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24/03/2009

Syrie (notes) VIII

Vendredi

Journée tranquille. Nous reposons encore et encore. Sortons faire deux trois courses dans le quartier.

Le soir, nous nous rendons chez H. Passons par une pâtisserie pour leur prendre deux ou trois bricoles. Je reste dans le taxi pendant qu'I.s'en charge. Nous aurons ce soir la chance de voir une nouvelle fois A. qui est en permission. Passons une bonne soirée. Discute un peu avec A. pendant que les filles sont ensembles Regardons d'un oeil les informations. On peut voir notamment une intervention du leader du Hezbollah, personnage dont on peut assez régulièrement apercevoir le visage barbu surmonté du turban noir typique sur des affichettes collées au hasard des rues, encadré et fixé au mur d'une boutique d'alimentation ou d'artisanat, ou plus rarement en pochoir sur un pare-brisse. Mais sa popularité est insignifiante comparée à celle du chef de l'Etat. Le voilà parti dans ce qui semble être une diatribe. Le verbe se fait péremptoire et un brin agressif. Je demande à A. ce qu'il en pense. Il m'explique qu'en fait le propos tenu est anecdotique et cette manière de s'exprimer est purement rhétorique. De l'art oratoire donc, et nullement de l'agressivité.

La petite, adorable est scotchée à son papa qu'elle ne voit pas assez ces derniers temps.

A. s'occupera durant la soirée de nous réserver par téléphone le car pour notre trajet de demain. Nous devons nous rendre à Alep pour trois jours. H. et A. se sont arrangé pour nous trouver un petit appartement. Le lieu est habituellement habité par le fils d'une amie de la voisine d'H.qui fait ses études à Alep. Notre venue lui permettra sûrement de se faire un peu d'argent de poche. Il résidera chez sa mère durant les trois jours.

Rentrons une nouvelle fois râvis de cette agréable soirée. Les rues toujours pleines de vie défilent très vite derrière les vitres du taxi qui nous ramène.

Samedi

Nous prenons le taxi à 11h pour la gare routière. Les sacs sont faits, nous quittons notre appartement tout en sachant que nous y reviendrons pour les derniers jours de notre séjour.

 

A notre arrivée à la gare routière, contrôle des bagages. Passons par un portillon. Puis arpentons une allée jonchée de préfabriqués qui abritent différentes compagnies de car. Aux abords de chacune, des « rabatteurs» font moultes signes et rivalisent de puissance vocale pour attirer le voyageur. Nous finissons par trouver la compagnie qui doit nous emmener à Alep. Enregistrement, vérifications. Patientons dans l'allée, un peu à l'ombre. Puis repassons par un sas de sécurité pour accéder au car. Véhicule d'apparence très confortable. Je dois néanmoins en redescendre aussitôt pour chercher les passeports que nous devons présenter aussitôt installer. J'aperçois, à l'intérieur du car, une femme recouverte intégralement de noir. Il est impossible d'apercevoir ne serait-ce que ses yeux. Départ.

Un stewart sert des verres d'eau et distribue des bonbons. Puis il fait démarrer un dvd que les personnes éventuellement intéressées peuvent suivre sur un écran à l'avant du véhicule au dessus du parebrise. Il s'agit d'un grosse production comique qui ne semble capter l'attention de personne.

Derrière la vitre, tandis que nous sommes bien au frais, défile un paysage d'une aridité extrême. Des collines de caillasse, de la pauvreté. On serait tenté d'y voir quelque chose comme de la désolation.

Vers Homs, le paysage devient plus verdoyant. Nous nous y arrêtons pour manger quelque chose. Repartons dix minutes plus tard à peine. Impression de sauter dans le car en marche.

Durant le trajet, une femme semble constamment prendre à parti le stewart. Nous ne comprenons pas ce qu'elle lui veut, mais sa manière de s'exprimer assez vulgaire et son allure la désignent d'emblée comme « la rombière » type. Le genre qui tape son scandale pour des broutilles. Le service visiblement irréprochable de l'employé ne fait que renforcer notre sentiment.

A la descente du car, au moment de récupérer les bagages, le « jules » de notre marchande de poisson s'approche du stewart et lui administre une giffle. S'en suit une petite bagarre vite interrompue par une petite foule qui s'empresse de séparer les deux protagonistes. Ça s'agite, ça crie. Des agents interviennent et on perd la chose de vue.

Un jeune homme nous repère et nous fait signe de le suivre comme d'ailleurs tous les taxis à l'arrêt que nous croisons. Il s'agit de notre fameux étudiant. Très courtois, il se charge de nos bagages. Durant le voyage, il échange avec nous deux mots en anglais. Alep nous apparaît d'emblée comme beaucoup propre et soignée que Damas. L'atmosphère y est aussi nettement moins lourde et polluée. Une ville plus aisée de toute évidence.

Pénétrons dans l'appartement. A l'intérieur, la maman du jeune homme semble venir de terminer le ménage. Elle nous salue d'un sourire et d'un hochement de tête. Son fils nous donne deux trois renseignements, deux trois conseils. Nous écrit en « latin » le nom de la rue et du quartier où nous logeons afin que nous puissions l'indiquer aux taxis de retour de nos divers déplacements. Je lui donne enfin la somme correspondant à nos trois jours de location. Sa mère et lui nous saluent et nous souhaitent un bon séjour.

L'appartement est très sobre. C'est un peu l'inverse de celui dont nous disposons à Damas. Nous nous y sentons plus dans notre élément. Nous voilà en quelque sorte dans un environnement plus familier. Mobilier minimaliste, murs nus et blancs. Peu d'objets.

Nous dormons un peu, puis sortons chercher de quoi manger. Il fait déjà nuit. A notre grande surprise, nous avons beaucoup de mal à trouver de quoi nous sustenter. Le quartier ne nous offre pas la même profusion de petites épiceries populaires qu'à Damas. De plus, l'ambiance est très différente. Les quelques enfants que nous croisons nous dévisagent. Légère hostilité. C'est pour nous comme un indicateur relativement fiable du reste. Parcourons une grande artère. On y aperçoit de belles boutiques de meubles, de vêtements, etc. Dehors beaucoup de femmes voilées intégralement en noir. L'ambiance, elle, n'a rien de commun avec celle de Damas. Nous rentrons manger et nous coucher peu convaincus par notre brève escapade.

Nous réalisons que nous sommes juste à côté d'une mosquée lorsque l'appel à la prière retentit de manière tonitruante d'une voix pleine de saturation comme j'ai appris à l'apprécier; mon âme de rockeur rejoint sans doute là mon âme spirituelle. Mais l'appel du milieu de la nuit nous paraît ici interminable. Nous nous demandons si la chose est propre à Alep.

podcast

Fayrouz - Oudak Rannan

17:28 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, syrie, moyen-orient, alep, pays arabes, vacance

21/08/2008

Syrie (notes) IV

 

Journée très chaude. Repos. Vais faire les courses seul pour la première fois fort de mes quelques mots arabes révisés le midi. Petit tour du quartier. Aujourd'hui personne ou presque ne semble faire attention à moi. Je suis un homme seul. Ici, la plupart du temps, les gens se déplacent soit seul, soit en famille, soit avec des personnes de même sexe, mais des couples jeunes se promenant dans les rues on en voit très rarement. Epicier très sympathique m'aide en m'indiquant le nom arabe de certains produits. Communication au moyen de quelques mots et de signes. Je rentre content et serein.

Repas comme presque chaque jour constitué d'olives, de fromage et de pain, plus des litres de thé. J'ai également acheté un lait jaune aromitisé « banane ». Goût de bonbons Haribot pas désagréable pour qui est sensible au charme du chimique. I. ne semble pas convaincue et jette un regard soupçonneux au liquide.

Nous ne décollons pas avant cinq heures. Grande balade. Bab Touba. Passés par quartier arménien. Sortis à côté de la Grande Mosquée. Souk : à certains endroits, vêtements improbables : dessous suspendus en hauteur qui feraient rougir une occidentale – avec fourrure rouge, perles, string avec fente stratégiquement placée. Bijoux très très imposants, etc... Parfum d'épices que nous adorons. Nous arrêtons pour boire un jus de mûre. Marchons des heures. Le soir commence à s'installer. Arrivons dans quartier moderne. Grande banque commerciale, etc... Des boutiques partout. Quartiers toujours très animés. Néons, mosquées magnifiques illuminées. Circulation comme toujours incroyable. Il faut se jeter littéralement sous les voitures par traverser.

Nuit. Redescendons avec les gens par grand axe. Par ici, plein de boutiques de plantes et de fleuristes. Nous sentons en phase avec ce qui nous entoure. J'ai pour la première fois l'impression d'être damascène. Plus à l'aise qu'à Paris. Finissons par rentrer par le quartier chrétien Tournons en tout sens. Nous perdons un peu. D'une ruelle à l'autre contraste saisissant : dans certaines nous ne rencontrons personne, dans d'autres nous nous retrouvons soudain dans la foule. Quartier « branché », mais aussi beaucoup de musulmans qui se rendent à la salle de prière. Ereintés nous finissons par trouver Bab Sharki, la bonne sortie. Longeons Ibn Assaker. Sur la place Hassan Al Kharrat, des gens de tout âge sont installés paisiblement. Aux heures fraiches toute parcelle d'herbe se trouve investie surtout une fois la nuit installée.

Rentrons, mangeons. Elaborons planning pour la suite du séjour. Puis lecture du bouquin de Rubenstein sur l'arianisme et la trinité jusqu'à une heure du mat'. L'affreux Athanase et ses combines mafieuses pour renverser ses adversaires théologiques. La mort mystérieuse d'Arius,...

Nous couchons. Regarde mon ange dormir. Silencieusement je pleure à ses côtés. Je suis heureux et mon coeur me donne l'impression de déborder.

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17:24 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syrie, voyage, moyen-orient, damas, pays arabes

11/08/2008

Syrie (notes) III

 

Lever 10h30. Déjeuner comme dîner de la veille. En fond, radios du coin.

Promenade direction Bab Sharqi. Visite de la Chapelle St Paul au niveau de Bab Kaysan. Sans grand intérêt. Puis quartien chrétien, arménien. Mais tout est fermé. Peu de gens dehors. Il est encore trop tôt. Finissons par atterrir à côté de la Grande Mosquée (Omeyyades). Allons en direction de la Citadelle puis passons par un marché couvert (quartier juif ?). Nous retombons sur le souk Hamidieh, puis à nouveau sur la Grande Mosquée. Nous avons terriblement soif. Retournons au même endroit que la veille pour déguster notre pinte de lait à la banane (commençons à prendre des habitudes déjà). Puis nous retournons par où nous sommes venus. Le coin s'anime. Beaucoup de jeunes « branchés » chrétiens. Beaucoup de circulation aussi. Prenons quelques photos. Retour à l'appartement à pied agréable. Presque arrivés, en passant sur la Place Hassan Al Kharrat par les petits chemins longeant le mur d'enceinte de la Vieille ville bordés de gazon nous nous faisons aspergés d'eau fraiche par les jets tournoyants.

A l'appartement, Isa se prépare pour ressortir en ville tandis que je révise mes quelques mots d'arabe. Nous avons beaucoup marché et nous sommes un peu fatigués. Sortons à 22h00 pour trouver un resto près du grand hôtel Sham Palace. Prenons taxi. Sur Ibn Assaker nous entendons quelqu'un souffler comme un désespéré dans une trompette. Le son provient visiblement du véhicule qui nous précéde. Quand le taxi arrive à son niveau, nous apercevons le chauffeur du véhicule affairé avec sa trompette tout en conduisant. Rires. Le chauffeur de taxi plaisante un peu avec lui. Nous avons mal indiqué la destination (mauvaise prononciation) le taxi ne nous emmène pas directement au bon endroit. Une fois à pied nous mettons un temps infini à trouver le resto. Les rues sont peu éclairées. Quartier moderne très animé et bruyant. A proximité, très fort, de la musique pour un mariage. Demandons partout notre chemin mais nous peinons énormément à nous faire comprendre.

Nous arrivons enfin au resto. Le patron (très gominé) prend la commande. Système très hiérarchisé. Les serveurs ne font qu'amener les plats et débarrasser. Seul le patron prend les commandes et encaisse (constantes que nous retrouverons dans pratiquement tous les restaurants dans lesquels nous nous rendrons). Mangeons salade, kebbab. Buvons jus de fruit. Bon, mais je suis très las et je ne profite pas vraiment du repas. J'ai envie de rentrer. Demandons addition. Erreur sur la note. Un serveur va chercher le patron qui refait le détail et rectifie. Lors du paiement il sort une énorme liasse de billets de sa poche et nous rend la monnaie. Partons en taxi. Il n'a pas de compteur. Nous devrons donc évaluer le coût du trajet. Le chauffeur semble éprouver une certaine difficulté à nous conduire à l'appartement. Enfin arrivés il nous demande un prix trop élevé. I. est obligée de négocier en arabe. Rentrons épuisés et très las.

 

 

23:51 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moyen-orient, voyage, voyages, pays arabes, syrie, damas

07/08/2008

Syrie (notes)

Vol très matinal. Une escale à Istanbul. Légère appréhension de mon côté : n'ai pris l'avion que deux fois dans ma vie et cela remonte à il y a plus de 10 ans. A Istanbul, après avoir traversé de long en large l'aéroport (très grand et très moderne), nous nous installons dans zone d'attente et passons le temps en regardant les badauds. Au deuxième vol, sensation de routine ; comme prendre le train. Le vol me paraît très court.

Arrivée. L'avion semble atterrir au milieu de nulle part. Tout autour, paysage aride et quasi lunaire. A la descente, il fait très chaud avec beaucoup de vent. Impression de se trouver dans le souffle d'un sèche-cheveux géant. Un petit bus un peu déglingué vient nous prendre pour nous conduire de l'avion à l'aéroport, petit batiment à la froide architecture soviètique. L'intérieur ressemble à une gare de province. Petit hall plein de monde. Au fonds on aperçoit trois cabanons au dessus desquels pendouillent des cables électriques. Pendant une heure il ne se passe rien. Nous attendons. Personne ne semble surpris ni impatient. L'habitude de toute évidence. Un militaire ou deux, moustachus et bedonnants, à la démarche de cowboys longent les files et regardent les gens. Les files progressivement constituées semblent en proie à un phénomène d'érosion. En apparence, rien ne se passe mais nous nous trouvons lentement avancer vers les cabanons. Lorsque vient notre tour, mini interrogatoire en anglais : votre profession ? L'adresse des personnes chez lesquelles vous vous rendez ? Le type fait mine de ne pas trouver le visa dans le passeport et me le tend. Puis enfin coup de tampon libérateur. Représentation du passeport un mètre plus loin. De loin, à la porte de sortie, des gens font de grands signes aux personnes qu'ils attendent. Nous récupérons nos bagages dans le tas jetés par terre en vrac. On nous laisse passer sans contrôle des bagages. H. et la petite (qui ressemble, je le constate à ce moment, à I.) nous attentent à la fameuse porte.

Nous prenons tous les quatre le taxi. H. nous explique que le taxi n'est pas en règle (pas de licence) La licence se révélant d'un coût très élevé un certain nombre de chauffeurs de taxi s'en passent ; le véhicule se présente donc comme une voiture individuelle. Problème : nous nous faisons arrêter sur un rond-point cinq minutes plus tard. Nos deux têtes d'occidentaux à l'arrière du véhicule auront éveillé la méfiance de la police. Deux types en uniforme, assez massifs et bedonnants, font signe au chauffeur de se ranger sur le bas côté. S'en suit un échange relativement calme qui dure près d'un quart d'heure entre le chauffeur et les deux représentants de l'ordre, avec questions posées à H. qui présente le chauffeur comme un de ses amis et va jusqu'à leur tendre sa carte d'enseignante en université. Le chauffeur finit par être sommé de retourner à l'aéroport nous y re déposer afin que nous reprenions un vrai taxi. A proximité de Damas, en périphérie, nous apercevons des constructions dans les tons ocres et gris constituées de parpaings empilés et surmontées de paraboles. Circulation extrêmement chaotique, quasi anarchique.

L'appartement. Très grand. La propriètaire est une sympathique dame de 70 ans d'allure jeune et décontractée à qui on en donnerait 20 de moins. H. nous présente à elle, discute un peu et établit avec elle les conditions de notre hébergement.

La décoration de l'appartement est très kitsch. Vieilles photos (portraits, mariage,...), gros rideaux dans le style drapé. Meubles seventies. Etagères supportant quelques livres en arabe. Quelques bibelots et vases dans le style chinois. Petite cuisine avec grande baie vitrée pourvue de cactus imposants. Grand ventilateur au plafond.

Une fois la dame partie, nous décidons, escortés par H., d'aller changer de l'argent à la grande banque. Mais lorsque le taxi nous y dépose, l'établissement est fermé. nous effectuons le change à côté dans un petit magasin.

Nous repartons en taxi en direction de l'appartement de H. situé à New Cham (Le Nouveau Damas). Quartier moderne type banlieue en haut d'un ensemble de collines. Passons soirée agréable chez H. Soda, délicieux couscous, discussion, prise de photos, télé en fonds pour la petite. Sommes très fatigués. Au retour, le taxi tente de nous gruger. Puis longue nuit.

17:03 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : voyage, damas, syrie, moyen orient, pays arabes