Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/02/2013

Maroc - 6 mars (Fès 8ème jour)

A l'instant où j'écris ces lignes, notre avion en partance de Fès et à destination de Paris vient de décoller avec une demi-heure de retard. Je viens de contempler par le hublot la nébuleuse gigantesque que forment réunies les lumières de Fès. Vue magnifique. Vue grandiose. L'avion remue un peu. Zone de perturbation. I. Vient de lacher ma main tenue serrée tout le décollage. Au moment de monter à bord, j'ai regardé une dernière fois le petit aéroport tout illuminé. Un seul et unique avion alentour : le notre. Et je sens toute la fatigue s'abattre sur moi d'un seul coup. Beaucoup d'au revoir en une seule journée. Fès devenait peu à peu mon chez-moi à moi aussi, avec mes habitudes, mes connaissances, mes lieux de repli. Tout cela, il a fallu le quitter pour vivre un nouveau dépaysement : le retour en région parisienne. Nos villes grises et tristes où l'agitation prévaut sur la vitalité. Attente de la suite et légère mélancolie.

Ce matin, à 9h00, le lever fut un peu difficile. Un tour sur la terrasse habituelle pour la vue, mais petit déjeuner sur celle qui se trouve plus bas, à hauteur de notre chambre. Nous nous enlaçons et je donne un baiser à ma chérie. Ce geste est suivi de lointains applaudissements : quelques ouvriers, sur une terrasse, auront été distraits de leur travail de réfexion.

Je descends voir en cuisine pour prévenir que nous sommes levés. S. est affairée dans la cuisine et seule. Sa. L'a laissé pour accueillir de nouveaux touristes. Je lui propose de l'aider en emportant le lourd plateau en haut, mais elle n'a pas terminé de préparer. Nous discutons un peu. Elle n'a jamais de vacances, seulement quelques jours de temps en temps quand les pensionnaires manquent, ce qui arrive rarement. Elle ne veut pas se marier pour “être libre, et ne pas se retrouver cloîtrée à la maison à faire la cuisine”. Elle aime Tanger et Tetuan et me conseille aussi Marrakech. Je la laisse terminer tranquillement. Je repasserai dans dix minutes prendre le plateau. Nous restons avec I. Tout à notre contemplation. C'est A. qui finira par surgir avec notre plateau. Nous évoquons notre départ ; il préfère nous laisser profiter du petit déjeuner.

Vient ensuite le moment de la préparation des bagages. Tout doit rentrer. Victorieux, nous les redescendons à la cuisine où nous retrouvons toute l'équipe. A. nous précise la somme à règler et nous commande à l'avance le taxi qui nous mènera à l'aéroport. Nous convenons d'une heure pour nous retrouver afin de règler les derniers détails. Au revoir à S. que nous ne reverrons pas car son service s'achève à 15h30.

Remontons par le chemin habituel. Juste à côté de notre résidence j'achète un chapelet que j'avais repéré depuis un jour ou deux sur un tout petit stand. Une fois mon achat effectué, le marchand me propose de m'enduire les mains d'une eau “porte-bonheur”. Plus haut, je me procure un foulard noir.

Au Batha, nous prenons un taxi pour nous rendre dans la nouvelle ville. Nous arrivons à midi pour revoir une dernière fois les anciens collègues d'I. Mais deux des personnes que nous espérions revoir sont parties déjeuner ; nous avons mal calculé notre coup. Nous décidons de passer par la poste afin de nous occuper des quelques cartes postales que nous comptons envoyer, et de retirer l'argent pour régler notre chambre. Le compte d'I. est une fois de plus bloqué et je dois tout retirer sur le mien.

Nous nous installons ensuite à la terrasse d'un grand café où nous nous étions rendus les jours précédents. Un peu stressée, I. S'interroge sur ces histoires de compte en banque. Elle finit par appeler sa banque en France pour obtenir des explications. J'appelle quant à moi J. pour qu'elle me donne les quelques adresses qui nous manquent pour envoyer les cartes. Puis nous allons déjeuner.

Vers 14h00, nous allons retrouvons le collègue d'I. Qu'elle n'a pas encore eu l'occasion de revoir. H. est un homme d'une cinquantaine d'années sympathique et posé. Nous allons tous les trois prendre un café ensemble.

Une heure plus tard environ, nous nous quittons. Nous n'aurons pas le temps de repasser saluer les autres. Taxi et descente éclair jusqu'à la maison d'hôte. En chemin nous disons au revoir à quelques têtes connues que nous avons la chance de croiser. Après que j'ai sonné, A. descend nous ouvrir et me restitue mes clefs ; je les avais laissées par distraction accrochées à celle de notre chambre. Je règle la note, et A. nous offre le thé accompagné de quelques pâtisseries. Nous prenons quelques photos et laisser une petite enveloppe pour l'équipe. Au revoir à A. en bas, et à un des petits fumeurs. S. nous emmène à pied jusqu'au taxi. Le véhicule passera par la zone industrielle, par Narjis et devant le grand centre commercial Marjane.

Nous arrivons à 17h00 à l'aéroport. Timing parfait. Nous faisons procéder à l'enregistrement des bagages puis passons dans le hall pour y attendre l'embarquement. Je regarde les personnes qui attendent avec nous. Un jeune gars à l'allure de boxeur lit le dernier T. ramadan sur les révolutions arabes ; un monsieur marocain d'une soixantaine d'années est quant à lui plongé dans la lecture d'un roman de Stephen King. En patientant, I. Et moi évoquons notre grande fatigue et le stress lié aux voyages en avion. Observons alentour. Deux ou trois bébés se manifestent autour de nous etn ous pensons à notre fille que nous allons bientôt retrouver. La nuit tombe peu à peu sur le petit aéroport. Une demie heure après l'heure prévue, une voix annonce l'embarquement. Nous attendons que la file d'attente aie diminué avant de nous lever. Nous sortons et marchons tranquillement vers l'avion. Nuit pleine d'étoiles scintillantes. Dans l'avion nous discutons avec notre voisin d'origine marocaine et français. C'est un garçon de notre âge ; il vient de monter une petite pizzeria à Tanger et envisage d'y retourner pour s'y installer. Il nous demande nos professions respectives, ce que nous avons pensé du Maroc et où nous habitons. Nous sommes en fait presque voisins. Il habite la commune voisine de la notre. Petite discussion sur la politique et la religion ; nous demande ce que nous pensons de la culture musulmane. Une fois prise notre collation, je reprends mes notes. I. se repose contre moi et éclate une ou deux fois de rire en suivant un épisode de Mr Bean qui passe sur les écrans. Puis zone de turbulence. I. Pour se détendre écoute son mp3. Je vais quand à moi tenter de dormir.

Nous approchons maintenant peu à peu d'Orly. Ce ne sont maintenant plus des nébuleuses mais de petites constellations bien ordonnées reliées par de fins filaments de lumière. L'atterrissage se fait en douceur. Nous avons une heure de retard et d'après notre voisin nous l'avons échappé belle. Cinq ou dix minutes plus tard, l'aéroport fermait et nous étions bons pour atterrir à Roissy.

Cheminons lentement jusqu'au petit bus qui nous mène de l'avion à l'aéroport, puis attente patiente des bagages et de leur défilé. Pas mal de gens sont agglutinés charriots en main autour des tapis roulants. Une dame marocaine plaisante avec nous. Elle a emmené ses parents âgés au Maroc et les a pris en charge pendant une semaine ; elle est épuisée.

Une fois les babages récupérés nous attrapons un taxi. Un homme noir très grand, placide et coiffé d'une casquette à l'ancienne nous ramène jusqu'à chez nous. Arrivés à proximité de chez nous, nous nous arrêtons à un retrait pour régler la taxi. C'est I. Qui s'en charge cette fois, car je ne parviens pas à retirer d'argent ; j'en ai trop retiré à Fès pour règler notre chambre. Sur la place, un jeune gars en survét' appuyé contre une voiture s'emmerde. Pas un rat dans les rues à cette heure. Légère brume.

A peine rentrés chez nous, nous vérifions si tout est ok dans l'appart et vidons directement les bagages tout en préparant un nouveau sac pour le périple de demain, car nous repartirons chercher notre fille en province. Je ne peux m'empêcher malgré l'heure de déballer les objets achetés au Maroc et de les ranger, de remplir les deux poufs avec les vêtements de bébé de ma fille. Il fait froid dans l'appartement.

Nous nous résignons à nous coucher. J'ai hâte d'être au lendemain. Je n'ai pas envie de replonger dans le morne quotidien de nos existences franciliennes, et dans cet univers d'images agressives et de slogans raccoleurs, d'appels constants au désir et de mise en scène narcissique de soi. Tout ce cirque est-il le prix à payer pour tout ce confort et cette liberté? La question est, je crois, mal posée.

10:21 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.