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21/06/2010

Instants

L'instant qui semble s'imposer dans une durée qui l'excède,

et l'autre qu'il nous faut rechercher pour en goûter l'ampleur véritable et dissimulée...

L'instant pénible semble ne jamais devoir finir.

L'enfer de l'épreuve passagère se donne des airs d'éternité mais n'en est que le simulacre.

C'est peut-être pourquoi les notions d'enfer et d'éternité sont parfois à ce point liées dans notre esprit.

Mais l'éternité véritable est liée à l'Absolu et ne s'offre qu'à celui qui le cherche.

 

20/11/2009

Certains s'en frottent les mains

"D'autres objections n'ont pas manqué à la doctrine de la damnation éternelle tout au long de l'histoire de la théologie dogmatique, et évidemment les réponses ne se sont pas fait attendre. Il a semblé à l'un que la peine éternelle était excessive, disproportionnée et que surtout elle contredisait la finalité thérapeutique de la peine - aujourd'hui, on parlerait de "réhabilitation". A cette objection raisonnable, Saint Thomas d'Aquin répond :

Ainsi, lorsqu'un bandit est pendu, ce n'est pas pour son propre amendement, mais à cause des autres afin qu'au moins la crainte du chatiment arrête leurs méfaits. [...] C'est donc de cette manière que les peines éternelles des réprouvés, infligées par Dieu, sont médicinales pour ceux qui s'abstiennent des péchés par la pensée de ces grands châtiments.

Que dire devant cela? Nous avons ici affaire de toute évidence à une conception instrumentale de la vie humaine : on peut pendre quelqu'un pour que cela serve d'avertissement à d'autres. Et cette logique, très éloignée de la logique évangélique qui ne construit jamais l'intérêt général aux dépends du bien de l'individu singulier, est attribuée à Dieu.

Mais il y a pire. La raison, logiquement insatisfaite, se demande pourquoi ces peines devraient durer jusqu'après le jugement universel, c'est-à-dire quand il n'y aura plus personne à qui elles pourraient servir d'avertissement et quand l'aventure de la liberté se sera achevée pour toujours. Etant donné qu'il n'y aura plus personne à mettre en garde, ne pourrait-on pas alors au moins mettre fin à cette série de pendaisons? Voici la réponse de Thomas d'Aquin :

Les châtiments des impies, qui dureront perpétuellement, ne seront pas tout à fait inutiles, car ils serviront à deux choses : d'abord à maintenir la justice divine, ce qui est en soi agréable à Dieu. [...] Secondement, ces peines sont utiles parce qu'elles procurent aux justes la satisfaction d'y contempler la manifestation de la justice de Dieu et de se rendre compte qu'ils ont échappés à ces souffrances.

Quelle douleur de voir l'immense intelligence de Thomas d'Aquin se plier ainsi à justifier l'injustifiable. Nous nous trouvons en présence d'une théologie qui non seulement conçoit un Dieu dominé par une colère jamais apaisée, mais qui imagine des bienheureux occupés à se frotter les mains, trop contents d'y avoir échappé, un peu comme des petits bourgeois qui regarderaient, ravis, ceux qui, contrairement à eux, n'ont pas obéi aux ordres : ces bienheureux qui ressemblent tellement aux "fayots" qui, à l'école, se mettent toujours au service des professeurs et qui, dans la vie, sont les dévoués serviteurs des puissants et n'ont pas la plus petite idée de ce qu'est la solidarité entre semblables, la fraternité."

 

De l'âme et de son destin - Vito Mancuso

23:35 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, christianisme, dieu, salut, théologie, enfer