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28/08/2013

Le Bilan (petite fable aigre)

D’une main hésitante, elle s’empare de la souris. Ils ont parlé de choses et d’autres une heure durant. Tout ceci fit au départ l’objet d’un planning minutieux. La mise en route du processus fut aisée ; il avait envie d’y croire. Dès le départ pourtant, une part de lui mystérieuse n’avait  pas été convaincue. Mais il se trouvait désormais embarqué dans l’aventure. Semaine après semaine, consacrant trois heures à cette quête : la recherche de lui-même et d’une issue. La quête…

Elle est chic un peu. La cinquantaine finissante, assez sèche. Sympathique.  Agréable. Elle aime bien rire. Lui aussi. Mais faire rire encore plus. Il aime user de ce talent. Alors tout paraît fonctionner : elle en dépositrice de son avenir assurément radieux et lui, en spécialiste es rigolade, bons mots et traits d'esprit, mais inquiet tout même, au fond. 

Elle lui dit qu’elle aime ces séances avec lui - ce qu’il veut bien croire, même s'il ne la sent pas très impliquée, très professionnelle. De moins en moins, même. Lui essaie de se sortir du bourbier. Il en a assez.  Il s’en remet à cette dame comme on lui a conseillé de le faire. C’est un premier pas, une manière de se prendre en main et d’instaurer une dynamique. Il s'est renseigné. Il a effectué les démarches nécessaires, rencontré les personnes. Il a placé sa confiance dans ce processus. De l’énergie, des affects, une vision, tout y est. Des portes doivent s’ouvrir, et il pense alors pouvoir employer toute son énergie dans un projet réaliste et lisible. Enfin. Alors malgré ses impressions mitigées, il veut y croire. Après tout, ne doit-il pas laisser les choses advenir progressivement. Ne mettre la pression à personne malgré l'enjeu. Patience. Et puis, ce serait probablement contre-productif.

Elle se résigne au bout d’une heure de discussion informelle, une mise en train, à chercher péniblement des renseignements  sur internet. Elle ne semble guère à l'aise avec l'outil informatique. Il lui lance des idées pour l'aider. Elle tique. Elle n’est pas persuadée qu'il prenne la bonne direction. « Vous êtes un intellectuel ! Il faut reprendre les études… » lui affirme-t-elle. Lui, il avait eu tendance dernièrement à se faire une raison, pensant que les études ce n’était peut-être pas vraiment fait pour lui, et qu’il lui fallait du concret, du palpable. Il lui fallait quelque chose comme un savoir-faire, une habileté acquise après un véritable apprentissage. Quelque chose d'authentique et de noble. Il voulait devenir en mesure de créer quelque chose ou encore d'aider les autres, par exemple. Et il ne voulait justement plus risquer de se retrouver à exercer de ces métiers où on vous presse comme un citron. Ces emplois où les aptitudes humaines et intellectuelles sont exploitées au sens fort. Bref, il ne voulait plus faire office de larbin intello sous employé et aigri.

Mais peut-être cette dame avait-elle raison? Après tout, n'est-elle pas la mieux placée pour l'évaluer à sa juste mesure, et l'orienter. Alors il l'écoute et tente de se convaincre de la pertinence de ce qu'elle avance. Les questions de confiance et de foi lui paraîssent essentielles pour la menée à bien de ce projet. Comment s'en sortir s'il doute constamment? Comment construire? Comment faire jaillir de tout cela une réelle dynamique? Il en est conscient.

Bien-sûr, il tique régulièrement. La première option, elle lui a sorti, lui semble-t-il, comme du chapeau d'un prestidigitateur. Il ne parvient pas à voir dans le détail de tout ceci, pas plus que le cheminement logique. Mais comme la conclusion semble séduisante par certains aspects et pas si éloignée de lui que cela il se laisse convaincre peu à peu.

Lorsque des obstacles pratiques se présentent, qu'il formule quelque objections et que l'option en devient, du coup, plus incertaine, elle lui sort une série d'autres options sans lien entre elles et plus ou moins crédibles. Lui, dans les RH? Confondait-elle son dossier avec celui d'un autre ? Elle lui réplique que des gens comme lui dans les RH ce serait un souffle d'air frais dans le secteur. Il faut que des gens bien les fassent ces métiers, sinon comment faire évoluer les choses. Lui dans le marketing? A préparer un diplôme dans un secteur qu'il excécre? Elle lui rétorque que ce n'est qu'une passerelle vers autre chose. Mais combien d'années vat-il devoir bûcher le soir et mettre sa vie personnelle de côté? sa famille, ses passions? Pour du nébuleux, de l'incertain, et à travailler sur quelque chose qui le rebute totalement. Il n'a qu'à prendre un congé de formation. A quoi il répond qu'il n'a droit qu'à un an. Comment mener à bien ce genre de projet en un an? Il fait indéniablement preuve de mauvaise volonté.

Comme il se trouve acculé peu à peu à des solutions de plus en plus farfelues, il finit par se convaincre que, finalement, la première option est peut-être la bonne. Son sceptiscisme, sa négativité, il faut les mettre au placard. Voilà qui constitue certainement de bien mauvaises habitudes.

Ainsi la solution miracle toute trouvée, il ne restait plus qu'à attendre les dates d'inscriptions et demander une réduction de temps de travail. Une entreprise de la taille de la sienne allait bien-sûr accepter un aménagement si peu contraignant à mettre en place. Surtout pour quelqu'un comme lui : un employé irréprochable qui ne réclamait pas d'augmentation malgré son ancienneté et la qualité constante de son travail, et qui ne passait pas son temps à la ramener.

Les trois dernières séances de trois heures chacunes se passèrent donc à discuter de choses et d'autres. A passer le temps. Le but atteint, il fallait bien meubler ces séances. Le planning du contrat en déterminait un nombre précis et devait être respecté jusqu'à son terme. Le financement portait sur un nombre prédéterminé de séances.

Puis vint le moment de prendre congé l'un de l'autre définitivement. Cette belle aventure touchait à son terme. Chacun partît de son côté content. On se promettait de se donner des nouvelles ou d'en prendre très bientôt.

Ce ne fut que quelques jours plus tard, qu'à la lecture de sa synthèse que les lézardes se firent voir dans le bel édifice. Son passé, son enfance, elle en avait fait un roman-fleuve tire-larmes. Des coquilles émaillaient ça et là un texte mal tourné. Bref l'ensemble donnait l'impression d'un travail baclé.

Il garderait la foi malgré tout ; au moins jusqu'à ce que sa demande de réaménagement d'horaires soit rejetée. Vous comprenez bien Monsieur Truc que votre demande si elle obtenait notre accord entrainerait une situation difficile à gèrer pour l'entreprise, et que compte-tenu de la conjoncture actuelle, etc, etc, etc.

Après tout, l'expérience constituait un premier pas qui favoriserait une dynamique porteuse à plus ou moins long terme. Il pouvait en être sûr. Et puis, cela ne lui avait couté qu'une centaine d'euros, le reste (une coquette somme) était pris en charge par un organisme d'Etat. Peut-être, faudrait-il sérieusement songer à se mettre en recherche d'une formation en vue d'un diplôme. Car il fallait un diplôme pour tout désormais, il le voyait bien. Il allait falloir trouver un organisme. Mais combien cela lui couteraît-il?

Peut-être devrait-il se faire lui-même Grand Mage de l'avenir professionnel ou pourvouaillement en chef de sésames agréés. Il devait bien exister pour cela une école, un cursus.

 

20:30 Écrit par Neothene dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bilan de compétences, formation, société, business

04/10/2011

Génération

De l’instantané. Du sûr et certain. Du sans risque. Du sans effort. Du sans engagement.

C’est ce que nous voulons, car vivre nous pèse.

16:33 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société

07/05/2010

C'est la société...

La dame parcourt une à une les tables de la librairie, et se saisit parfois d'un ouvrage pour en lire le propos.

"Ah ! Tu vois, c'est la société qui dit ça, chéri !" s'exclame-t-elle.

A chaque livre qu'elle examine revient la même ritournelle. Qu'elle lise simplement le titre du volume ou qu'elle en parcourt la quatrième de couverture. "C'est la société qui dit ça..." repète-t-elle inlassablement au petit teckel qui se tient sagement à ses pieds.

23:32 Écrit par Neothene dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, quotidien, solitude

28/04/2010

Se lire dans les livres des autres

Achetez des livres qu'on aurait pu écrire soi-même à la va-vite et qui n'ont rien à nous apprendre et à nous dire.

Lire des penseurs qui ne pensent pas plus que soi mais qui donnent caution intellectuelle et crédit à des opinions qu'on a déjà.

Parade (défoulement)

On ne peut que se figer, se pétrifier, à trop regarder ses mines crispés et ses corps raidis à force de stéréotypes et de compromission. Serviles, ils voudraient vous voir semblables à eux, et c'est leur faire injure que de respirer la liberté comme vous le faites. Provocation que d'être soi, de ne pas rêver à des fariboles préformatées, de ne pas s'extasier sur de la vie en carton-pâte et des soleils en 3D.

Je vous emmerde et quelque part, je vous plains, pauvres automates, avec vos existences de parade. Oui, je vous plains pauvres ères réduits à singer une pseudo virilité de gorilles anabolisés. Je vous plains nabots hargneux gesticulant qui passez votre temps à vous la mesurer. Je vous plains aussi, pauvres greluches bottées claque-talons au pas saccadé qui préféraient courir, plutôt que de vous demander où vous allez. La vie n'est pas un sitcom ou un clip ; la rue n'est pas un podium, une arêne ou un ring. Faut-il vous le préciser ?

Faut-il vous expliquer qu'on vous vole votre âme et votre vie ? Et que je peux être dans mes pires moments tenté de penser que vous le méritez.

 

22:00 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, quotidien, tendance

18/01/2010

Portrait de contemporain II

Il joue à être Bloy, Nietzsche, De Maistre et PK Dick réunis,

Cyber-néant qui prétend pourfendre un nihilisme dont il n'est lui-même qu'une des facettes.

 

Lui, le pseudo "chrétien"rock'n'roll, enflé à la fumette, ex-Bushiste à breloques imbibé de haine,

il confond religion et politique.

En ceci, il est à l'image (encore une fois) de ce qu'il prétend combattre, et qu'il ne fait (sans le savoir il faut l'espèrer) que cautionner.

 

Lunettes noires, perfecto. Visuel et marketing savamment pensés...

Avec sa com au millimètre, ses provocs et ses paradoxes faciles,

sa verve mégalomane et caustique prompte à ravir

jeunes en quête d'eux-mêmes, faibles et paumés inquiets,

"croyant" qui ne croit qu'à ses propres fantasmes...

De ce personnage qu'il s'est créé il est désormais devenu le prisonnier.

Car récitant son cathéchisme et calquant leurs goûts sur les siens proclamés,

Ses adeptes arrogants, enfièvrés, sont devenus les barreaux de la prison de cet égo surdimensionné.

Puissent-ils être sauvés de leur égarement.

 

12:38 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, politique, religion, christianisme, dantec

15/11/2009

...

Le "client-roi"

Puis l'"enfant-roi".

Et maintenant ? le "client enfant-roi"...

 

00:56 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, consommation

01/11/2009

"Saint" triste... triste saint

"Quoi qu'il fasse : marcher, s'asseoir, peler des pommes de terre, tricoter  ou la chose apparemment la plus superficielle... l'homme peut regarder en dedans et rester ouvert à la chance d'être touché par le divin ; aucune situation de la vie existentielle ne doit être fermeture, on est mobilisé entièrement et continuellement. Mais seule l'attitude juste permet d'avancer et de mûrir sur ce chemin ; cela est impossible si vous êtes crispé, épaules en l'air et contractées, ventre rentré et respiration de surface, décentré... toutes choses qui expriment à l'extérieur ce que vous êtes à l'intérieur : dominé par un moi arrogant, angoissé et solitaire. C'est une prison dont toutes les portes sont fermées ! tant que le petit moi n'a pas fait sauter les verrous et quitté la place, aucun contact avec l'Etre n'est possible... Pensez à tous ces soit-disant "religieux" dont la sainteté apparente n'est qu'une énorme crampe ! Ils ont les traits tirés, les lèvres serrés par l'effort volontaire, le regard ailleurs, le visage sans joie..."

Karlfield Graf Dürckheim - Dialogue sur le chemin initiatique

13:33 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religion, foi, saints, spiritualité, société, religieux

11/10/2009

"Idéologophobie"

"phobie", c'est le suffixe qu'affectionnent de nos jours les idéologues de toute obédience. Par ce procédé magique, ils discrèditent instantanément les travaux des rares intellectuels qui se risquent encore à la nuance et à un semblant d'objectivité, et réécrivent tranquillement l'histoire de la pensée et l'histoire tout court.

13:13 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, livres, société, pensée, histoire

20/07/2009

Dimanche

La machine ne connaîtra plus de hoquets.

Sept jours sur sept, frénésie comme précipitation.

Comme avidité.

Comme course dans le vide.

Pas un instant n'abdiquera la cohue.

Du temps pour les siens on en a que faire.

 

Pour certains, le monde est boutique.

Pour d'autres, le travail un job perpétuel.

 

23:14 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, travail, politique

08/07/2009

Portrait de contemporain I - Celui qui sait

Entendez-le, cet esprit chagrin, vous expliquez combien il voit clair; à quel point, il n'est dûpe de rien. De toutes les combines qui se trament, de toutes les balivernes.

Il s'y entend à merveille pour vous dessiner un beau réseau de sens et de concordances. Tout ça s'explique aisément, il suffit juste d'avoir le courage de "regarder les choses en face". Le courage est de son côté, soyez-en sûr. Il n'est pas comme vous qui croyez ou encore qui baignez dans une sorte d'idéalisme naïf. Lui, il sait. Et vous pouvez voir à son air combien il se délecte de sa "lucidité" et de l'horreur de ce monde qu'il vous dépeint.

Sa transcendance à lui est négation de l'existence et de la valeur de toute transcendance. Sa croyance, être "délivré" de toute croyance. Il ne serait pas si satisfait de sa supposée singularité, il nous convertirait bien tous à ses vues, nous donnant ainsi pleinement accès à cet univers de désolation et de laideur qu'il s'est créé et qu'il juge apparemment (intellectuellement, du moins) si enviable.

Ironie suprême, son existence se conforme curieusement à ses conceptions. Elle se présente à lui constamment sous un jour sinistre et désespérant.

Il est malheureux comme une pierre, mais avec Raison; et c'est là, pense-t-il, le principal.

22/06/2009

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Virtuoses de ce dénigrement très à la mode qui se donne des airs d'esprit, vous ne faites que gonfler démesurément votre ego et semez la discorde en vous et en dehors de vous. Vous exultez bien fugitivement en vous rendant misérables durablement.

22:56 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualite, société

23/01/2009

Le temps pour quoi faire?

Convalescent, j'abuse de cette abondance de temps extraprofessionnel – jouissant de mon oisiveté tout en culpabilisant d'être oisif... comme je suis bien dressé finalement ! - pour faire à peu près n'importe quoi. Passant de la lecture du Ramayana, au surf sur dailymotion ou youtube. Regardant le vent malmener la végétation que j'aperçois depuis ma fenêtre (diable que ça souffle !). Ecoutant d'une oreille plus ou moins bienveillante le chant tonitruant de mon petit canari vert infatigable et capable de couvrir le volume d'une chaine hifi mise à un volume raisonnable. Je ne fous rien. C'est lamentable. Je suis malade et malgré tout, me voilà anxieux de ne pas mieux exploiter ces plages de liberté inespérées. Moi qui perpétuellement manque de temps, je n'en fais rien de constructif.

Mais pourquoi ? Une réponse me vient, assez évidente en fait : réapprendre à user de son temps libre lorsqu'on s'en trouve régulièrement privé demande du temps. On en sort plus, quoi ! Pour parvenir à faire quelque chose de constructif de son temps libre, il faut au préalable avoir (déjà) l'habitude de disposer de pas mal de temps. Donc, en gros, le temps libre lorsqu'il n'est qu'occasionnel, ne peut être dédié qu'aux tâches (corvées) dont on aura pu encore s'acquitter ou à une oisiveté relativement stérile. Pour que le temps libre puisse être utilisé à des choses vraiment créatives - autres que pondre un petit texte qui se fout un peu du monde comme je suis en train de le faire sur ce blog - il faut disposé de plages de temps importantes et surtout nombreuses. Du temps pour une deuxième vie. Une existence parallèle à la première où l'on travaille à autre chose qu'à simplement gagner sa vie (concept dont l'ironie n'échappe aujourd'hui à personne... je sais, je suis d'un optimisme incurable en ce qui concerne mes semblables...).

Donc le “temps libre” limité et occasionnel n'est qu'un temps partiellement libre puisqu'on ne peut en user à sa guise. C'est au final plus un sursis qu'autre chose. (le terme “sursis” donne d'ailleurs à la chose une coloration dramatique pas déplaisante du tout).

Oui, je ne fous rien. Je ne puis que passer le temps en attendant de ne plus en avoir de nouveau. Et alors là je me lamenterai en attendant d'être enfin libéré de la servitude professionnelle. C'est peut-être ça finalement le “dernier homme”...

11/01/2009

La victoire annoncée des marchands du temple

Le champion des marchands du temple se signait parfois, en présence des caméras, à la manière du "parfait catholique". Aussi bon nombre de "parfaits catholiques" ne virent en lui que le champion des valeurs et d'un ordre à reconquérir. Puis le "champion" fut élu largement et fit tout ce qu'il avait dit qu'il ferait, et bien plus encore. Il accrut les inégalités, mit en place des mesures qui allaient totalement à l'opposé des valeurs traditionnelles de famille, de travail... Flexibilité, précarité, instabilité, etc. Il décida, lui le "bon chrétien", que dimanche devait devenir un jour comme les autres où les uns travailleraient et les autres consommeraient (ceux qui ne travailleraient pas, bien entendu. Et puis que pouvait-on faire d'autre de toute façon que consommer ou travailler, le dimanche ?).

Puis quand il eut achevé son oeuvre, il la contempla et vit que c'était mauvais...

Si les "pharisiens" s'étaient montrés plus sensibles aux valeurs chrétiennes véritables, au fond plutôt qu'à la forme et aux salamalecs, les marchands du temple ne l'auraient peut-être pas définitivement emporté.

22:52 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, sarkozy, religion, christianisme

La ville et ses lumières

"Comme elle est belle la ville et ses lumières. Seulement pour les fous." : chantait un rockeur français, il y a pas mal d'années. Bien avant d'être incarcéré pour homicide... Cette phrase, je la reprends telle quelle. Il m'arrive bien souvent de détester littéralement ce réceptacle de superficialité et de vanité que représente pour moi la capitale. Sa frénésie, la précipitation de mise à chaque coin de rue. Son système pervers de compensation érigé comme panacée. Qu'on ne s'y trompe pas. L'avidité culturelle qui la caractérise souvent n'est qu'une forme dissimulée, snobe et hypocryte de la consommation toute puissante qui régit notre quotidien. Aller voir fièvreusement la dernière bouze cinématographique de bidulle, se goinfrer de toutes les productions médiatiques. C'est et ce ne sera toujours, une fois de plus, que de la consommation. De quoi, aussi, alimenter les conversations en rivalisant d'érudition stérile entre deux brochettes ou deux sushis au japonais du coin. Et ces différentes formes de consommation n'ont toutes qu'un but : nous permettre de supporter une vie sans saveur, sans charme. Une ville où le vacarme est continuel et la fantaisie absente. Une ville où tout est balisé. Une ville où l'espace vital manque. Une ville où il est impossible de vivre pleinement et de s'adonner à la méditation et à la contemplation esseulée. Car ici règne le quantitatif, l'instantané et le fluctuant. Ce qui passionne cette semaine tombera dans l'oubli la semaine suivante. Je n'aime pas cette ville et je ne suis plus dupe de ses attraits supposés. Ils ne m'apparaissent que comme autant de mirages pour dissimuler l'ennui.

20:31 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : société

22/10/2008

L'inestimable

Je ne sais rien et vous non plus vous ne savez sans doute rien.

Alors après, on peut toujours construire un système d'explication bien cohérent. Oui, c'est peut-être ce qu'on peut encore faire de mieux. Un système lâche et évolutif qui muterait au fur et à mesure. Un système qui ne serait pas un cachot rutilant à la con. Cachot qui ne serait pas séduisant. Dont les autres ne voudraient pas. On sait bien comment ça fonctionne. Il y a les besogneux qui édifient et les autres qui viennent prendre le truc clé en main. Et ils en font leur truc. Ils se pavanent partout avec ça. Nihiliste, postmoderniste, deleuzien, lacanien, réactionnaire façon Maurras,... Ca évite de se faire suer l'âme. On prend ça et on se la joue “différent”. Au dessus du lot. La culture comme un déguisement. La culture comme un jargon de pseudo initiés. La culture comme une arme : à coup de mépris, je tue l'autre. Salement. De manière dégueulasse. Il faudrait mieux ne pas lire du tout. Cela me donne carrément envie de déserter, de fuire les livres. Je préfére le beauf, autant le dire. Je préfére le grossier au merdeux donneur de leçon qui lit en diagonal ou qui apprend par choeur. Et qui balance sa mixture comme un crachat. Eloignez-vous de vous même, éloignez vous des autres, de ceux qui sont réellement, perdez-vous et étouffez votre âme, vous avez bien raison. Ce sont des choses qui ne se monnaient pas et dont on ne fait rien socialement. Vous avez Raison, mille fois. Allez donc abreuver les bars et les amphithéatres de votre jactance, noircirent des pages de vos égos démesurés de non personnes. Il en restera bien quelque chose... quelque chose dont d'autres du même acabi pourront s'emparer pour briller à leur tour, et que la belle machine continue de tourner. Mais voilà, le catalogue commence à jaunir méchamment. C'est que les perroquets, les marchands, les techniciens , et les moralistes abondent mais les créateurs se font visiblement de plus en plus rares. Les personnes se font peut-être de plus en plus rares. Allez savoir...

Alors malgré ma conscience de n'être rien, de ne rien savoir (justement),je me sens un peu vivant encore. Vivant en comparaison de tous ceux qui pensent savoir et veulent vous le faire bien comprendre chaque jour dans leur exercice de vanité, de mépris et leurs monologues obscènes. Je connais tellement de gens de peu de culture qui savent bien plus qu'eux. De personnes d'une valeur inestimable, en fait. Inestimable, c'est un mot dont il faudrait redécouvrir le sens.

14:45 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, société

16/10/2008

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L'amusement est un bain vivifiant que l'industrie du divertissement prescrit continuellement. Elle fait du rire l'instrument du trafic frauduleux du bonheur. Dans les moments de bonheur, on ne rit pas ; seules les opérettes et, plus tard, les films représentent le sexe avec des rires bruyants. Mais Baudelaire est aussi dépourvu d'humour qu'Hölderlin. Dans la société frelatée, le rire en tant que maladie s'est attaqué au bonheur et l'entraîne dans sa misère intégrale. Rire de quelque chose signifie toujours qu'on s'en moque et la vie qui, selon Bergson, rompt le poids des habitudes par le rire,est en vérité l'irruption de la barbarie, l'affirmation de soi qui se libère avec insolence de tout scrupule lorsque la vie sociale lui en donne l'occasion. Un public de gens qui rient est une parodie de l'humanité. Ses membres sont des monades dont chacune s'abandonne à la volupté aux dépends de toutes les autres, prête à tout, sûr d'entraîner la majorité. Leur harmonie est la caricature de la solidarité. Ce qu'il y a de diabolique dans le rire qui sonne faux, c'est qu'il parodie justement ce qu'il y a de meilleur : la réconciliation.”

 

21:19 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : philosophie, médias, société