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30/04/2013

Jésus, Renan, Slayer, etc.

Une main s'est tendue. ça va?

Je reconnais ce visage. Oui, très bien et toi?

Echange d'usage. Je lui demande : alors tu en es où de tes projets? Tu fais toujours tes études de théologie?

Oui, ça se passe très bien. Tiens tu as lu ce livre?

J'aperçois sur la couverture le visage doux et lumineux, celui que lui a donné Rembrandt. Je l'aime beaucoup.

Non. Il est intéressant?

Oui, très. P. donne vraiment un aperçu complet de Jésus. C'est un très beau livre.

Je me saisis du livre. Parcoure la quatrième de couverture.

Et celui de Renan, tu l'as lu? tu en penses quoi? Je pense le lire prochainement.

Ah non ! (léger sourire, un peu géné). C'est blasphème!

Je le regarde un peu amusé. Ah bon. C'est "blasphème"? J'attends quelques éclaircissements et aussi, un peu, qu'il me rassure sur son compte. Pour ce qui est du livre, je sais, bien-sûr, vaguement que le livre de Renan a fait scandale en son temps (autre temps), mais qu'il s'agit d'une tentative d'approche rationnelle et scientifique de la personne de Jésus.

Non. Il dit n'importe quoi sur Jésus. Il le présente comme un homme comme les autres. Il dit que la résurrection c'est des conneries. Il dit même que Jésus n'a peut-être pas existé.

J'écoute, attentif. Et ça ne peut malgré tout pas être intéressant de le lire? Même pour un croyant?

Il semble dubitatif. Si, mais bon c'est Satan pour moi ce truc.

Moi, ça m'amuse quand on parle de Satan, je le confesse. Des scènes outrancières surgissent dans mon esprit, des crucifix brandis, etc. "Diableries"... ça m'amuse aussi. Non pas que je nie que certaines choses puissent être à juste titre qualifiées de diaboliques. Mais je ne l'entend pas dans le même sens ; ce qui exacerbe les affects négatifs, la puissance de l'ego, l'avidité, la haine, l'obscurantisme, voilà ce que je pourrais qualifié éventuellement de "diabolique" si j'utilisais ce terme.

Sourire qui s'excuse ; air un peu amusé. Avant son époque, on en a brulé pour moins que ça.

Il enchaine. Pourquoi ils lui veulent du mal à Jésus? Qu'est-ce qu'il leur a fait? Rien.

C'est comme Slayer, tous ces groupes là. C'est pas bien. Et puis ils confondent l'Eglise et Jésus.

Moi, je souris et je pense à l'album que j'ai écouté il y a trois jours. Divine Intervention, un album agréable, mais pas indispensable.

Oui, ça je suis d'accord avec toi, c'est vraiment dommage de confondre Jésus et l'Eglise. Après, je ne pense pas que les gens dont tu parles attaquent vraiment la personne de Jésus. C'est une certaine représentation de Jésus qui est visée à mon avis. Tu ne crois pas? (Et puis je pense : de toute façon ce n'est que du rock, merde!).

Ouais. Non... Il semble un peu ailleurs. De toute façon, ici, on a pas trop la foi. C'est pour ça que je veux officier ailleurs quand je serai pasteur. Et puis, toutes ces histoires là en ce moment, les homosexuels. Je trouve qu'ils ne devraient pas s'afficher. C'est comme Sodome et Gomorrhe, Dieu détruit mais l'homme reconstruit et recommence sans cesse derrière.

Je perds mon sourire. Je le regarde attentivement, attendant la suite. J'aurais été surpris de le voir tenir ce genre de propos il y a quelques années ; mais peut-être ne le connaissais-je pas suffisament. Euh... oui, c'est un point de vue...

Il me sourit. Enfin, voilà, moi c'est ce que je pense en tout cas. (Est-ce vraiment ce que toi tu penses?) Bon, allez, je dois y aller.

Nos mains se serrent. Il s'éloigne. Je le regarde. Mélange de tristesse et de soulagement. Aucun étonnement face à ses propos malheureusement.

Ce que je sais, quant à moi, ce que je pense savoir, et que je ressens profondément est né du silence et du vide ; certains parleront ici d'ignorance.

Je préfère là où me mène l'ignorance. Là où se tait le verbe des autres.

Quelqu'un a dit : on juge l'arbre à ses fruits. Ce qui m'incite à persister.

15:57 Écrit par Neothene dans Him, Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jésus, religion, foi, blasphème

18/11/2011

Tout puissant

Il faisait face à la fenêtre, lui tournant le dos, et son regard semblait scruter la rue pleine d'humidité et de ténèbres. L'autre le regardait sans vraiment le voir, enfoncé dans un fauteuil un rien bancal et continua :

- d'après toi, Il est donc tout puissant, éternel, omniscient, etc, etc... C'est ça?

- Oui, c'est du moins l'idée que je m'en fais ; l'idée que beaucoup de croyants s'en font.

- Alors, dans ce cas, j'aimerai savoir ce que tu fais du Mal? De cette fameuse question du Mal? C'est un cliché, je sais, mais pourquoi le mal, la souffrance des innocents, l'injustice? Comment expliques-tu cela? J'espère que tu ne vas pas recourir aux sophismes de ces penseurs trop habiles pour être honnêtes. Que tu ne vas pas te livrer à des contorsions intellectuelles et tenter d'expliquer, et de justifier ce qui ne peut l'être?

- Tiens donc... Oui, le Mal existe. Et l'injustice. Et la souffrance des innocents. Et, oui, excuse-moi, je crois pourtant à la perfection divine. Je le crois Tout Puissant. Oui. Mais en toute honnêteté, je ne peux pourtant répondre à ta question sans me donner la désagréable impression de répéter une leçon ou de donner des réponses qui n'en sont pas. Cette discussion commence d'ailleurs à m'ennuyer.

- Je cherche à comprendre. Pourquoi renonces-tu à t'interroger sérieusement sur ces questions. Des questions qui touchent à des choses, tu le réalises, que tu prétends pourtant essentielles pour toi.

- Non, je ne renonce pas à m'interroger. Je fais juste preuve d'un peu de modestie. Quelque chose qui, manifestement, t'est étranger, tout comme Dieu.

- Dieu ne m'est pas étranger.

L'autre avait légèrement tourné la tête vers lui laissant entrevoir un sourire qui n'exprimait rien de moins qu'un mélange d'amusement, de curiosité et d'ironie ; comme on voudra l'interpréter. Puis il reprit son observation méticuleuse de la rue poisseuse souriant toujours.

- Je t'écoute. Là franchement tu m'intéresses.

- Dieu ne m'est pas étranger. Mais ce Dieu que ton absence de questionnement laisse percevoir ne me plaît pas. Dieu est tout puissant et le Mal existe, donc. C'est donc que Dieu veut le Mal?

- Non, je ne pense pas qu'il le veuille.

- Admettons que Sa volonté n'y soit pour rien. Il le laisse avoir cours au moins.

- Ses desseins ultimes peuvent nous échapper, et derrière un mal, parfois...

- La belle affaire! Tu crois vraiment à ça. Tu espères me convaincre avec ces clichés. Avec ces âneries.

- Des âneries qui semblent avoir fait l'affaire de personnages bien plus estimables que nous deux, tu l'oublies...

- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse? Quel grand personnage n'a pas ses faiblesses, ses manques, ses lubies, ses mensonges, ses partis pris? Son ignorance... Pas d'argument d'autorité ici, s'il-te-plaît.

- Soit. Soit... Je pense simplement qu'il faut accepter Dieu en soi. Il ne peut être soumis à nos critères de raisonnement et de jugement. Il faut cesser de chercher à comprendre ce qui ne peut être appréhendé par nos esprits de toute évidence trop étriqués.

- Ah oui! Ne pas réfléchir! Ne pas chercher à comprendre! Bien! Formidable! Il faut prendre Dieu tel quel... soit, mais pourquoi? Pourquoi l'accepter aveuglément?

- C'est Dieu ou ça ne l'est pas.

- Et tu trouves ça convaincant? Quelle valeur a cette adhésion à Dieu? "Je me soumets à Dieu parce que c'est Dieu" ; à savoir, parce qu'il est omniscient, tout puissant, fabuleux. Comme on se soumet à l'arbitraire d'un despote sous prétexte qu'il est puissant et terrible, et qu'il pourrait me causer bien des ennuis si je n'obéis pas à sa loi. C'est ça la beauté de la foi, la grandeur de Dieu?

- Bon, j'imagine que non. Tu as une manière de présenter les choses... Mais que proposes-tu, toi?

- Hé bien pour moi, soit Il ne peut intervenir directement dans Sa création pour diverses raisons; et alors on considère qu'Il n'est pas tout puissant et cela remet en cause totalement l'idée que nombre de croyants se font de Lui. Soit Il a décidé de donner à Sa création une autonomie, une liberté pour des raisons qui nous échappent (et j'accepte là la zone d'ombre). Alors oui, le Mal, dans cette dernière optique, a sa place au sein de l'imperfection, de l'"hors perfection" dirais-je de manière pédante.

- Continue.

- Mais si Dieu est tout puissant. Voit tout. Règne et juge; alors dans ce cas, au regard de l'Histoire des hommes, il ne mérite pas tant d'éloges, crois-moi ; et nombre de ses adeptes ne sont alors qu'une foule d'"intéressés" qui ne sont préoccupés que d'histoires de pouvoir, de Salut et de Paradis. Des laquais selon moi ou, pire, une espèce d'armée d'esclaves qui persécutent et tuent en Son nom.

Pour moi, si je suis cohérent, si je suis conséquent, le Dieu Créateur n'est "aimable" et louable que lointain au regard d'une création qu'il a voulu libre. Et, en même temps, proche comme un père qui nous guide si nous prêtons attention à Sa lumière, et qui nous laisse toujours accès à Lui. Sinon, je te le dis franchement, un amour sincère et absolu pour ce qu'on appelle Dieu nous est impossible.

 

 

16:36 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, dieu, spiritualité, foi

14/05/2011

...

Les apôtres de la Mort n’ont que Grandeur et Pureté à la bouche.


leurs gestes célèbrent avec zèle le Néant,


Etendent l’ombre de leurs idoles.


Dans leurs songes de pieux Narcisse, un Isaac égorgé chaque jour par son père


Et comme Dieu, un Moloch gavé d’holocaustes qui singe la miséricorde.

17:34 Écrit par Neothene dans Epines, Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, spiritualité, foi, dieu

21/06/2010

Instants

L'instant qui semble s'imposer dans une durée qui l'excède,

et l'autre qu'il nous faut rechercher pour en goûter l'ampleur véritable et dissimulée...

L'instant pénible semble ne jamais devoir finir.

L'enfer de l'épreuve passagère se donne des airs d'éternité mais n'en est que le simulacre.

C'est peut-être pourquoi les notions d'enfer et d'éternité sont parfois à ce point liées dans notre esprit.

Mais l'éternité véritable est liée à l'Absolu et ne s'offre qu'à celui qui le cherche.

 

01/02/2010

Désir

Teresa_of_Ávila.jpg
Sainte Thérèse d'Avila - François Gérard

09:30 Écrit par Neothene dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : foi, mystique, désir, extase, dieu, peinture

25/01/2010

Péché

"Dieu n'est offensé par nous que dans la mesure où nous agissons contre notre propre bien."

Saint Thomas d'Aquin - Somme contre les gentils III

23:19 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, religion, dieu, foi, péché

22/01/2010

Chapelet

Des morceaux de nuit étoilée,

un à un égrainés

Dont chaque constellation exprime

Dessine

un des noms multiples de l'Unique.

 

22:44 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : foi, religion, prière, dieu, spiritualité

29/12/2009

Nom

"Au nom de Dieu..."...

De quel droit !?

12:03 Écrit par Neothene dans Him | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualité, religion, foi, dieu

01/11/2009

"Saint" triste... triste saint

"Quoi qu'il fasse : marcher, s'asseoir, peler des pommes de terre, tricoter  ou la chose apparemment la plus superficielle... l'homme peut regarder en dedans et rester ouvert à la chance d'être touché par le divin ; aucune situation de la vie existentielle ne doit être fermeture, on est mobilisé entièrement et continuellement. Mais seule l'attitude juste permet d'avancer et de mûrir sur ce chemin ; cela est impossible si vous êtes crispé, épaules en l'air et contractées, ventre rentré et respiration de surface, décentré... toutes choses qui expriment à l'extérieur ce que vous êtes à l'intérieur : dominé par un moi arrogant, angoissé et solitaire. C'est une prison dont toutes les portes sont fermées ! tant que le petit moi n'a pas fait sauter les verrous et quitté la place, aucun contact avec l'Etre n'est possible... Pensez à tous ces soit-disant "religieux" dont la sainteté apparente n'est qu'une énorme crampe ! Ils ont les traits tirés, les lèvres serrés par l'effort volontaire, le regard ailleurs, le visage sans joie..."

Karlfield Graf Dürckheim - Dialogue sur le chemin initiatique

13:33 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religion, foi, saints, spiritualité, société, religieux

27/09/2009

Ici et maintenant...

"Je pense que la raison est la condition sine qua non pour que le discours sur Dieu puisse aujourd'hui subsister légitimement comme discours sur la vérité. Telle est, en effet, la réalité ultime qui est en jeu quand on parle de Dieu : la vérité. Les histoires lointaines dont la Bible nous parle, y compris celle de Jésus crucifié et  ressuscité, ne font sens que si elles conduisent l'âme à la vie ici et maintenant, à retrouver en elle la présence de Dieu ici et maintenant, dans cette "terrible boucherie" qu'est l 'histoire universelle. La conscience croyante devient libre et mature, et donc en mesure d'engendrer liberté et maturité à côté d'elle, quand elle dépasse ce que la théologie appelle traditionnellement fides quae creditur, autrement dit les contenus de la foi, et les lit comme de profonds enseignements sur la condition humaine qu'il faut actualiser et réinterprêter chaque jour, et non pas comme des comptes rendus historiques objectifs d'un lointain passé dont la destin inéluctable est de devenir toujours plus lointain et toujours plus passé.

[...] La vraie lumière, c'est la vérité, et si nous sommes ici, si le fait que nous soyons sur terre a un sens, c'est pour nous remettre à la vérité, pour la servir, l'accueillir en nous et lui permettre de purifier notre intériorité."

"Si la foi ne fait pas cela, si elle ne produit pas une sagesse pour l'âme en la libérant et en la comblant de joie, de vie heureuse, de regard serein sur elle-même et sur le monde, elle est vaine. Elle peut même être nocive. Mieux vaut un athée heureux et honnête qu'un croyant malheureux et malhonnête. L'objectif est la plénitude de l'humanité, dont la foi est seulement un instrument. Dieu, le principe de l'être, ne nous a pas créés pour que nous croyions, mais il nous a créés pour que nous soyons. Pour que nous soyons des hommes heureux et fiers de l'être, étant porteurs dans la monde de son énergie positive et ordonnée, pour engendrer à notre tour positivité et ordre sous la forme de la justice et de la fidélité. Si être croyant sert à devenir cela, cela vaut la peine de l'être ; sinon, mieux vaut se débarrasser de la foi et de tous ses pesants apparats. Mieux vaut être nu devant l'être et son mystère, plutôt que victime habillée d'ignorance, de superstition, de servilité."

 

De l'âme et de son destin - Vito Mancuso

21/09/2009

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Est-ce encore Dieu que j'aime quand je me plais à l'aimer?

 

23:07 Écrit par Neothene dans Him | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, spiritualité, foi, mystique, dieu

09/09/2009

De plein pied

Je vais probablement franchir le pas.

La chose me paraît nébuleuse, à la fois triviale et effrayante. Je m'imagine... non, je ne m'imagine pas. Mais j'en ai envie. Tout est là pour que la chose se produise : j'ai rencontré l'homme de la situation; celui qui m'a "réconcilier" avec ce monde que je ne percevais que de loin et sur un mode déformé. Ce monde que je pensais par moments un rien ridicule. Il me suffisait juste de me l'approprier et de dépasser le donné immédiat et les apparences.

Alors je vais officiellement embrasser cette foi. J'ai demandé et j'y suis maintenant convié.

Je vais l'embrasser à un moment où elle semble mal en point, où son institution se montre sous un jour déplaisant. Je vais symboliquement rentrer à l'intérieur parce que c'est mon droit de croyant et de personne et que je n'ai cure des positions de certains et de leurs simulacres. Je ne vais pas les laisser s'emparer de mon Dieu ni m'en détourner. Je rentrerai de plein pied, fièrement et humblement à la fois. Fièrement vis-à-vis d'eux, humblement vis-à-vis des autres et de tout le reste.

Les évidences une fois de plus sont là. Tout s'emboîte parfaitement.

Je l'ai dit : je suis convié.

Il n'y a aucune arrogance dans ce que je formule ici. J'affirme, je revendique, pour moi... C'est presque à moi seul que je parle. J'ai dit "presque". (Comprenne qui voudra, comprenne qui pourra).

Et c'est une joie.

Merci... infiniment.

13:22 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religion, foi, christianisme, église, dieu, baptême