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11/10/2014

Le singe

Les humains sont seuls. Malgré la pluie, malgré les animaux, malgré les fleuves et les arbres et le ciel et malgré le feu. Les humains restent au seuil. Ils ont reçu la pure verticalité en présent, et pourtant ils vont,  leur existence durant, courbés sous un invisible poids. Quelque chose les affaisse.  Il pleut : et voilà qu’ils courent. Ils espèrent les dieux, et pourtant ne voient les yeux des bêtes tournés vers eux. Ils n’entendent pas notre silence qui les écoute. Enfermés dans leur raison, la plupart ne franchiront jamais le pas de la déraison, sinon au prix d’une illumination qui les laissera fous ou exsangues. Ils sont absorbés par ce qu’ils ont sous la main, et quand leurs mains sont vides ils les posent sur leur visage et pleurent. Ils sont comme ça.

Anima – Wajdi Mouawad

15:21 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, mouawad, livres, poèsie, culture

18/01/2013

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Et il parla d'un père incertain qui ne savait pas mesurer son amour pour son fils. Un jour, il y eut un incendie dans la masure où ils vivaient. L'homme prit l'enfant dans ses bras et marcha dans la nuit pour s'éloigner de la tragédie. Il dépassa sûrement la limite de ce monde, car lorsqu'il se décida enfin à le poser à terre, il découvrit que la terre n'existait plus. Il restait un vide parmi les vides, des nuages percés parmi les cieux évanescents. L'homme conclut pour lui-même : "Désormais, mon fils aura pour sol mes seuls bras".

Cet enfant ne s'aperçut jamais que l'immense territoire dans lequel il vécut ensuite, grandit et eut des enfants n'était que le giron de son vieux géniteur. De nombreuses années plus tard, en ouvrant la sépulture de son père, il appelât son fils et lui dit : "Tu vois la terre, mon fils? On dirait du sable, des pierres, des mottes. Mais ce sont des bras et des étreintes."

L'accordeur de silence - Mia Couto

17:55 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, livres

11/10/2009

"Idéologophobie"

"phobie", c'est le suffixe qu'affectionnent de nos jours les idéologues de toute obédience. Par ce procédé magique, ils discrèditent instantanément les travaux des rares intellectuels qui se risquent encore à la nuance et à un semblant d'objectivité, et réécrivent tranquillement l'histoire de la pensée et l'histoire tout court.

13:13 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, livres, société, pensée, histoire