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18/11/2011

Tout puissant

Il faisait face à la fenêtre, lui tournant le dos, et son regard semblait scruter la rue pleine d'humidité et de ténèbres. L'autre le regardait sans vraiment le voir, enfoncé dans un fauteuil un rien bancal et continua :

- d'après toi, Il est donc tout puissant, éternel, omniscient, etc, etc... C'est ça?

- Oui, c'est du moins l'idée que je m'en fais ; l'idée que beaucoup de croyants s'en font.

- Alors, dans ce cas, j'aimerai savoir ce que tu fais du Mal? De cette fameuse question du Mal? C'est un cliché, je sais, mais pourquoi le mal, la souffrance des innocents, l'injustice? Comment expliques-tu cela? J'espère que tu ne vas pas recourir aux sophismes de ces penseurs trop habiles pour être honnêtes. Que tu ne vas pas te livrer à des contorsions intellectuelles et tenter d'expliquer, et de justifier ce qui ne peut l'être?

- Tiens donc... Oui, le Mal existe. Et l'injustice. Et la souffrance des innocents. Et, oui, excuse-moi, je crois pourtant à la perfection divine. Je le crois Tout Puissant. Oui. Mais en toute honnêteté, je ne peux pourtant répondre à ta question sans me donner la désagréable impression de répéter une leçon ou de donner des réponses qui n'en sont pas. Cette discussion commence d'ailleurs à m'ennuyer.

- Je cherche à comprendre. Pourquoi renonces-tu à t'interroger sérieusement sur ces questions. Des questions qui touchent à des choses, tu le réalises, que tu prétends pourtant essentielles pour toi.

- Non, je ne renonce pas à m'interroger. Je fais juste preuve d'un peu de modestie. Quelque chose qui, manifestement, t'est étranger, tout comme Dieu.

- Dieu ne m'est pas étranger.

L'autre avait légèrement tourné la tête vers lui laissant entrevoir un sourire qui n'exprimait rien de moins qu'un mélange d'amusement, de curiosité et d'ironie ; comme on voudra l'interpréter. Puis il reprit son observation méticuleuse de la rue poisseuse souriant toujours.

- Je t'écoute. Là franchement tu m'intéresses.

- Dieu ne m'est pas étranger. Mais ce Dieu que ton absence de questionnement laisse percevoir ne me plaît pas. Dieu est tout puissant et le Mal existe, donc. C'est donc que Dieu veut le Mal?

- Non, je ne pense pas qu'il le veuille.

- Admettons que Sa volonté n'y soit pour rien. Il le laisse avoir cours au moins.

- Ses desseins ultimes peuvent nous échapper, et derrière un mal, parfois...

- La belle affaire! Tu crois vraiment à ça. Tu espères me convaincre avec ces clichés. Avec ces âneries.

- Des âneries qui semblent avoir fait l'affaire de personnages bien plus estimables que nous deux, tu l'oublies...

- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse? Quel grand personnage n'a pas ses faiblesses, ses manques, ses lubies, ses mensonges, ses partis pris? Son ignorance... Pas d'argument d'autorité ici, s'il-te-plaît.

- Soit. Soit... Je pense simplement qu'il faut accepter Dieu en soi. Il ne peut être soumis à nos critères de raisonnement et de jugement. Il faut cesser de chercher à comprendre ce qui ne peut être appréhendé par nos esprits de toute évidence trop étriqués.

- Ah oui! Ne pas réfléchir! Ne pas chercher à comprendre! Bien! Formidable! Il faut prendre Dieu tel quel... soit, mais pourquoi? Pourquoi l'accepter aveuglément?

- C'est Dieu ou ça ne l'est pas.

- Et tu trouves ça convaincant? Quelle valeur a cette adhésion à Dieu? "Je me soumets à Dieu parce que c'est Dieu" ; à savoir, parce qu'il est omniscient, tout puissant, fabuleux. Comme on se soumet à l'arbitraire d'un despote sous prétexte qu'il est puissant et terrible, et qu'il pourrait me causer bien des ennuis si je n'obéis pas à sa loi. C'est ça la beauté de la foi, la grandeur de Dieu?

- Bon, j'imagine que non. Tu as une manière de présenter les choses... Mais que proposes-tu, toi?

- Hé bien pour moi, soit Il ne peut intervenir directement dans Sa création pour diverses raisons; et alors on considère qu'Il n'est pas tout puissant et cela remet en cause totalement l'idée que nombre de croyants se font de Lui. Soit Il a décidé de donner à Sa création une autonomie, une liberté pour des raisons qui nous échappent (et j'accepte là la zone d'ombre). Alors oui, le Mal, dans cette dernière optique, a sa place au sein de l'imperfection, de l'"hors perfection" dirais-je de manière pédante.

- Continue.

- Mais si Dieu est tout puissant. Voit tout. Règne et juge; alors dans ce cas, au regard de l'Histoire des hommes, il ne mérite pas tant d'éloges, crois-moi ; et nombre de ses adeptes ne sont alors qu'une foule d'"intéressés" qui ne sont préoccupés que d'histoires de pouvoir, de Salut et de Paradis. Des laquais selon moi ou, pire, une espèce d'armée d'esclaves qui persécutent et tuent en Son nom.

Pour moi, si je suis cohérent, si je suis conséquent, le Dieu Créateur n'est "aimable" et louable que lointain au regard d'une création qu'il a voulu libre. Et, en même temps, proche comme un père qui nous guide si nous prêtons attention à Sa lumière, et qui nous laisse toujours accès à Lui. Sinon, je te le dis franchement, un amour sincère et absolu pour ce qu'on appelle Dieu nous est impossible.

 

 

16:36 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, dieu, spiritualité, foi

14/05/2011

...

Les apôtres de la Mort n’ont que Grandeur et Pureté à la bouche.


leurs gestes célèbrent avec zèle le Néant,


Etendent l’ombre de leurs idoles.


Dans leurs songes de pieux Narcisse, un Isaac égorgé chaque jour par son père


Et comme Dieu, un Moloch gavé d’holocaustes qui singe la miséricorde.

17:34 Écrit par Neothene dans Epines, Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, spiritualité, foi, dieu

21/06/2010

Instants

L'instant qui semble s'imposer dans une durée qui l'excède,

et l'autre qu'il nous faut rechercher pour en goûter l'ampleur véritable et dissimulée...

L'instant pénible semble ne jamais devoir finir.

L'enfer de l'épreuve passagère se donne des airs d'éternité mais n'en est que le simulacre.

C'est peut-être pourquoi les notions d'enfer et d'éternité sont parfois à ce point liées dans notre esprit.

Mais l'éternité véritable est liée à l'Absolu et ne s'offre qu'à celui qui le cherche.

 

01/02/2010

Désir

Teresa_of_Ávila.jpg
Sainte Thérèse d'Avila - François Gérard

09:30 Écrit par Neothene dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : foi, mystique, désir, extase, dieu, peinture

25/01/2010

Péché

"Dieu n'est offensé par nous que dans la mesure où nous agissons contre notre propre bien."

Saint Thomas d'Aquin - Somme contre les gentils III

23:19 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, religion, dieu, foi, péché

22/01/2010

Chapelet

Des morceaux de nuit étoilée,

un à un égrainés

Dont chaque constellation exprime

Dessine

un des noms multiples de l'Unique.

 

22:44 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : foi, religion, prière, dieu, spiritualité

05/01/2010

Intuition personnelle

C'est probablement ce que l'idée de Dieu donne à travers nous qui, à Ses yeux, nous juge en tant que "croyants", et non la nature de nos conceptions théologiques ou l'apparat d'une pratique zélée, quelle qu'elle soit.

Vers l'aube, il rêva...

"Vers l'aube, il rêva qu'il s'était caché dans une des nefs de la bibliothèque de Clementinum. Un bibliothéquaire aux lunettes noires lui demanda : Que cherchez-vous ? Hladik répliqua : Je cherche Dieu. Le bibliothécaire lui dit : Dieu est dans l'une des lettres de l'une des pages des quatre cent mille tomes de Clementinum. Mes parents et les parents de mes parents ont cherché cette lettre ; je suis devenu aveugle à force de la chercher. Il ôta ses lunettes et Hladik vit ses yeux morts. Un lecteur entra pour rendre un atlas. Cet atlas est inutile, dit-il et il le donna à Hladik. Celui-ci l'ouvrit au hasard. Il vit une carte de l'Inde, vertigineuse. Brusquement certain, il toucha l'une des plus petites lettres. Une voix de partout lui dit : le temps pour ton travail t'a été accordé. Alors Hladik s'éveilla.

Il se rappela que les songes des hommes appartiennent à Dieu et que Maïmonide a écrit que les paroles d'un rêve sont divines quand elles sont distinctes et claires et que l'on ne peut voir celui qui les a prononcées."

Le miracle secret - JL Borges

23:35 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : borges, dieu, rêves, littérature

29/12/2009

Nom

"Au nom de Dieu..."...

De quel droit !?

12:03 Écrit par Neothene dans Him | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualité, religion, foi, dieu

20/11/2009

Certains s'en frottent les mains

"D'autres objections n'ont pas manqué à la doctrine de la damnation éternelle tout au long de l'histoire de la théologie dogmatique, et évidemment les réponses ne se sont pas fait attendre. Il a semblé à l'un que la peine éternelle était excessive, disproportionnée et que surtout elle contredisait la finalité thérapeutique de la peine - aujourd'hui, on parlerait de "réhabilitation". A cette objection raisonnable, Saint Thomas d'Aquin répond :

Ainsi, lorsqu'un bandit est pendu, ce n'est pas pour son propre amendement, mais à cause des autres afin qu'au moins la crainte du chatiment arrête leurs méfaits. [...] C'est donc de cette manière que les peines éternelles des réprouvés, infligées par Dieu, sont médicinales pour ceux qui s'abstiennent des péchés par la pensée de ces grands châtiments.

Que dire devant cela? Nous avons ici affaire de toute évidence à une conception instrumentale de la vie humaine : on peut pendre quelqu'un pour que cela serve d'avertissement à d'autres. Et cette logique, très éloignée de la logique évangélique qui ne construit jamais l'intérêt général aux dépends du bien de l'individu singulier, est attribuée à Dieu.

Mais il y a pire. La raison, logiquement insatisfaite, se demande pourquoi ces peines devraient durer jusqu'après le jugement universel, c'est-à-dire quand il n'y aura plus personne à qui elles pourraient servir d'avertissement et quand l'aventure de la liberté se sera achevée pour toujours. Etant donné qu'il n'y aura plus personne à mettre en garde, ne pourrait-on pas alors au moins mettre fin à cette série de pendaisons? Voici la réponse de Thomas d'Aquin :

Les châtiments des impies, qui dureront perpétuellement, ne seront pas tout à fait inutiles, car ils serviront à deux choses : d'abord à maintenir la justice divine, ce qui est en soi agréable à Dieu. [...] Secondement, ces peines sont utiles parce qu'elles procurent aux justes la satisfaction d'y contempler la manifestation de la justice de Dieu et de se rendre compte qu'ils ont échappés à ces souffrances.

Quelle douleur de voir l'immense intelligence de Thomas d'Aquin se plier ainsi à justifier l'injustifiable. Nous nous trouvons en présence d'une théologie qui non seulement conçoit un Dieu dominé par une colère jamais apaisée, mais qui imagine des bienheureux occupés à se frotter les mains, trop contents d'y avoir échappé, un peu comme des petits bourgeois qui regarderaient, ravis, ceux qui, contrairement à eux, n'ont pas obéi aux ordres : ces bienheureux qui ressemblent tellement aux "fayots" qui, à l'école, se mettent toujours au service des professeurs et qui, dans la vie, sont les dévoués serviteurs des puissants et n'ont pas la plus petite idée de ce qu'est la solidarité entre semblables, la fraternité."

 

De l'âme et de son destin - Vito Mancuso

23:35 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, christianisme, dieu, salut, théologie, enfer

27/09/2009

Ici et maintenant...

"Je pense que la raison est la condition sine qua non pour que le discours sur Dieu puisse aujourd'hui subsister légitimement comme discours sur la vérité. Telle est, en effet, la réalité ultime qui est en jeu quand on parle de Dieu : la vérité. Les histoires lointaines dont la Bible nous parle, y compris celle de Jésus crucifié et  ressuscité, ne font sens que si elles conduisent l'âme à la vie ici et maintenant, à retrouver en elle la présence de Dieu ici et maintenant, dans cette "terrible boucherie" qu'est l 'histoire universelle. La conscience croyante devient libre et mature, et donc en mesure d'engendrer liberté et maturité à côté d'elle, quand elle dépasse ce que la théologie appelle traditionnellement fides quae creditur, autrement dit les contenus de la foi, et les lit comme de profonds enseignements sur la condition humaine qu'il faut actualiser et réinterprêter chaque jour, et non pas comme des comptes rendus historiques objectifs d'un lointain passé dont la destin inéluctable est de devenir toujours plus lointain et toujours plus passé.

[...] La vraie lumière, c'est la vérité, et si nous sommes ici, si le fait que nous soyons sur terre a un sens, c'est pour nous remettre à la vérité, pour la servir, l'accueillir en nous et lui permettre de purifier notre intériorité."

"Si la foi ne fait pas cela, si elle ne produit pas une sagesse pour l'âme en la libérant et en la comblant de joie, de vie heureuse, de regard serein sur elle-même et sur le monde, elle est vaine. Elle peut même être nocive. Mieux vaut un athée heureux et honnête qu'un croyant malheureux et malhonnête. L'objectif est la plénitude de l'humanité, dont la foi est seulement un instrument. Dieu, le principe de l'être, ne nous a pas créés pour que nous croyions, mais il nous a créés pour que nous soyons. Pour que nous soyons des hommes heureux et fiers de l'être, étant porteurs dans la monde de son énergie positive et ordonnée, pour engendrer à notre tour positivité et ordre sous la forme de la justice et de la fidélité. Si être croyant sert à devenir cela, cela vaut la peine de l'être ; sinon, mieux vaut se débarrasser de la foi et de tous ses pesants apparats. Mieux vaut être nu devant l'être et son mystère, plutôt que victime habillée d'ignorance, de superstition, de servilité."

 

De l'âme et de son destin - Vito Mancuso

21/09/2009

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Est-ce encore Dieu que j'aime quand je me plais à l'aimer?

 

23:07 Écrit par Neothene dans Him | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, spiritualité, foi, mystique, dieu

09/09/2009

De plein pied

Je vais probablement franchir le pas.

La chose me paraît nébuleuse, à la fois triviale et effrayante. Je m'imagine... non, je ne m'imagine pas. Mais j'en ai envie. Tout est là pour que la chose se produise : j'ai rencontré l'homme de la situation; celui qui m'a "réconcilier" avec ce monde que je ne percevais que de loin et sur un mode déformé. Ce monde que je pensais par moments un rien ridicule. Il me suffisait juste de me l'approprier et de dépasser le donné immédiat et les apparences.

Alors je vais officiellement embrasser cette foi. J'ai demandé et j'y suis maintenant convié.

Je vais l'embrasser à un moment où elle semble mal en point, où son institution se montre sous un jour déplaisant. Je vais symboliquement rentrer à l'intérieur parce que c'est mon droit de croyant et de personne et que je n'ai cure des positions de certains et de leurs simulacres. Je ne vais pas les laisser s'emparer de mon Dieu ni m'en détourner. Je rentrerai de plein pied, fièrement et humblement à la fois. Fièrement vis-à-vis d'eux, humblement vis-à-vis des autres et de tout le reste.

Les évidences une fois de plus sont là. Tout s'emboîte parfaitement.

Je l'ai dit : je suis convié.

Il n'y a aucune arrogance dans ce que je formule ici. J'affirme, je revendique, pour moi... C'est presque à moi seul que je parle. J'ai dit "presque". (Comprenne qui voudra, comprenne qui pourra).

Et c'est une joie.

Merci... infiniment.

13:22 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religion, foi, christianisme, église, dieu, baptême

07/09/2008

Sans limite

Je ne m'agenouille devant personne, et personne ne s'agenouille devant moi.

En esprit seul

chaque jour je me prosterne devant

Celui qu'on dénature, injurie ou ignore.

Devant l'Unique, sans commencement ni fin.

Celui que ne peut dépeindre aucune pensée,

Dessiner aucune imagination,

Expliquer aucun intellect,

Et qu'aucun mot ne saurait convenablement exprimer.

Celui qui

Comme l'Amour authentique rend tour à tour

Muet puis inspiré

Celui absolu et infini qui fait entrevoir de chaque chose la limite

Et nous sauve ainsi de la vanité.

19:46 Écrit par Neothene dans Him | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : religion, spiritualité, dieu, amour, pensée