Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/07/2012

Cage

Pour s’évader de la cage, il est devenu philosophe. Il vous convie maintenant avec force persuasion, emphase et virtuosité à entrer dans celle qu’il s’est bricolé sur mesure.

 

11:39 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : philosophie, liberté, pensée

11/10/2009

"Idéologophobie"

"phobie", c'est le suffixe qu'affectionnent de nos jours les idéologues de toute obédience. Par ce procédé magique, ils discrèditent instantanément les travaux des rares intellectuels qui se risquent encore à la nuance et à un semblant d'objectivité, et réécrivent tranquillement l'histoire de la pensée et l'histoire tout court.

13:13 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, livres, société, pensée, histoire

27/09/2009

Ici et maintenant...

"Je pense que la raison est la condition sine qua non pour que le discours sur Dieu puisse aujourd'hui subsister légitimement comme discours sur la vérité. Telle est, en effet, la réalité ultime qui est en jeu quand on parle de Dieu : la vérité. Les histoires lointaines dont la Bible nous parle, y compris celle de Jésus crucifié et  ressuscité, ne font sens que si elles conduisent l'âme à la vie ici et maintenant, à retrouver en elle la présence de Dieu ici et maintenant, dans cette "terrible boucherie" qu'est l 'histoire universelle. La conscience croyante devient libre et mature, et donc en mesure d'engendrer liberté et maturité à côté d'elle, quand elle dépasse ce que la théologie appelle traditionnellement fides quae creditur, autrement dit les contenus de la foi, et les lit comme de profonds enseignements sur la condition humaine qu'il faut actualiser et réinterprêter chaque jour, et non pas comme des comptes rendus historiques objectifs d'un lointain passé dont la destin inéluctable est de devenir toujours plus lointain et toujours plus passé.

[...] La vraie lumière, c'est la vérité, et si nous sommes ici, si le fait que nous soyons sur terre a un sens, c'est pour nous remettre à la vérité, pour la servir, l'accueillir en nous et lui permettre de purifier notre intériorité."

"Si la foi ne fait pas cela, si elle ne produit pas une sagesse pour l'âme en la libérant et en la comblant de joie, de vie heureuse, de regard serein sur elle-même et sur le monde, elle est vaine. Elle peut même être nocive. Mieux vaut un athée heureux et honnête qu'un croyant malheureux et malhonnête. L'objectif est la plénitude de l'humanité, dont la foi est seulement un instrument. Dieu, le principe de l'être, ne nous a pas créés pour que nous croyions, mais il nous a créés pour que nous soyons. Pour que nous soyons des hommes heureux et fiers de l'être, étant porteurs dans la monde de son énergie positive et ordonnée, pour engendrer à notre tour positivité et ordre sous la forme de la justice et de la fidélité. Si être croyant sert à devenir cela, cela vaut la peine de l'être ; sinon, mieux vaut se débarrasser de la foi et de tous ses pesants apparats. Mieux vaut être nu devant l'être et son mystère, plutôt que victime habillée d'ignorance, de superstition, de servilité."

 

De l'âme et de son destin - Vito Mancuso

08/07/2009

Portrait de contemporain I - Celui qui sait

Entendez-le, cet esprit chagrin, vous expliquez combien il voit clair; à quel point, il n'est dûpe de rien. De toutes les combines qui se trament, de toutes les balivernes.

Il s'y entend à merveille pour vous dessiner un beau réseau de sens et de concordances. Tout ça s'explique aisément, il suffit juste d'avoir le courage de "regarder les choses en face". Le courage est de son côté, soyez-en sûr. Il n'est pas comme vous qui croyez ou encore qui baignez dans une sorte d'idéalisme naïf. Lui, il sait. Et vous pouvez voir à son air combien il se délecte de sa "lucidité" et de l'horreur de ce monde qu'il vous dépeint.

Sa transcendance à lui est négation de l'existence et de la valeur de toute transcendance. Sa croyance, être "délivré" de toute croyance. Il ne serait pas si satisfait de sa supposée singularité, il nous convertirait bien tous à ses vues, nous donnant ainsi pleinement accès à cet univers de désolation et de laideur qu'il s'est créé et qu'il juge apparemment (intellectuellement, du moins) si enviable.

Ironie suprême, son existence se conforme curieusement à ses conceptions. Elle se présente à lui constamment sous un jour sinistre et désespérant.

Il est malheureux comme une pierre, mais avec Raison; et c'est là, pense-t-il, le principal.

16/10/2008

---

L'amusement est un bain vivifiant que l'industrie du divertissement prescrit continuellement. Elle fait du rire l'instrument du trafic frauduleux du bonheur. Dans les moments de bonheur, on ne rit pas ; seules les opérettes et, plus tard, les films représentent le sexe avec des rires bruyants. Mais Baudelaire est aussi dépourvu d'humour qu'Hölderlin. Dans la société frelatée, le rire en tant que maladie s'est attaqué au bonheur et l'entraîne dans sa misère intégrale. Rire de quelque chose signifie toujours qu'on s'en moque et la vie qui, selon Bergson, rompt le poids des habitudes par le rire,est en vérité l'irruption de la barbarie, l'affirmation de soi qui se libère avec insolence de tout scrupule lorsque la vie sociale lui en donne l'occasion. Un public de gens qui rient est une parodie de l'humanité. Ses membres sont des monades dont chacune s'abandonne à la volupté aux dépends de toutes les autres, prête à tout, sûr d'entraîner la majorité. Leur harmonie est la caricature de la solidarité. Ce qu'il y a de diabolique dans le rire qui sonne faux, c'est qu'il parodie justement ce qu'il y a de meilleur : la réconciliation.”

 

21:19 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : philosophie, médias, société