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11/10/2014

Le singe

Les humains sont seuls. Malgré la pluie, malgré les animaux, malgré les fleuves et les arbres et le ciel et malgré le feu. Les humains restent au seuil. Ils ont reçu la pure verticalité en présent, et pourtant ils vont,  leur existence durant, courbés sous un invisible poids. Quelque chose les affaisse.  Il pleut : et voilà qu’ils courent. Ils espèrent les dieux, et pourtant ne voient les yeux des bêtes tournés vers eux. Ils n’entendent pas notre silence qui les écoute. Enfermés dans leur raison, la plupart ne franchiront jamais le pas de la déraison, sinon au prix d’une illumination qui les laissera fous ou exsangues. Ils sont absorbés par ce qu’ils ont sous la main, et quand leurs mains sont vides ils les posent sur leur visage et pleurent. Ils sont comme ça.

Anima – Wajdi Mouawad

15:21 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, mouawad, livres, poèsie, culture

22/10/2008

L'inestimable

Je ne sais rien et vous non plus vous ne savez sans doute rien.

Alors après, on peut toujours construire un système d'explication bien cohérent. Oui, c'est peut-être ce qu'on peut encore faire de mieux. Un système lâche et évolutif qui muterait au fur et à mesure. Un système qui ne serait pas un cachot rutilant à la con. Cachot qui ne serait pas séduisant. Dont les autres ne voudraient pas. On sait bien comment ça fonctionne. Il y a les besogneux qui édifient et les autres qui viennent prendre le truc clé en main. Et ils en font leur truc. Ils se pavanent partout avec ça. Nihiliste, postmoderniste, deleuzien, lacanien, réactionnaire façon Maurras,... Ca évite de se faire suer l'âme. On prend ça et on se la joue “différent”. Au dessus du lot. La culture comme un déguisement. La culture comme un jargon de pseudo initiés. La culture comme une arme : à coup de mépris, je tue l'autre. Salement. De manière dégueulasse. Il faudrait mieux ne pas lire du tout. Cela me donne carrément envie de déserter, de fuire les livres. Je préfére le beauf, autant le dire. Je préfére le grossier au merdeux donneur de leçon qui lit en diagonal ou qui apprend par choeur. Et qui balance sa mixture comme un crachat. Eloignez-vous de vous même, éloignez vous des autres, de ceux qui sont réellement, perdez-vous et étouffez votre âme, vous avez bien raison. Ce sont des choses qui ne se monnaient pas et dont on ne fait rien socialement. Vous avez Raison, mille fois. Allez donc abreuver les bars et les amphithéatres de votre jactance, noircirent des pages de vos égos démesurés de non personnes. Il en restera bien quelque chose... quelque chose dont d'autres du même acabi pourront s'emparer pour briller à leur tour, et que la belle machine continue de tourner. Mais voilà, le catalogue commence à jaunir méchamment. C'est que les perroquets, les marchands, les techniciens , et les moralistes abondent mais les créateurs se font visiblement de plus en plus rares. Les personnes se font peut-être de plus en plus rares. Allez savoir...

Alors malgré ma conscience de n'être rien, de ne rien savoir (justement),je me sens un peu vivant encore. Vivant en comparaison de tous ceux qui pensent savoir et veulent vous le faire bien comprendre chaque jour dans leur exercice de vanité, de mépris et leurs monologues obscènes. Je connais tellement de gens de peu de culture qui savent bien plus qu'eux. De personnes d'une valeur inestimable, en fait. Inestimable, c'est un mot dont il faudrait redécouvrir le sens.

14:45 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, société