Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/07/2012

Maroc 3 mars - Fès (5ème journée)

Aujourd'hui quand nous nous levons à 8H30, nous sommes déjà réveillés depuis un moment. Comme la veille, nous prenons tranquillement le petit déjeuner sur la terrasse. Nous nous sentons néanmoins beaucoup plus détendus que la veille. Nous avons décidé de nous rendre dans le quartier juif. A 11h, nous empruntons donc la talas seghara jusqu'à la Porte Bleue. Ce trajet ne fait que confirmer l'impression que nous avions déjà éprouvée la veille : cet itinéraire est nettement plus calme que le premier que nous avions choisi, et ici presque personne ne nous alpague. Nous pouvons ainsi flâner tranquillement et observer ce qui nous entoure. Arrivés en haut, nous prenons la direction qui nous paraît la plus à même de nous mener au quartier juif. Mais nous constatons bien vite que la périphérie immédiate de la médina ne s'apprivoise pas plus facilement que l'intérieur de la médina elle-même. Nous errons. Jaran Sbin, le grand jardin avec ses grands palmiers, ses bancs discrets pour amoureux, ses grappes de gars désœuvrés, et ses familles, constitue pour nous une pause agréable. Nous continuons ensuite un peu au hasard, empruntant toutes sortes de ruelles improbables et cradingues. Un gars fait des tours avec une vieille mobylette ; un autre expose à même le sol des bouts de ferraille et des pièces de vieilles machines ; des gosses tapent dans un ballon au milieu d’éboulis et de tas de détritus. Nous apercevons des arrêts de bus. I. pense que nous ne sommes pas très loin du quartier juif. Nous attrapons un taxi qui nous y mène très rapidement. Sur place, de minuscules bars avec leurs chaises en plastique ; de petits étalages de fruits , des boutiques de bijoux artisanaux et de bijoux en or, ou pendent de grandes chaînes du même métal ; des stands pourvus d'une quinzaine de têtes toutes semblables chacune coiffée d'un hijab différent.

Une fois notre tour terminé, nous retournons à la Porte Bleue en taxi et nous mettons en quête d'un endroit où déjeuner rapidement avant que n'arrive le moment de rejoindre K.. Pas loin de l'entrée de la médina, nous tentons de trouver une des adresses conseillées par A., mais nous repérons un petit boui-boui marocain qui propose du poisson frit, des haricots, des frites et des salades. Dans une minuscule salle blanche très haute de plafond et bondée, nous nous installons à une des trois grandes tablées. Assis sur de grands bancs, chacun ingurgite avec enthousiasme le contenu de diverses petites assiettes. Nos voisins nous glissent parfois deux trois mots en arabe et en français. Une dame nous explique de quelle manière manger les petits poissons qu'on nous a servis. Un monsieur comment dire telle ou telle chose, etc. Nous ressortons ravis et rassasiés après avoir payé la note dérisoire au maître des lieux qui, aidé de deux autres personnes, fonctionne comme s'il était pourvu de plusieurs paires de bras.

Nous redescendons par notre nouvel itinéraire fétiche pour repasser par notre chambre avant de retrouver K..

Une demie heure plus tard, à peine engagés dans le "grande descente" nous apercevons K. qui nous fait signe. Il nous demande ce que nous avons vu jusqu'à présent de la médina, et nous invite à le suivre. Notre périple durera deux heures. K. nous fait passer par le pont des cordonniers, la célèbre place des dinandiers où nous les apercevons affairés, frappant d'un geste sûr et inlassable leurs métaux. Nous passons par les ruelles dédiées à la tannerie. Un peu plus loin, des marchands mettent au enchère leurs peaux de mouton. Un jeune gars propose à K. de nous emmener voir les teinturiers. Après nous avoir montrer le site avec ses énormes cuves dans lesquelles pataugent jambes et pieds nus les teinturiers, les pantalons remontés jusqu'en haut des cuisses, il nous fait passer par de petits escaliers, et nous mène en hauteur où nous bénéficions cette fois d'une vue imprenable sur le site. Nous pouvons apercevoir les différents secteurs de la teinturerie comme les cuves dédiées à la chaux, mais nous ne parvenons pas à voir les cuves dédiées aux crottes de pigeons. Quel dommage! Chaque cuve est dédiée à une teinture, laquelle est obtenue à partir d'un produit naturel, nous explique le garçon. I. amusée me montre, plus loin, un troupeau de parfaits touristes installés en terrasse armés d'appareils photos et occupés à mitrailler les cuves. Elle m'explique qu'on leur donne souvent un brin de menthe à renifler durant la visite afin que leur "délicat odorat" soit épargné et qu'ils ne soient pas incommodés par l'odeur de la teinturerie pourtant tout à fait supportable. Le monde entier n'est pas encore aseptisé, et la vie dans certaines contrées, au travers de ses différentes manifestations, se donne encore à percevoir sans filtre et désodorisant...

 

maroc,maghreb,vacances,voyage,voyages


K. donne un peu d'argent au jeune gars pour le remercier. Un peu plus loin, il achète un petit objet artisanal sur un stand et le confie à I. afin qu'à notre retour, elle l'offre de sa part à sa maman.

Nous verrons encore différentes choses : la succession infini de stands réservés aux babouches, aux tissus, aux sacoches, aux caftans, à la vaisselle en métal, etc. Des mètres et des mètres d'objets magnifiques et ouvragés.

Nous passerons aussi devant le mausolée d'un grand saint de l'islam vénéré en Afrique noire, dont ma mémoire n'a malheureusement pas retenu le nom, mais dont le sépulcre fait office de lieu de pèlerinage pour les musulmans de cette région du monde.

Un peu plus loin, au détour d'une rue, à travers une porte laissée ouverte nous apercevons l'intérieur d'une minuscule salle de classe où, très studieuses, de petites filles suivent leur leçon.

A deux pas de notre maison d'hôte, nous nous arrêtons à une épicerie et achetons un assortiment de pâtisseries que nous dégusterons accompagnées d'un thé à la menthe avec K. sur la terrasse. Pendant qu'I. prépare le thé en bas, j'en profite pour faire visiter les lieux à K. Nous nous installons et la discussion s'engage sur l'histoire de l'Islam, ses différents courants, le Coran, la prière. Je questionne K. sur sa conception de la religion, sa manière de pratiquer, sa sensibilité sur la question.

Après cette pause bien agréable en sa compagnie, nous repartons en voiture, et il nous dépose sur ce qu'il appelle les "Champs Élysée" de Fès, car les dimensions de l'endroit, nous explique-t-il, sont directement inspirées de celles de la grande avenue parisienne.

Après avoir mille fois remercié K. pour la balade et pour sa gentillesse, nous redescendons tous deux la grande avenue. Je prends un certain nombre de photos car le lieu me semble vivant et agréable. Une légère brise rend aussi l'atmosphère très plaisante.

Un plus loin, des calèches stationnent le long du trottoir. Elles ressemblent à de grandes cages blanches pour oiseaux. Un cheval réfractaire rechigne à exécuter les ordres de son maître et se couche sur le flan ; deux aides prêtent main forte à ce dernier et tentent de redresser le cheval. Après cinq bonnes minutes, ils parviennent à venir à bout de l'animal, et son maître excédé finit par lui flageller l'arrière train de deux ou trois coups de trique.

Nous nous posons sur un banc avant de repartir à la recherche d'une épicerie afin d'y acheter de quoi manger pour le soir. Une fois, nos achats effectués - petits pains ronds, fromage à tartiner, jus d'orange, yaourt à boire, gâteaux - la fatigue nous tombe dessus et nous nous posons à la terrasse d'un café. I. est visiblement la seule femme installée à cette endroit. Tout autour, des hommes de différents âges et de différents milieux. Mais des hommes ; uniquement des hommes. Pendant que nous sirotons un café au lait - à savoir un expresso noyé dans du lait entier, ce qui donne au résultat quelque chose d'à la fois corsé et onctueux - boisson que j'apprécie particulièrement là-bas, des vendeurs à la sauvette défilent les uns après les autres, et arpentent la terrasse proposant aux consommateurs des cigarettes, des objets artisanaux, des lunettes de soleil, etc. Un cireur de chaussure passe aussi de temps à autre. De la débrouille pour survivre.

Nous partons en quête d'un taxi, mais sur la grande avenue, à cette heure, les taxis se font de toute évidence désirer. Autour de nous quelques groupes de deux trois personnes scrutent aussi le flot d'automobiles en quête d'un petit véhicule rouge aux banquettes libres. Nous finissons par en trouver un déjà pourvu d'un passager installé à l'avant qui se dirige dans la bonne direction. A l'intérieur du taxi, la discussion semble très animée entre le chauffeur et son premier passager. Derrière leur discussion, on peut entendre l'autoradio déverser le flot de paroles passionnées d'un commentateur de rencontres sportives. Quelle que soit la langue employée, on reconnaît immédiatement le débit et l'intonation si particulière et si caractéristique de ce type d'émission. Sans nul doute, il s'agit d'un match de foot. Le chauffeur et son passager discutent-ils de cela ou de politique? Seul un de ces deux sujets peut engendrer ce type d'échanges entre deux inconnus.

Nous rentrons à la maison d'hôte. Après avoir pris des nouvelles de notre fille par téléphone auprès de ses grands-parents et que j'ai fait un tour sur la terrasse, nous nous installons sur des poufs et prenons notre repas servi sur la petite table basse. I. me prête ensuite son portable afin que je consulte mes mails. C. m'a laissé un message et me demande de le rappeler rapidement. Il est de passage au Maroc depuis un mois. Ce grand distrait a bien sûr oublié de m'indiquer le numéro de téléphone auquel je dois le rappeler.

Je m'installe enfin sur le lit afin d'y reporter le détail de nos activités de la journée.

 

20:22 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, maghreb, vacances, voyage, voyages

04/07/2012

Maroc 2 mars Fès - (4ème journée)

Après une nuit médiocre, je me réveille déprimé. J'ai entendu I. se lever et se rendre sur la terrasse au dessus de notre chambre. Je finis par aller la rejoindre et m'installer devant la table basse où l'on a servi un copieux et délicieux petit déjeuner. Nous échangeons nos impressions, et au cours de notre discussion nous décidons, malgré ce mauvais départ, de persévérer et de rester à Fez. J'essaie quant à moi de changer d'état d'esprit et de me défaire de mes impressions de la veille. Nous allons nous préparer et le manque d'intimité qu'offrent les toilettes de notre chambre - avec leurs simples portes saloon pour marquer la séparation d'avec le reste - nous donne l'occasion de plaisanter et de disserter sur les quelques avantages de ne plus être un "couple débutant". Nous décidons ensuite du programme de la journée.
Aujourd'hui, nous sommes vendredi et tout est fermé dans la médina. Nous pensons faire un tour à Raba dans les jours qui viennent car, d'après I., il s'agit d'une ville agréable en bord de mer, ce qui nous permettrait de respirer un peu en dehors de Fès, et surtout de la médina . Nous reste à savoir si la possibilité nous sera donner de partir de la chambre d'hôte deux jours avant la date prévue.
A peine sorti dans la médina mes bonnes dispositions du matin s'envolent : nous sommes harcelés tous les deux mètres, des jeunes semblent se payer notre tête et affichent pour certains une attitude que nous jugeons hostile. Une fois parvenus en dehors de la médina, nous nous promettons de ne pas rester une nuit de plus.
Dans la ville nouvelle, nous nous détendons peu à peu. Nous marquons une pause à la terrasse d'un petit café et songeons à un endroit où déjeuner. I. pense à quelques adresses qu'elle fréquentait. Nous mangeons vite fait dans l'une d'elle : un petit snack pour locaux proposant un petit menu copieux et pas cher.
Nous rejoignons ensuite les anciens collègues d'I.. Attendons en particulier K. qu'I. n'a pas eu l'occasion de voir la veille et qui a été mis au courant de notre passage. I. profite de notre passage dans les bureaux pour envoyer un mail à la propriétaire de notre chambre d'hôte afin de trouver un arrangement en vue de notre départ anticipé.
K. a écourté ses rendez-vous pour nous retrouver et nous le voyons arrivé plus tôt que prévu. Il nous invite à prendre un café pas loin et discute avec nous un bon moment. Il finit par nous proposer de jouer les guides demain dans la médina afin de nous la faire découvrir d'une autre façon, mais nous nous trouvons alors dans une telle disposition d'esprit que nous hésitons à accepter son offre sympathique ; nous ne pensons plus qu'à nous en aller. Nous finissons malgré tout par accepter, et nous donnons rendez-vous tous les trois dans les hauteurs à 19h pour boire un verre au rez de chaussée d'un hôtel, un peu chic, dont la terrasse offre une vue superbe sur toute la médina.
Il est 17h et nous le quittons et partons à pied tranquillement en direction de l'hôtel. Comme nous voulons profiter un peu de la vue tous les deux avant que K. n'arrive, nous prenons un taxi. Celui-ci ne met pas le compteur et nous annonce à l'arrivée un tarif plus élevé que la normale. Nous négocions un peu mais l'échange reste sympathique. "c'est pas cher! A Paris vous payez combien pour un taxi?". Nous ne pouvons évidemment pas grand chose à répondre à pareil argument.
En haut, nous contemplons la vue. Le jour décline peu à peu. Autour de nous un certain nombre de personnes profite du panorama ; plutôt des jeunes. Ambiance calme propice à la rêverie et aux méditations. Tristesse d'I. qui cherche à comprendre ce qui nous arrive : pourquoi elle ne parvient pas à retrouver ce qu'elle aimait ici et à le partager avec moi. Qu'est-ce qui bloque? Pourquoi ça ne prend pas? Au fil de notre discussion, les choses s'apaisent et les noeuds se dénouent. Nous partons un peu plus loin visiter les ruines et prenons quelques photos.

maroc,voyage,fès,maghreb


K. nous attend dans le hall de l'hôtel. Il est déjà arrivé et a profité de son avance pour se détendre. On nous installe en terrasse avec vue plongeante sur la médina. La soirée passe de manière très détendue et agréable. Nos échanges passent par les sujets les plus divers : nos vies respectives ; la politique ; la vie au Maroc ; la famille ; le couple ; les enfants. Il nous fait part aussi de ses difficultés en tant qu'enseignant et de ses espoirs.
Nous nous quittons à 20h30 aux portes de la médina en nous donnant rdv à 15h le lendemain près de notre maison d'hôte. Nous projetons de nous rendre ce soir au premier restaurant conseillé par A.
En descendant, sur le chemin, un jeune gars à casquette nous alpague pour nous proposer de nous accompagner précisément jusqu'au restaurant vers lequel nous nous dirigeons. Il nous tient compagnie jusqu'à la porte. Nous empruntons les longs et étroits escaliers d'un restaurant d'aspect assez typique qui nous mènent jusqu'à une petite salle très joliment décorée et pleine de petits coussins. Nous nous y retrouvons seuls : l'heure est visiblement tardive pour dîner et nous ne sommes de toute évidence pas encore adaptés au rythme de vie de l'endroit. Un jeune homme habillé en tenue traditionnelle - très discret, courtois et sympathique, aux yeux très clairs, et dont les traits renvoient plus aux visages de l'est qu'à ceux des marocains malgré toute leur diversité - nous sert un délicieux tajine couscous.
Après avoir pris le thé et réglé la note, nous retrouvons dehors le jeune qui nous a visiblement attendu, et qui nous escorte de nouveau bien que nous lui signifiions que nous n'avons pas besoin de lui pour rentrer.
Arrivé à destination, il nous demande immanquablement quelque chose, et après moult discussions je finis par lui donner un billet en lui rappelant que nous ne lui avions rien demandé. Il nous remercie et nous souhaite "Bienvenue au Maroc!". Près de notre porte, deux petits gars d'une vingtaine d'années installés sur des chaises en plastique semblent dans un état second ; ils nous sourient et nous souhaitent gentiment la bienvenue et une bonne nuit. Nous remontons, et je suis un peu remué intérieurement : l'impression de percevoir déjà les choses différemment, sous un autre angle. Nous passons par le point internet et I. informe par mail notre propriétaire qu'au final nous resterons à Fès le temps initialement prévu. "Etrangement" nous éprouvons une légère appréhension à l'idée de ne pouvoir rester et que notre chambre aie été cédée pour le lendemain à quelqu'un d'autre.

12:10 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, voyage, fès, maghreb

11/03/2012

Maroc 28 février. Tanger.

Décollage à 8h30. Nous traversons un plafond de nuages. Impression de tout laisser derrière moi. Puis à l'horizontale, enfin. Belle lumière rose. Nous planons au dessus d'un tapis de nuages  granuleux extrêmement compact. Après avoir pris le petit déjeuner servi par la compagnie et potassé la brochure laissée à notre disposition, je constate que nous survolons déjà l'Espagne. Files d'éoliennes le long des crêtes des massifs espagnoles. L'altitude est maintenant supérieure à 10 000 km et la température de -74° à l'extérieur. Traversée du Détroit de Gibraltar très rapide. Nous sommes presque arrivés. Nous survolons la côte à si basse altitude que j'ai l'impression que nous allons atterrir sur la plage.


A l'aéroport de Tanger. Change. A la sortie, F. nous attend. C'est un jeune marocain très sympathique d'une trentaine d'années environ à la voix rauque de grand fumeur, habillé en jeans et blouson de cuir avec sur la tête une casquette à l'ancienne qu'il porte la visière au raz des yeux ce qui lui donne un peu des airs de macho italien ou espagnol. Il nous invite à monter à l'arrière de sa minuscule fourgonnette rouge. L'intérieur vaut le détour : nous sommes assis sur une banquette à ressort avec un tapis marocain à nos pieds. A l'avant, le tableau de bord est recouvert d'une sorte de fourrure ; aux poignées entourées de bandanas rouges de chaque côté du pare-brise sont attachés des schtrompfs en pluche. J'observe la vie tout autour. Impression de liberté dans les attitudes et de vitalité. Les gens traversent les rues à l'arrache, les banquettes arrières des taxis couleur sable supportent quatre personnes, de jeunes gars sans casques slaloment en mobylettes entre les voitures et les gens.
Durant le trajet, F. hèle plusieurs personnes à travers la portière ; il s'arrête parfois cinq secondes pour leur parler. La taille de son véhicule lui permet de circuler dans les artères de la médina et nous arrivons très rapidement chez nos hôtes.

A. et J., couple d'américains d'une cinquantaine d'années installés à Tanger sont très décontractés et sympathiques, un peu baba mais en plus chic et sobre. Ils nous font visiter une petite chambre au rez de chaussée dans les tons vert émeraude très haute de plafond et recouverte par endroits de mosaïque. Une fenêtre avec vitraux de couleur protégée par un grillage ouvragé donne sur la rue et sur une fontaine. L'ensemble est à la fois très joli, typique et intime. Nous visitons ensuite le reste de la maison toute en hauteur. Les escaliers recouverts de mosaïque sur très étroits et très raides. A un étage, un coin cuisine ; à un autre, un coin salon, etc. Nous finissons par arriver sur une petit terrasse pourvue d'un coin véranda qui offre une vision panoramique de toute la médina. On nous y installe pour prendre le thé tranquillement. Nous y restons une petit heure à jouir de la perspective offerte par l'endroit. Pas très loin, la mer. Tout autour de nous, une juxtaposition de petites maisons blanches avec terrasses et fouillis de paraboles et d'antennes télé. J. remonte nous voir et nous propose de faire le tour du quartier pour nos donner quelques points de repères dans ce labyrinthe et quelques bonnes adresses. Durant une demie heure,    A. nous explique un certain nombre de choses et nous donne des repères visuels ; son attitude et celle de J. et les relations très amicales qu'ils semblent entretenir tous deux avec les gens du quartier témoignent de leur intégration dans la vie de la médina. Arrivés à la grande place, après nous avoir demandé si nous nous sentions capables de retrouver notre chemin, ils nous laissent profiter de la ville.

Parmi les adresses qu'ils nous ont indiquées, nous nous rabattons sur une toute petite gargote sans enseigne. Une femme aux yeux clairs assez jeune et très gironde nous montre, exposés sur le comptoir derrière lequel elle se tient, les différents tajines du jour. Nous nous installons sur l'unique table placée au milieu de la petite salle et recouverte d'une toile cirée. Le long des murs autour des supports permettent aussi à quelques personnes de se poser pour prendre leur repas. Je contemple un court instant le gros frigidaire sixties vert et un peu délabré placé à côté de l'entrée. Deux ou trois matous rentrent et sortent régulièrement, inspectant les lieux à chaque passage dans l'espoir de glaner quelques bricoles. Comme nos voisins de table, nous savourons notre tajine tout en jetant régulièrement un œil sur la petite télévision placée tout en hauteur qui diffuse les informations du jour. Les sujets internationaux abordés de même que la manière de les présenter donnent quelque chose de visiblement similaire à ce que nous connaissons ; sans connaître la langue nous comprenons en substance ce qui se dit dans la lucarne.

Une fois sortis, nous décidons d'aller sur la petite place plus bas prendre le thé à l'adresse conseillée par J. même si l'endroit n'a à première vue  rien de bien réjouissant comme elle nous en a avertis. Une minuscule salle donne directement sur la rue et en terrasse, assis dans deux chaises en plastique en triste état, deux vieux marocains en tenues traditionnelles et à l'air rugueux fument le kif au moyen de longues pipes sculptées. A l'intérieur quelques tables le long d'un mur, au fond on discute et on fume visiblement la même chose qu'en terrasse. Sur le côté, un homme d'une quarantaine d'années affairé derrière de petits réchauds à gaz rudimentaires nous souhaite la bienvenue. Il se rappelle de nous, il nous a vu passer tout à l'heure avec A. et J. qui l'ont salué de loin. I. prend un grand café au lait et moi un thé à la menthe. Un vieux monsieur en djellaba se tient assis à la table juste devant nous. Le patron du café change de chaîne sur la petite télé placée en hauteur à l'entrée ; il met une chaîne européenne. C'est une marque d'attention à notre endroit. I. me fait remarquer à juste titre qu'on imagine assez mal la chose transposée chez nous : imaginez un marocain en djellaba ne parlant presque pas français qui se pointerait dans le micro troquet d'une petite ville  française, et à qui on mettrait Al Jazira par courtoisie. Surréaliste. Sur l'écran des mannequins aux tenues on ne peut plus minimalistes se déhanchent de manière très marquée en parcourant un long podium. Le vieux homme devant nous trouve le spectacle visiblement plaisant et très amusant. Il nous prend à témoin de ce qu'il voit avec force gestes, se cache les yeux, puis fait mine de repousser des deux mains les images en riant et en détournant la tête. S'en est trop pour lui, il n'a plus l'âge. Nous rions avec lui de la situation. De temps à autre, en arrière fond, un chant de coq sort de nulle part. Puis le vieux homme finit par se lever une fois bu son thé et nous salue d' un « aureuvoir » en nous souriant.

Une fois sortis, nous déambulons au hasard des ruelles. Nous finissons par atterrir dans un marché proposant viande et poissons. Ici, moi qui aimerais être végétarien si je n'aimais pas tant la viande, je suis mis à rude épreuve. Tout autour de moi des chapelets de viscères qui pendouillent, des pieds de moutons fraîchement découpés entreposés par terre ; ici et là des flaques de sang séché, des poulets démembrés accrochés un peu partout ; un peu plus loin, un type qui grattent un patte de mouton, et puis l'odeur, et cette énorme tête de bœuf renversée sur un comptoir et partiellement dépiautée et puis ces quelques mouches qui voltent autour de tout ça. Est-ce dû à la traversée de cette partie ? mais la salle dédiée à la poissonnerie, avec ses énormes tas de poissons jetés les uns sur les autres sans glace pour les conserver, ne m'inspire guère plus. L'exotisme peut résider aussi dans ce genre de choses.
Repartons, espérant grâce aux conseils avisés de A. retrouver rapidement notre logement. Après quelques allers et venues et bien des hésitations, nous parvenons enfin à bon port.

Sieste. Au dehors la rue comme si nous y étions. Mais je suis si fatigué qu'une fois endormi le muezzin ne parvient même pas à me réveiller. Trois quarts d'heure plus tard, j'ouvre les yeux. Au dehors des petits sont en train de jouer à proximité de la fontaine. Beaucoup de rires. Des bruits d'eau. Un chat qui s'est réfugié sur l'appui de notre fenêtre se fait asperger d'eau ; les gouttes viennent s'écraser sur les vitraux et je vois la silhouette du chat qui se recroqueville.

maroc,vacances,voyage,carnet,maghreb


Sortons nous promener le long des remparts donnant sur la mer. Le temps est très agréable. Autour de nous beaucoup d'enfants et de vie. Puis un homme en djellaba qui sort de chez lui nous salue et nous indique que nous sommes dans un quartier musulman et ancien. « Rien de moderne par ici. Quartier musulman. Les Falaises... ».
Nous finissons par atterrir sur une petite place pourvue de quelques bancs en bois un peu déglingués. Autour de nous, des mères avec les enfants et des jeunes qui discutent. Puis repartons et nous retrouvons sur la place du Grand Socco où A. et J. nous avaient laissés en fin de matinée. Plus haut, la partie moderne de la ville. Beaucoup d'animation en ce début de soirée.


Très fatigués par notre longue marche et par le voyage, nous décidons de retourner nous reposer à la maison d'hôte. Il nous faut retrouver notre chemin dans le méandre des ruelles. Un vieux homme nous entreprend et veux nous montrer une boutique « pour le plaisir des yeux seulement. Pas pour acheter. ». Pensant qu'il s'agit de sa boutique, nous nous montrons courtois et acceptons de le suivre. Il nous mène jusqu'à une boutique d'herboriste et nous présente avant de s'éclipser à un homme d'une trentaine d'années qui se lance dans un exposé de son activité. L'homme nous fait sentir différents produits et nous en explique les vertus. J'écoute distraitement et mes yeux parcourent les longues rangées de gros bocaux exposés sur les étagères. Il finit par nous laisser « regarder » pour accueillir deux autres personnes (des locaux cette fois). Nous restons le temps minimum par politesse, puis ressortons en le saluant. « A bientôt. N'hésitez pas à repasser ». Une fois dans la rue, le vieux homme en djellaba nous attend et après quelques pas nous demande quelques dirhams. Nous refusons poliment. Après avoir fait un crochet par un petite épicerie, nous rentrons et passons une partie de la soirée sur la terrasse à profiter de la vue tout en mangeant de la vache-qui-rit sur du pain et en buvant un soda à la pomme très sucré.

15:26 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, vacances, voyage, carnet, maghreb