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10/04/2013

Le soir. Kadikoy.

Nous sommes retournés là-bas. Au sein de cette modernité détendue et sympathique à quinze minutes en bac. Des bars, des livres, des disques, des gens souriants et vivants. Puis la nuit s'était imposée nous rappelant l'échéance ; le bateau à ne pas manquer. A quelle heure ultime nous n'en savions plus rien, tant nous étions tout à notre plaisir et nos rêveries, nos paroles caressant je ne sais plus quel projet, quelle gentille chimère. Une autre vie, d'autres quotidiens. L'horizon se déployait dans nos têtes, et l'un accusait l'autre de trop rêver pour, à son tour, mieux rêver encore. Qui sait?

Alors nous nous sommes un peu agités, pressés en une très lointaine pantomime parisienne. A la station des gars couraient pour le choper ce bac. Stoppés soudain par les paroles de l'agent. Trop tard pour celui-là. Dans une heure le prochain.

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En attendant, nous avons errés tranquillement à proximité. Les petites boutiques ambulantes proposant boissons, cigarettes, journaux, bectance à volonté. Et au milieu, lui avec son matériel de rien du tout et sa voix bourrée d'âme qui ressuscitait de vieux classiques inconnus de nous seulement ; ils étaient tous là, jeunes, vieux, enfants,  à réclamer gentiment tel ou tel classique, et lui les exhaussait et s'exécutait impeccablement comme s'il se fut agi de ces propres chansons, de ses créations, de ses bébés, mille et mille fois interprétées. Les gens l'accompagnaient de leur voix. Communion. Ame collective. Un moment de magie pure. Toi, ma belle, les larmes aux yeux. Comme tu sais vivre. Comme tu sais sentir, éprouver.

Et puis l'heure est venue de nous laisser emporter dans la nuit vers notre rive, la tête pleine d'images, le coeur plein à craquer.

22:52 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, istanbul, rive asiatique, kadikoy

25/03/2013

Merhaba !

 

Hello – Special price for you, my friend.  Tu prends cela comme un affront. Tu n’es anglais ni américain, ni allemand. Pas un touriste. Tu ne te déplaces pas dans une bulle hermétique pour choper tel ou tel cliché et détenir ta collection de cartes postales faites maison. Tu veux sentir ici  la vibration, l’âme. Tu veux faire corps avec autre chose. La modification par l’autre, l’altération de ce qui s’appesantit trop en toi. Le décentrement. Voilà entre autre ce que tu cherches.  Alors les gars laissez votre anglais, please. Je ne me reconnais pas là-dedans. Parlez-moi comme si j’étais l’un des vôtres, même si je n’y comprends rien ou pas grand chose. Faites-moi ce plaisir, cet honneur, oubliez le touriste et l’occidental, et faites résonner en moi l’autre que je suis aussi.

15:48 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : istanbul, turquie, voyage

17/03/2013

Narguilé, bourrasques et un rien de tristesse

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Sous notre abri, installés dans un salon en plein air habillé de tapis, nous restons blottis l'un contre l'autre comme deux enfants, ce que nous sommes.

Autour il fait froid, et les bourrasques agitent la bâche qui nous protège du mieux qu'elle peut de l'ondée glacée. La flamme de la petite bougie ne subsistera pas bien longtemps. Toi avec un thé, et moi qui fume méthodiquement et te passe parfois le relais. Effluves de pomme et de tabac. La tête te tourne parce que tu aspires trop fort, comme d'habitude. Cela nous fait rire autant que la situation en elle-même.

Nous ne sommes pressés par rien et pourtant...

Quand les jeunes gens s'installent à nos côtés, nous leur adressons un sourire mais restons avares de paroles. Non pas qu'ils nous dérangent - eux quatre, trois garçons, une fille, la vingtaine, des locaux sympathiques et discrets -, mais nous nous sentons un peu comme en sursis. Demain, nous serons arrachés à ce sol - tu trembleras, tu saisiras ma main -, et pour quelques heures nous constaterons une nouvelle fois qu'au sein des nuages rien ne se cache. Après nous prendrons acte : le connu, bien trop connu. Pas d'autre choix... Alors  à quoi bon lier rien qu'un peu? A quoi bon se livrer? Quelque chose en nous s'est déjà un peu dérobé. Ce qui nous reste, nous le gardons précieusement, pour nous deux seulement, et tentons d'étirer, et d'étirer encore, l'instant.

23:55 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, istanbul, voyage