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27/07/2012

Blast : la horde - le chaos - la paix

Début des hostilités. Enorme derrière un léger brouillard l’engin de guerre. Martèlement frénétique, martèlement hystérique. Ininterrompu. Comme cherchant à suivre un métronome devenu fou, un fracas de métal et de peaux malmenées. Tout ploie, tout cède sur son passage. L’autre machine tronçonne, froide et dentelée. Et cette autre serpentant, vrombissant, énorme, qui cèle l’ensemble. A la tête de la horde, le hurlant, le damné, tout de rage et de haine. Il maudit, et maudit encore. Promet le pire. Pas d’ouverture, ni de place pour une quelconque lumière.

Après cela, serais- je contaminé ? Vais-je m’adonner à la haine féroce ? Juger, maudire ? Mes muscles vont-ils se tendre, ma mâchoire se serrer ? Mon corps chercher le choc et heurter à plaisir ?

C’est une paix totale qui s’instaure. Un massacre ? Oui. Celui de mes tensions et de mon ressentiment. Les barbares se sont saisis des barbares, et de tout cela il ne reste plus rien qu’une plaine baignant dans une clarté qu’on jurerait sans fin.

 

 

 

11:45 Écrit par Neothene dans Méditations, Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : metal, musique, blast

23/07/2012

Cage

Pour s’évader de la cage, il est devenu philosophe. Il vous convie maintenant avec force persuasion, emphase et virtuosité à entrer dans celle qu’il s’est bricolé sur mesure.

 

11:39 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : philosophie, liberté, pensée

15/07/2012

Maroc 3 mars - Fès (5ème journée)

Aujourd'hui quand nous nous levons à 8H30, nous sommes déjà réveillés depuis un moment. Comme la veille, nous prenons tranquillement le petit déjeuner sur la terrasse. Nous nous sentons néanmoins beaucoup plus détendus que la veille. Nous avons décidé de nous rendre dans le quartier juif. A 11h, nous empruntons donc la talas seghara jusqu'à la Porte Bleue. Ce trajet ne fait que confirmer l'impression que nous avions déjà éprouvée la veille : cet itinéraire est nettement plus calme que le premier que nous avions choisi, et ici presque personne ne nous alpague. Nous pouvons ainsi flâner tranquillement et observer ce qui nous entoure. Arrivés en haut, nous prenons la direction qui nous paraît la plus à même de nous mener au quartier juif. Mais nous constatons bien vite que la périphérie immédiate de la médina ne s'apprivoise pas plus facilement que l'intérieur de la médina elle-même. Nous errons. Jaran Sbin, le grand jardin avec ses grands palmiers, ses bancs discrets pour amoureux, ses grappes de gars désœuvrés, et ses familles, constitue pour nous une pause agréable. Nous continuons ensuite un peu au hasard, empruntant toutes sortes de ruelles improbables et cradingues. Un gars fait des tours avec une vieille mobylette ; un autre expose à même le sol des bouts de ferraille et des pièces de vieilles machines ; des gosses tapent dans un ballon au milieu d’éboulis et de tas de détritus. Nous apercevons des arrêts de bus. I. pense que nous ne sommes pas très loin du quartier juif. Nous attrapons un taxi qui nous y mène très rapidement. Sur place, de minuscules bars avec leurs chaises en plastique ; de petits étalages de fruits , des boutiques de bijoux artisanaux et de bijoux en or, ou pendent de grandes chaînes du même métal ; des stands pourvus d'une quinzaine de têtes toutes semblables chacune coiffée d'un hijab différent.

Une fois notre tour terminé, nous retournons à la Porte Bleue en taxi et nous mettons en quête d'un endroit où déjeuner rapidement avant que n'arrive le moment de rejoindre K.. Pas loin de l'entrée de la médina, nous tentons de trouver une des adresses conseillées par A., mais nous repérons un petit boui-boui marocain qui propose du poisson frit, des haricots, des frites et des salades. Dans une minuscule salle blanche très haute de plafond et bondée, nous nous installons à une des trois grandes tablées. Assis sur de grands bancs, chacun ingurgite avec enthousiasme le contenu de diverses petites assiettes. Nos voisins nous glissent parfois deux trois mots en arabe et en français. Une dame nous explique de quelle manière manger les petits poissons qu'on nous a servis. Un monsieur comment dire telle ou telle chose, etc. Nous ressortons ravis et rassasiés après avoir payé la note dérisoire au maître des lieux qui, aidé de deux autres personnes, fonctionne comme s'il était pourvu de plusieurs paires de bras.

Nous redescendons par notre nouvel itinéraire fétiche pour repasser par notre chambre avant de retrouver K..

Une demie heure plus tard, à peine engagés dans le "grande descente" nous apercevons K. qui nous fait signe. Il nous demande ce que nous avons vu jusqu'à présent de la médina, et nous invite à le suivre. Notre périple durera deux heures. K. nous fait passer par le pont des cordonniers, la célèbre place des dinandiers où nous les apercevons affairés, frappant d'un geste sûr et inlassable leurs métaux. Nous passons par les ruelles dédiées à la tannerie. Un peu plus loin, des marchands mettent au enchère leurs peaux de mouton. Un jeune gars propose à K. de nous emmener voir les teinturiers. Après nous avoir montrer le site avec ses énormes cuves dans lesquelles pataugent jambes et pieds nus les teinturiers, les pantalons remontés jusqu'en haut des cuisses, il nous fait passer par de petits escaliers, et nous mène en hauteur où nous bénéficions cette fois d'une vue imprenable sur le site. Nous pouvons apercevoir les différents secteurs de la teinturerie comme les cuves dédiées à la chaux, mais nous ne parvenons pas à voir les cuves dédiées aux crottes de pigeons. Quel dommage! Chaque cuve est dédiée à une teinture, laquelle est obtenue à partir d'un produit naturel, nous explique le garçon. I. amusée me montre, plus loin, un troupeau de parfaits touristes installés en terrasse armés d'appareils photos et occupés à mitrailler les cuves. Elle m'explique qu'on leur donne souvent un brin de menthe à renifler durant la visite afin que leur "délicat odorat" soit épargné et qu'ils ne soient pas incommodés par l'odeur de la teinturerie pourtant tout à fait supportable. Le monde entier n'est pas encore aseptisé, et la vie dans certaines contrées, au travers de ses différentes manifestations, se donne encore à percevoir sans filtre et désodorisant...

 

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K. donne un peu d'argent au jeune gars pour le remercier. Un peu plus loin, il achète un petit objet artisanal sur un stand et le confie à I. afin qu'à notre retour, elle l'offre de sa part à sa maman.

Nous verrons encore différentes choses : la succession infini de stands réservés aux babouches, aux tissus, aux sacoches, aux caftans, à la vaisselle en métal, etc. Des mètres et des mètres d'objets magnifiques et ouvragés.

Nous passerons aussi devant le mausolée d'un grand saint de l'islam vénéré en Afrique noire, dont ma mémoire n'a malheureusement pas retenu le nom, mais dont le sépulcre fait office de lieu de pèlerinage pour les musulmans de cette région du monde.

Un peu plus loin, au détour d'une rue, à travers une porte laissée ouverte nous apercevons l'intérieur d'une minuscule salle de classe où, très studieuses, de petites filles suivent leur leçon.

A deux pas de notre maison d'hôte, nous nous arrêtons à une épicerie et achetons un assortiment de pâtisseries que nous dégusterons accompagnées d'un thé à la menthe avec K. sur la terrasse. Pendant qu'I. prépare le thé en bas, j'en profite pour faire visiter les lieux à K. Nous nous installons et la discussion s'engage sur l'histoire de l'Islam, ses différents courants, le Coran, la prière. Je questionne K. sur sa conception de la religion, sa manière de pratiquer, sa sensibilité sur la question.

Après cette pause bien agréable en sa compagnie, nous repartons en voiture, et il nous dépose sur ce qu'il appelle les "Champs Élysée" de Fès, car les dimensions de l'endroit, nous explique-t-il, sont directement inspirées de celles de la grande avenue parisienne.

Après avoir mille fois remercié K. pour la balade et pour sa gentillesse, nous redescendons tous deux la grande avenue. Je prends un certain nombre de photos car le lieu me semble vivant et agréable. Une légère brise rend aussi l'atmosphère très plaisante.

Un plus loin, des calèches stationnent le long du trottoir. Elles ressemblent à de grandes cages blanches pour oiseaux. Un cheval réfractaire rechigne à exécuter les ordres de son maître et se couche sur le flan ; deux aides prêtent main forte à ce dernier et tentent de redresser le cheval. Après cinq bonnes minutes, ils parviennent à venir à bout de l'animal, et son maître excédé finit par lui flageller l'arrière train de deux ou trois coups de trique.

Nous nous posons sur un banc avant de repartir à la recherche d'une épicerie afin d'y acheter de quoi manger pour le soir. Une fois, nos achats effectués - petits pains ronds, fromage à tartiner, jus d'orange, yaourt à boire, gâteaux - la fatigue nous tombe dessus et nous nous posons à la terrasse d'un café. I. est visiblement la seule femme installée à cette endroit. Tout autour, des hommes de différents âges et de différents milieux. Mais des hommes ; uniquement des hommes. Pendant que nous sirotons un café au lait - à savoir un expresso noyé dans du lait entier, ce qui donne au résultat quelque chose d'à la fois corsé et onctueux - boisson que j'apprécie particulièrement là-bas, des vendeurs à la sauvette défilent les uns après les autres, et arpentent la terrasse proposant aux consommateurs des cigarettes, des objets artisanaux, des lunettes de soleil, etc. Un cireur de chaussure passe aussi de temps à autre. De la débrouille pour survivre.

Nous partons en quête d'un taxi, mais sur la grande avenue, à cette heure, les taxis se font de toute évidence désirer. Autour de nous quelques groupes de deux trois personnes scrutent aussi le flot d'automobiles en quête d'un petit véhicule rouge aux banquettes libres. Nous finissons par en trouver un déjà pourvu d'un passager installé à l'avant qui se dirige dans la bonne direction. A l'intérieur du taxi, la discussion semble très animée entre le chauffeur et son premier passager. Derrière leur discussion, on peut entendre l'autoradio déverser le flot de paroles passionnées d'un commentateur de rencontres sportives. Quelle que soit la langue employée, on reconnaît immédiatement le débit et l'intonation si particulière et si caractéristique de ce type d'émission. Sans nul doute, il s'agit d'un match de foot. Le chauffeur et son passager discutent-ils de cela ou de politique? Seul un de ces deux sujets peut engendrer ce type d'échanges entre deux inconnus.

Nous rentrons à la maison d'hôte. Après avoir pris des nouvelles de notre fille par téléphone auprès de ses grands-parents et que j'ai fait un tour sur la terrasse, nous nous installons sur des poufs et prenons notre repas servi sur la petite table basse. I. me prête ensuite son portable afin que je consulte mes mails. C. m'a laissé un message et me demande de le rappeler rapidement. Il est de passage au Maroc depuis un mois. Ce grand distrait a bien sûr oublié de m'indiquer le numéro de téléphone auquel je dois le rappeler.

Je m'installe enfin sur le lit afin d'y reporter le détail de nos activités de la journée.

 

20:22 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, maghreb, vacances, voyage, voyages

04/07/2012

Maroc 2 mars Fès - (4ème journée)

Après une nuit médiocre, je me réveille déprimé. J'ai entendu I. se lever et se rendre sur la terrasse au dessus de notre chambre. Je finis par aller la rejoindre et m'installer devant la table basse où l'on a servi un copieux et délicieux petit déjeuner. Nous échangeons nos impressions, et au cours de notre discussion nous décidons, malgré ce mauvais départ, de persévérer et de rester à Fez. J'essaie quant à moi de changer d'état d'esprit et de me défaire de mes impressions de la veille. Nous allons nous préparer et le manque d'intimité qu'offrent les toilettes de notre chambre - avec leurs simples portes saloon pour marquer la séparation d'avec le reste - nous donne l'occasion de plaisanter et de disserter sur les quelques avantages de ne plus être un "couple débutant". Nous décidons ensuite du programme de la journée.
Aujourd'hui, nous sommes vendredi et tout est fermé dans la médina. Nous pensons faire un tour à Raba dans les jours qui viennent car, d'après I., il s'agit d'une ville agréable en bord de mer, ce qui nous permettrait de respirer un peu en dehors de Fès, et surtout de la médina . Nous reste à savoir si la possibilité nous sera donner de partir de la chambre d'hôte deux jours avant la date prévue.
A peine sorti dans la médina mes bonnes dispositions du matin s'envolent : nous sommes harcelés tous les deux mètres, des jeunes semblent se payer notre tête et affichent pour certains une attitude que nous jugeons hostile. Une fois parvenus en dehors de la médina, nous nous promettons de ne pas rester une nuit de plus.
Dans la ville nouvelle, nous nous détendons peu à peu. Nous marquons une pause à la terrasse d'un petit café et songeons à un endroit où déjeuner. I. pense à quelques adresses qu'elle fréquentait. Nous mangeons vite fait dans l'une d'elle : un petit snack pour locaux proposant un petit menu copieux et pas cher.
Nous rejoignons ensuite les anciens collègues d'I.. Attendons en particulier K. qu'I. n'a pas eu l'occasion de voir la veille et qui a été mis au courant de notre passage. I. profite de notre passage dans les bureaux pour envoyer un mail à la propriétaire de notre chambre d'hôte afin de trouver un arrangement en vue de notre départ anticipé.
K. a écourté ses rendez-vous pour nous retrouver et nous le voyons arrivé plus tôt que prévu. Il nous invite à prendre un café pas loin et discute avec nous un bon moment. Il finit par nous proposer de jouer les guides demain dans la médina afin de nous la faire découvrir d'une autre façon, mais nous nous trouvons alors dans une telle disposition d'esprit que nous hésitons à accepter son offre sympathique ; nous ne pensons plus qu'à nous en aller. Nous finissons malgré tout par accepter, et nous donnons rendez-vous tous les trois dans les hauteurs à 19h pour boire un verre au rez de chaussée d'un hôtel, un peu chic, dont la terrasse offre une vue superbe sur toute la médina.
Il est 17h et nous le quittons et partons à pied tranquillement en direction de l'hôtel. Comme nous voulons profiter un peu de la vue tous les deux avant que K. n'arrive, nous prenons un taxi. Celui-ci ne met pas le compteur et nous annonce à l'arrivée un tarif plus élevé que la normale. Nous négocions un peu mais l'échange reste sympathique. "c'est pas cher! A Paris vous payez combien pour un taxi?". Nous ne pouvons évidemment pas grand chose à répondre à pareil argument.
En haut, nous contemplons la vue. Le jour décline peu à peu. Autour de nous un certain nombre de personnes profite du panorama ; plutôt des jeunes. Ambiance calme propice à la rêverie et aux méditations. Tristesse d'I. qui cherche à comprendre ce qui nous arrive : pourquoi elle ne parvient pas à retrouver ce qu'elle aimait ici et à le partager avec moi. Qu'est-ce qui bloque? Pourquoi ça ne prend pas? Au fil de notre discussion, les choses s'apaisent et les noeuds se dénouent. Nous partons un peu plus loin visiter les ruines et prenons quelques photos.

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K. nous attend dans le hall de l'hôtel. Il est déjà arrivé et a profité de son avance pour se détendre. On nous installe en terrasse avec vue plongeante sur la médina. La soirée passe de manière très détendue et agréable. Nos échanges passent par les sujets les plus divers : nos vies respectives ; la politique ; la vie au Maroc ; la famille ; le couple ; les enfants. Il nous fait part aussi de ses difficultés en tant qu'enseignant et de ses espoirs.
Nous nous quittons à 20h30 aux portes de la médina en nous donnant rdv à 15h le lendemain près de notre maison d'hôte. Nous projetons de nous rendre ce soir au premier restaurant conseillé par A.
En descendant, sur le chemin, un jeune gars à casquette nous alpague pour nous proposer de nous accompagner précisément jusqu'au restaurant vers lequel nous nous dirigeons. Il nous tient compagnie jusqu'à la porte. Nous empruntons les longs et étroits escaliers d'un restaurant d'aspect assez typique qui nous mènent jusqu'à une petite salle très joliment décorée et pleine de petits coussins. Nous nous y retrouvons seuls : l'heure est visiblement tardive pour dîner et nous ne sommes de toute évidence pas encore adaptés au rythme de vie de l'endroit. Un jeune homme habillé en tenue traditionnelle - très discret, courtois et sympathique, aux yeux très clairs, et dont les traits renvoient plus aux visages de l'est qu'à ceux des marocains malgré toute leur diversité - nous sert un délicieux tajine couscous.
Après avoir pris le thé et réglé la note, nous retrouvons dehors le jeune qui nous a visiblement attendu, et qui nous escorte de nouveau bien que nous lui signifiions que nous n'avons pas besoin de lui pour rentrer.
Arrivé à destination, il nous demande immanquablement quelque chose, et après moult discussions je finis par lui donner un billet en lui rappelant que nous ne lui avions rien demandé. Il nous remercie et nous souhaite "Bienvenue au Maroc!". Près de notre porte, deux petits gars d'une vingtaine d'années installés sur des chaises en plastique semblent dans un état second ; ils nous sourient et nous souhaitent gentiment la bienvenue et une bonne nuit. Nous remontons, et je suis un peu remué intérieurement : l'impression de percevoir déjà les choses différemment, sous un autre angle. Nous passons par le point internet et I. informe par mail notre propriétaire qu'au final nous resterons à Fès le temps initialement prévu. "Etrangement" nous éprouvons une légère appréhension à l'idée de ne pouvoir rester et que notre chambre aie été cédée pour le lendemain à quelqu'un d'autre.

12:10 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, voyage, fès, maghreb