous retraversons toute la partie de la médina par parvenir au logement. La plus grande partie des boutiques est fermée ce qui ne nous empêche pas de nous faire encore et encore alpaguer pour nous attirer à des restaurants, pour nous refourguer du cannabis, etc. Des grappes de gars zonent les mains dans les poches un peu partout et nous regardent passer. Je suis tendu et la légère appréhension que je ressens chez I. qui agrippe le bras un peu crispée n'arrange pas les choses. Quand enfin nous arrivons à proximité de la chambre d'hôte, nous sommes obligés pour la regagner de nous engouffrer dans une minuscule et obscure artère  à l'entrée de laquelle un groupe de quatre ou cinq jeunes mecs sont en train de tirer sur le joint qu'ils se font passer. Ambiance.

23:46 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, vacances, fès