Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/10/2012

...

Heureux vivons-nous, sans haine parmi les haineux;

Au milieu de ceux qui haissent, nous demeurons sans haïr.

Dhammapada

22:31 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0)

20/09/2012

...

« Mais voilà : le sentiment d’injustice, en soi, se révélait être étrangement physique. Plus réel même, d’une certaine manière, que son corps douloureux, odorant, transpirant. L’injustice avait une forme, un poids, une température, une texture, et un très mauvais goût. »

Freedom - Franzen

(Je précise que je n'ai pas particulièrement aimé ce roman que je trouve très médiocre, hormis ce court passage qui sonne très juste).

18:50 Écrit par Neothene dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0)

21/08/2012

Maroc 5 mars - Fès (7ème journée)

Lever à 9h00. Nous projetons de nous occuper aujourd'hui de l'achat des cadeaux. Auparavant, il me faut me rendre chez le barbier.Vers 11h00, je m'installe sur le fauteuil. Le monsieur moustachu se saisit de son rasoir et se lance avec grande concentration dans son ouvrage. Un fin rideau vert cache la scène aux passants. Autour de moi, jeu de miroirs. I. est installée sur l'autre fauteuil et attend patiemment tout en prenant quelques photos de la scène après avoir, bien entendu, demandé au monsieur s'il n'y voyait pas d'inconvénient. Au départ, le fait de rester inerte à attendre que quelqu'un fasse les choses à ma place me procure un sentiment d'étrangeté. Je dois préciser que je n'ai jamais mis les pieds chez un coiffeur. Pourtant ici, la chose me paraît plus envisageable, plus naturelle et relevant des petits rites de la vie quotidienne. Vient le tour de ma barbe. Arsenal de tondeuses, de rasoirs.Taille parfaite. Pendant ce temps, la tête penchée en arrière, j'ai tout loisir de jeter un oeil sur le diplôme suspendu au dessus de la glace qui me fait face. Il comporte la photo du barbier. Moustache plus fournie, cheveux plus longs et foncés. La date : il y a quinze ans.

Une fois sortis, nous commençons nos achats. Périple au travers de différents quartiers de la médina. De temps à autres, nous saluons une tête connue : le petit gars du restaurant de tajines ; le petit gars à casquette qui zone toujours les mains enfoncées dans les poches. Une fois, une bonne partie de la mission achats menée à bien, nous repassons par la chambre pour y déposer nos acquisitions et repartons aussi sec en quête du restaurant de cuisine familiale repéré dans notre guide.

A ma grande surprise, car dans la médina le chemin ne me semblait pas dénué de difficultés, nous trouvons relativement facilement, après avoir parcouru des ruelles enfumées. C'est justement dans l'une d'elle que se trouve notre restaurant. Une énorme fumée noire s'échappe de l'entrée. A l'intérieur, des serveuses aux hijabs roses bien ajusté s'affairent tandis qu'un vieux homme au visage de touareg et au turban orange arpente les lieux attentif à l'évolution des repas de chaque tablée. Très amical et énergique, il nous pousse jusqu'aux cuisines où, à l'aide 'une cuillère en bois, il nous fait goûter quatre ou cinq plats différents tandis que deux dames qui nous saluent rapidement s'activent aux marmites. Il nous installe ensuite sur une petite table sur laquelle on nous dépose du pain et de petites entrées. Sur le mur blanc qui me fait face, en hauteur, j'aperçois deux photos encadrées. Sur chacune, le monsieur au turban orange une coupe dans les mains et entouré vraisemblablement de membres de sa famille tout sourire. Lui arbohre sur ces clichés un air plutôt rêveur et un peu mélancolique.

Les tajines qui nous sont servis sont délicieux. Le monsieur au turban vient régulièrement nous servir du thé. A la table à côté trois personnes s'installent. Ils discutent en anglais, mais l'un d'eux s'adresse amicalement au patron en français ; de toute évidence, c'est un habitué, et monsieur B., le monsieur à turban, lui apporte une théiére en argent qu'il examine et devant laquelle il semble s'émerveiller. Elle a probablement été extraite du bric-à-brac d'objets qui encombre la table derrière moi. Des pendules, des théiéres, des sujets en bronze, etc. Les trois personnes de la table à côté ont choisi des tajines de poissons, et trois grandes assiettes remplies en dôme leur sont servies. Mine authentiquement effrayée du plus malingre des trois.

Une fois notre festin terminé, monsieur B. nous apporte en supplément deux trois bricoles qu'il tient absolument à nous faire goûter, plus du thé, plus du pain... Je pense que nous allons probablement finir par exploser. Un festin pour une somme dérisoire. Nous remercions, échangeons avec monsieur B. quelques plaisanteries, puis nous sortons avant de nous perdre un peu dans la médina.

Les écoles coraniques que nous envisagions de visiter sont fermées, de même que l'Institut français du Batha. Nous décidons d'aller prendre le thé quelque part et nous mettons à chercher une adresse dans le guide.A côté de nous, la porte d'un restaurant s'ouvre soudain. Le type nous annonce que si nous voulions entrer le restaurant n'est pas encore ouvert. Nous lui répondons que nous avons déjà mangé, de toute façon. Aussi sec, il nous demande si nous avons apprécié notre repas. Notre réponse positive lui paraît manquer d'enthousiasme ; ça ne devait pas être bien terrible, et venez donc visiter mon magnifique restaurant dans lequel nous ne servirons que des choses fraiches et pas du surgelé. Vous comprenez ils servent tous ça du surgelé, et même dans les plus chers vous savez!

Bien que le propriétaire des lieux nous soit prodigieusement antipathique nous en profitons pour visiter la superbe demeure marocaine. A la suffisance et au mépris affiché pour les gens de sa profession, s'ajoute à ce personnage une allure à l'image du reste. Petit et très bedonnant, allure de niçois parvenu ; un étrange casque de cheveux teints en noir corbeau et très gonflés surpombe un visage d'une soixantaine d'années aux yeux globuleux.

Nous continuons notre périple dans la médina en médisant à plaisir sur le personnage. Nous cherchons une porte quelconque pour attraper un taxi et retourner aux mérinides prendre le thé. Un petit garçon portant une besace sur le point de craquer définitivement sous le poids des livres et cahiers nous salue et nous demande ce que nous cherchons. Il nous mène dans la direction et en chemin nous annonce pour info son tarif. Nous sourions de son culot et le plaisantons gentiment.

Nous finissons par trouver la sortie et nous installons sur un banc dans l'attente d'un taxi. Une femme d'une trentaine d'années s'installe à côté de nous pour profiter du soleil. En plus de ses lunettes de soleil, elle porte par dessus son hijab une visiaire de casquette. Genre de fantaisies vestimentaires insolite en France. Ici le hijab est quelque chose d'anodin, un accessoire presque comme les autres et n'a rien d'ostentatoire. La jeune femme est par ailleurs vêtue d'une grosse veste de cuir assez masculine et porte des jeans. En attendant le taxi, nous entamons la conversation avec elle. Elle nous dit connaître et aimer la France ; elle envisage d'y retourner prochainement. Nous parlons de la crise, des présidentielles (ah ! votre Sarkozy!), et épisodiquement nous plaisantons à propos des taxis qui passent tous plus bomdés les uns que les autres à tel point que nous désespérons d'en trouver jamais un pour nous emmener. Enfin nous finissons par embarquer tous les trois. Arrivée à destination, la jeune femme nous salue et nous souhaite une bonne soirée ; elle me fait vraiment penser à H. notre amie syrienne.

Aux Mérinides, nous prenons le thé tranquillement. Panorama toujours aussi avantageux. Belle lumière de fin d'après-midi.

Non loin de nous, un type assez classe accompagné d'une fille beaucoup plus jeune et d'apparence assez vulgaire. Sa maîtresse probablement. En contrebas, un homme d'une soixantaine d'année s'avance lentement vers une piscine accompagné de sa femme. Il fait deux longueurs et sort. Sa femme le sèche à l'aide d'une serviette et ils repartent d'où ils sont venus. Fin du cérémonial. A la table à côté, l'évasion hors de la routine conjugale. En contrebas, la routine conjugale sanctuarisée.

Après le thé, nous repartons à pieds en direction de la médina ce qui nous donne l'occasion d'une belle promenade. Petite brise. La température baisse progressivement. Beaucoup de personnnes remontent de la médina. La nuit qui tombe peu à peu...

Nous refaisons un tour sur la place de la veille avec tout son bric-à-brac d'objets et de chaussures. Nous repassons par le marché où je ne peux m'empêcher de donner une fois de plus quelques dirhams à un petit qui nous sollicite. I. me plaisante : "Le bienfaiteur de Fès !... Il est temps qu'on parte!". Remontons dans le bar-restaurant de la veille boire un milkshake et profiter de l'endroit. Installés sur la banquette nous regardons quelques photos prises durant la journée, et d'autres de notre fille. Non loin de nous quelques jeunes couples de marocains. Se font écouter du rock sur leur Iphone. En même temps s'élève l'appel à la prière.

Nous décidons de rentrer. En chemin, nous achetons une crêpe “mille trous” qui fera largement office de repas du soir compte tenu de ce que nous avons avalé au cours de cette journée. Pendant que nous nous livrons à la transaction un cireur de chaussures me propose ses services. J'accepte et à ma grande surprise il s'installe aussitôt à l'endroit où nous nous trouvons pour commencer son labeur. Je suis un peu géné par la situation. Des serveurs du restaurant à côté observent la scène et semblent la trouver fort amusante. I. ne peux s'empêcher de rire aussi. Un serveur nous fait comprendre au moyen de quelques signes que le cireur fait du bon boulot. “You have new shoes now!”. Lorsqu'il a terminé, je donne un peu plus au cireur que ce qu'il me réclame. Je ne peux m'empêcher d'éprouver un sentiment de honte. Voir cet homme à mes pieds s'activer sous les rires pour gagner une misère... nous repus, en vacances, en voyage. Je m'imagine à sa place avec mon regard de touriste. Mais que vaut ce regard biaisé? Il fait son métier et c'est tout.

Redescendons jusqu'à notre chambre. Après un coup de téléphone à notre fille, nous discutons de la journée du lendemain, la dernière, et de comment organiser notre départ.

 

00:11 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0)

16/08/2012

Maroc 4 mars - Fès (6ème journée)

 

Lever à 09h00. I. légèrement malade depuis la veille au soir. Nous prenons notre petit déjeuner sur la terrasse sous un beau soleil. Je trouve le mail de C. sur le portable et lui téléphone aussitôt. Il se trouve à 1000 km de nous dans le sud du pays. Echange d'impressions, de plaisanteries plus ou moins bien trouvées, plus ou moins fines comme souvent quand nous discutons tous les deux.

Aujourd'hui, nous restons pas mal de temps dans notre chambre et à profiter de la terrasse. I. en a particulièrement besoin, et cette pause me fait le plus grand bien à moi aussi. Je passe en revue les quelques livres en anglais mis à disposition dans notre chambre : le « récit d'une convertie », une biographie du prophète, un livre sur le Maroc.

Nous ne mettrons le nez dehors que vers13h45 pour essayer la deuxième adresse qu'on nous a conseillée à notre arrivée. Il s'agit d'une sorte de bar-restaurant, près de la Porte bleue, sur plusieurs étages et pourvu de quelques terrasses. L'établissement propose un carte mélangeant cuisine marocaine et nourriture plus « standards ». Installés tout en haut sur des banquettes à l'ombre nous profitons de la vue et de l'ambiance très relax. Ici, les touristes se succèdent. Personnes d'Europe du nord, américains, etc. Mais aussi de jeunes marocains « émancipés » et pas trop désargentés.

Nous sortons, passons la Porte Bleue. Sur une grande place, se tient un marché de bric-à-brac. Des gens proposent divers objets posés à même le sol. Un peu plus loin, des attroupements. Nous nous rapprochons d'un cercle de personnes, principalement de jeunes hommes. Au milieu du cercle, trois personnages : deux hommes d'une soixantaine d'années habillés en djellaba sont arbitrés par un type portant grosse moustache et lunettes noires. Echange de piécettes entre les deux principaux protagonistes au verbe haut. Discussion des deux avec l'arbitre. Puis chacun rivalise à nouveau d'éloquence ; nous ne comprenons évidemment pas grand chose. Le spectacle ne lévera malheureusement jamais son mystère pour nous car personne ne parle français à proximité et ne peut donc nous expliquer de quoi il retourne. I. penche pour un performance de marabouts. Possible. Probable.

Plus loin, autre attroupement et autre spectacle « incompréhensible ». Nous n'attendrons pas cette fois que le mystère s'éclaircissent, nous le snobons en acceptant d'emblée notre incapacité à comprendre ce que nous voyons.

Un peu plus loin, un vieil homme joue du houd et chante dans un micro relié à une sono portative bricolée avec les moyens du bord.

Plus loin encore, des gens armés de cannes à pêche, dont les lignes se terminent par un petit anneau, rivalisent d'habileté pour « ferrer » des bouteilles de soda.

Après avoir tiré un peu d'argent, nous nous réintroduisons dans la médina. Un jeune gars tente de nous proposer ses services comme guide mais nous lui expliquons que nous avons déjà vu la veille ce qu'il se propose de nous faire découvrir. Déception. Une fois de retour à la maison d'hôte, I. s'occupe de confirmer les réservations pour les billets retour.

Sur la terrasse, nous nous reposons et regardons la nuit tomber lentement. Un petit coup de téléphone à notre fille. Prononcés par une toute petite voix les mots magiques : « Allo papa ?!!! ».

Nous décidons de ressortir prendre un verre à l'hôtel des Mérinides où nous nous étions rendu avec K. Remontons jusqu'à la porte et au passage je demande à un petit barbier que j'avais repéré ses horaires pour y passer le lendemain et me faire raser la tête. Nous prenons par le Batha et attrapons un taxi. Le type très sympa et parlant très bien français, nous parle un peu de lui et de son métier. Nous prenons un autre passager en route. Arrivés en haut nous prenons son téléphone pour qu'il revienne nous chercher plus tard.

Sur la terrasse, nous jouissons d'une vue imprenable sur toute la médina de nuit en sirotant des pastis. Vers 21h45, nous décidons de rentrer et appelons notre taxi qui nous ramène très rapidement au Batha. Nous redescendons ensuite tranquillement à pied. Sur le chemin, nous croisons le petit gars qui nous avait guidé contre notre grès deux jours auparavant jusqu'au restaurant. Il nous tient compagnie un bout du chemin avant de tourner pour rentrer chez lui après nous avoir salué. Il ne nous demandera rien. Nous faisons parti du décor désormais. En bas, nous nous engageons dans la minuscule ruelle sombre qui nous mène à notre porte. Nous distinguons les habituels jeunes gars que nous saluons avant de rentrer. Dans la chambre, nous grignotons un peu de pain et de vache-qui-rit, plus quelques pâtisseries orientales. Je prends ces notes rapides pendant qu'I. potasse le guide. Il est tard maintenant et je commence à piquer du nez.

 

11:35 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0)

27/07/2012

Blast : la horde - le chaos - la paix

Début des hostilités. Enorme derrière un léger brouillard l’engin de guerre. Martèlement frénétique, martèlement hystérique. Ininterrompu. Comme cherchant à suivre un métronome devenu fou, un fracas de métal et de peaux malmenées. Tout ploie, tout cède sur son passage. L’autre machine tronçonne, froide et dentelée. Et cette autre serpentant, vrombissant, énorme, qui cèle l’ensemble. A la tête de la horde, le hurlant, le damné, tout de rage et de haine. Il maudit, et maudit encore. Promet le pire. Pas d’ouverture, ni de place pour une quelconque lumière.

Après cela, serais- je contaminé ? Vais-je m’adonner à la haine féroce ? Juger, maudire ? Mes muscles vont-ils se tendre, ma mâchoire se serrer ? Mon corps chercher le choc et heurter à plaisir ?

C’est une paix totale qui s’instaure. Un massacre ? Oui. Celui de mes tensions et de mon ressentiment. Les barbares se sont saisis des barbares, et de tout cela il ne reste plus rien qu’une plaine baignant dans une clarté qu’on jurerait sans fin.

 

 

 

11:45 Écrit par Neothene dans Méditations, Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : metal, musique, blast

23/07/2012

Cage

Pour s’évader de la cage, il est devenu philosophe. Il vous convie maintenant avec force persuasion, emphase et virtuosité à entrer dans celle qu’il s’est bricolé sur mesure.

 

11:39 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : philosophie, liberté, pensée

15/07/2012

Maroc 3 mars - Fès (5ème journée)

Aujourd'hui quand nous nous levons à 8H30, nous sommes déjà réveillés depuis un moment. Comme la veille, nous prenons tranquillement le petit déjeuner sur la terrasse. Nous nous sentons néanmoins beaucoup plus détendus que la veille. Nous avons décidé de nous rendre dans le quartier juif. A 11h, nous empruntons donc la talas seghara jusqu'à la Porte Bleue. Ce trajet ne fait que confirmer l'impression que nous avions déjà éprouvée la veille : cet itinéraire est nettement plus calme que le premier que nous avions choisi, et ici presque personne ne nous alpague. Nous pouvons ainsi flâner tranquillement et observer ce qui nous entoure. Arrivés en haut, nous prenons la direction qui nous paraît la plus à même de nous mener au quartier juif. Mais nous constatons bien vite que la périphérie immédiate de la médina ne s'apprivoise pas plus facilement que l'intérieur de la médina elle-même. Nous errons. Jaran Sbin, le grand jardin avec ses grands palmiers, ses bancs discrets pour amoureux, ses grappes de gars désœuvrés, et ses familles, constitue pour nous une pause agréable. Nous continuons ensuite un peu au hasard, empruntant toutes sortes de ruelles improbables et cradingues. Un gars fait des tours avec une vieille mobylette ; un autre expose à même le sol des bouts de ferraille et des pièces de vieilles machines ; des gosses tapent dans un ballon au milieu d’éboulis et de tas de détritus. Nous apercevons des arrêts de bus. I. pense que nous ne sommes pas très loin du quartier juif. Nous attrapons un taxi qui nous y mène très rapidement. Sur place, de minuscules bars avec leurs chaises en plastique ; de petits étalages de fruits , des boutiques de bijoux artisanaux et de bijoux en or, ou pendent de grandes chaînes du même métal ; des stands pourvus d'une quinzaine de têtes toutes semblables chacune coiffée d'un hijab différent.

Une fois notre tour terminé, nous retournons à la Porte Bleue en taxi et nous mettons en quête d'un endroit où déjeuner rapidement avant que n'arrive le moment de rejoindre K.. Pas loin de l'entrée de la médina, nous tentons de trouver une des adresses conseillées par A., mais nous repérons un petit boui-boui marocain qui propose du poisson frit, des haricots, des frites et des salades. Dans une minuscule salle blanche très haute de plafond et bondée, nous nous installons à une des trois grandes tablées. Assis sur de grands bancs, chacun ingurgite avec enthousiasme le contenu de diverses petites assiettes. Nos voisins nous glissent parfois deux trois mots en arabe et en français. Une dame nous explique de quelle manière manger les petits poissons qu'on nous a servis. Un monsieur comment dire telle ou telle chose, etc. Nous ressortons ravis et rassasiés après avoir payé la note dérisoire au maître des lieux qui, aidé de deux autres personnes, fonctionne comme s'il était pourvu de plusieurs paires de bras.

Nous redescendons par notre nouvel itinéraire fétiche pour repasser par notre chambre avant de retrouver K..

Une demie heure plus tard, à peine engagés dans le "grande descente" nous apercevons K. qui nous fait signe. Il nous demande ce que nous avons vu jusqu'à présent de la médina, et nous invite à le suivre. Notre périple durera deux heures. K. nous fait passer par le pont des cordonniers, la célèbre place des dinandiers où nous les apercevons affairés, frappant d'un geste sûr et inlassable leurs métaux. Nous passons par les ruelles dédiées à la tannerie. Un peu plus loin, des marchands mettent au enchère leurs peaux de mouton. Un jeune gars propose à K. de nous emmener voir les teinturiers. Après nous avoir montrer le site avec ses énormes cuves dans lesquelles pataugent jambes et pieds nus les teinturiers, les pantalons remontés jusqu'en haut des cuisses, il nous fait passer par de petits escaliers, et nous mène en hauteur où nous bénéficions cette fois d'une vue imprenable sur le site. Nous pouvons apercevoir les différents secteurs de la teinturerie comme les cuves dédiées à la chaux, mais nous ne parvenons pas à voir les cuves dédiées aux crottes de pigeons. Quel dommage! Chaque cuve est dédiée à une teinture, laquelle est obtenue à partir d'un produit naturel, nous explique le garçon. I. amusée me montre, plus loin, un troupeau de parfaits touristes installés en terrasse armés d'appareils photos et occupés à mitrailler les cuves. Elle m'explique qu'on leur donne souvent un brin de menthe à renifler durant la visite afin que leur "délicat odorat" soit épargné et qu'ils ne soient pas incommodés par l'odeur de la teinturerie pourtant tout à fait supportable. Le monde entier n'est pas encore aseptisé, et la vie dans certaines contrées, au travers de ses différentes manifestations, se donne encore à percevoir sans filtre et désodorisant...

 

maroc,maghreb,vacances,voyage,voyages


K. donne un peu d'argent au jeune gars pour le remercier. Un peu plus loin, il achète un petit objet artisanal sur un stand et le confie à I. afin qu'à notre retour, elle l'offre de sa part à sa maman.

Nous verrons encore différentes choses : la succession infini de stands réservés aux babouches, aux tissus, aux sacoches, aux caftans, à la vaisselle en métal, etc. Des mètres et des mètres d'objets magnifiques et ouvragés.

Nous passerons aussi devant le mausolée d'un grand saint de l'islam vénéré en Afrique noire, dont ma mémoire n'a malheureusement pas retenu le nom, mais dont le sépulcre fait office de lieu de pèlerinage pour les musulmans de cette région du monde.

Un peu plus loin, au détour d'une rue, à travers une porte laissée ouverte nous apercevons l'intérieur d'une minuscule salle de classe où, très studieuses, de petites filles suivent leur leçon.

A deux pas de notre maison d'hôte, nous nous arrêtons à une épicerie et achetons un assortiment de pâtisseries que nous dégusterons accompagnées d'un thé à la menthe avec K. sur la terrasse. Pendant qu'I. prépare le thé en bas, j'en profite pour faire visiter les lieux à K. Nous nous installons et la discussion s'engage sur l'histoire de l'Islam, ses différents courants, le Coran, la prière. Je questionne K. sur sa conception de la religion, sa manière de pratiquer, sa sensibilité sur la question.

Après cette pause bien agréable en sa compagnie, nous repartons en voiture, et il nous dépose sur ce qu'il appelle les "Champs Élysée" de Fès, car les dimensions de l'endroit, nous explique-t-il, sont directement inspirées de celles de la grande avenue parisienne.

Après avoir mille fois remercié K. pour la balade et pour sa gentillesse, nous redescendons tous deux la grande avenue. Je prends un certain nombre de photos car le lieu me semble vivant et agréable. Une légère brise rend aussi l'atmosphère très plaisante.

Un plus loin, des calèches stationnent le long du trottoir. Elles ressemblent à de grandes cages blanches pour oiseaux. Un cheval réfractaire rechigne à exécuter les ordres de son maître et se couche sur le flan ; deux aides prêtent main forte à ce dernier et tentent de redresser le cheval. Après cinq bonnes minutes, ils parviennent à venir à bout de l'animal, et son maître excédé finit par lui flageller l'arrière train de deux ou trois coups de trique.

Nous nous posons sur un banc avant de repartir à la recherche d'une épicerie afin d'y acheter de quoi manger pour le soir. Une fois, nos achats effectués - petits pains ronds, fromage à tartiner, jus d'orange, yaourt à boire, gâteaux - la fatigue nous tombe dessus et nous nous posons à la terrasse d'un café. I. est visiblement la seule femme installée à cette endroit. Tout autour, des hommes de différents âges et de différents milieux. Mais des hommes ; uniquement des hommes. Pendant que nous sirotons un café au lait - à savoir un expresso noyé dans du lait entier, ce qui donne au résultat quelque chose d'à la fois corsé et onctueux - boisson que j'apprécie particulièrement là-bas, des vendeurs à la sauvette défilent les uns après les autres, et arpentent la terrasse proposant aux consommateurs des cigarettes, des objets artisanaux, des lunettes de soleil, etc. Un cireur de chaussure passe aussi de temps à autre. De la débrouille pour survivre.

Nous partons en quête d'un taxi, mais sur la grande avenue, à cette heure, les taxis se font de toute évidence désirer. Autour de nous quelques groupes de deux trois personnes scrutent aussi le flot d'automobiles en quête d'un petit véhicule rouge aux banquettes libres. Nous finissons par en trouver un déjà pourvu d'un passager installé à l'avant qui se dirige dans la bonne direction. A l'intérieur du taxi, la discussion semble très animée entre le chauffeur et son premier passager. Derrière leur discussion, on peut entendre l'autoradio déverser le flot de paroles passionnées d'un commentateur de rencontres sportives. Quelle que soit la langue employée, on reconnaît immédiatement le débit et l'intonation si particulière et si caractéristique de ce type d'émission. Sans nul doute, il s'agit d'un match de foot. Le chauffeur et son passager discutent-ils de cela ou de politique? Seul un de ces deux sujets peut engendrer ce type d'échanges entre deux inconnus.

Nous rentrons à la maison d'hôte. Après avoir pris des nouvelles de notre fille par téléphone auprès de ses grands-parents et que j'ai fait un tour sur la terrasse, nous nous installons sur des poufs et prenons notre repas servi sur la petite table basse. I. me prête ensuite son portable afin que je consulte mes mails. C. m'a laissé un message et me demande de le rappeler rapidement. Il est de passage au Maroc depuis un mois. Ce grand distrait a bien sûr oublié de m'indiquer le numéro de téléphone auquel je dois le rappeler.

Je m'installe enfin sur le lit afin d'y reporter le détail de nos activités de la journée.

 

20:22 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, maghreb, vacances, voyage, voyages

04/07/2012

Maroc 2 mars Fès - (4ème journée)

Après une nuit médiocre, je me réveille déprimé. J'ai entendu I. se lever et se rendre sur la terrasse au dessus de notre chambre. Je finis par aller la rejoindre et m'installer devant la table basse où l'on a servi un copieux et délicieux petit déjeuner. Nous échangeons nos impressions, et au cours de notre discussion nous décidons, malgré ce mauvais départ, de persévérer et de rester à Fez. J'essaie quant à moi de changer d'état d'esprit et de me défaire de mes impressions de la veille. Nous allons nous préparer et le manque d'intimité qu'offrent les toilettes de notre chambre - avec leurs simples portes saloon pour marquer la séparation d'avec le reste - nous donne l'occasion de plaisanter et de disserter sur les quelques avantages de ne plus être un "couple débutant". Nous décidons ensuite du programme de la journée.
Aujourd'hui, nous sommes vendredi et tout est fermé dans la médina. Nous pensons faire un tour à Raba dans les jours qui viennent car, d'après I., il s'agit d'une ville agréable en bord de mer, ce qui nous permettrait de respirer un peu en dehors de Fès, et surtout de la médina . Nous reste à savoir si la possibilité nous sera donner de partir de la chambre d'hôte deux jours avant la date prévue.
A peine sorti dans la médina mes bonnes dispositions du matin s'envolent : nous sommes harcelés tous les deux mètres, des jeunes semblent se payer notre tête et affichent pour certains une attitude que nous jugeons hostile. Une fois parvenus en dehors de la médina, nous nous promettons de ne pas rester une nuit de plus.
Dans la ville nouvelle, nous nous détendons peu à peu. Nous marquons une pause à la terrasse d'un petit café et songeons à un endroit où déjeuner. I. pense à quelques adresses qu'elle fréquentait. Nous mangeons vite fait dans l'une d'elle : un petit snack pour locaux proposant un petit menu copieux et pas cher.
Nous rejoignons ensuite les anciens collègues d'I.. Attendons en particulier K. qu'I. n'a pas eu l'occasion de voir la veille et qui a été mis au courant de notre passage. I. profite de notre passage dans les bureaux pour envoyer un mail à la propriétaire de notre chambre d'hôte afin de trouver un arrangement en vue de notre départ anticipé.
K. a écourté ses rendez-vous pour nous retrouver et nous le voyons arrivé plus tôt que prévu. Il nous invite à prendre un café pas loin et discute avec nous un bon moment. Il finit par nous proposer de jouer les guides demain dans la médina afin de nous la faire découvrir d'une autre façon, mais nous nous trouvons alors dans une telle disposition d'esprit que nous hésitons à accepter son offre sympathique ; nous ne pensons plus qu'à nous en aller. Nous finissons malgré tout par accepter, et nous donnons rendez-vous tous les trois dans les hauteurs à 19h pour boire un verre au rez de chaussée d'un hôtel, un peu chic, dont la terrasse offre une vue superbe sur toute la médina.
Il est 17h et nous le quittons et partons à pied tranquillement en direction de l'hôtel. Comme nous voulons profiter un peu de la vue tous les deux avant que K. n'arrive, nous prenons un taxi. Celui-ci ne met pas le compteur et nous annonce à l'arrivée un tarif plus élevé que la normale. Nous négocions un peu mais l'échange reste sympathique. "c'est pas cher! A Paris vous payez combien pour un taxi?". Nous ne pouvons évidemment pas grand chose à répondre à pareil argument.
En haut, nous contemplons la vue. Le jour décline peu à peu. Autour de nous un certain nombre de personnes profite du panorama ; plutôt des jeunes. Ambiance calme propice à la rêverie et aux méditations. Tristesse d'I. qui cherche à comprendre ce qui nous arrive : pourquoi elle ne parvient pas à retrouver ce qu'elle aimait ici et à le partager avec moi. Qu'est-ce qui bloque? Pourquoi ça ne prend pas? Au fil de notre discussion, les choses s'apaisent et les noeuds se dénouent. Nous partons un peu plus loin visiter les ruines et prenons quelques photos.

maroc,voyage,fès,maghreb


K. nous attend dans le hall de l'hôtel. Il est déjà arrivé et a profité de son avance pour se détendre. On nous installe en terrasse avec vue plongeante sur la médina. La soirée passe de manière très détendue et agréable. Nos échanges passent par les sujets les plus divers : nos vies respectives ; la politique ; la vie au Maroc ; la famille ; le couple ; les enfants. Il nous fait part aussi de ses difficultés en tant qu'enseignant et de ses espoirs.
Nous nous quittons à 20h30 aux portes de la médina en nous donnant rdv à 15h le lendemain près de notre maison d'hôte. Nous projetons de nous rendre ce soir au premier restaurant conseillé par A.
En descendant, sur le chemin, un jeune gars à casquette nous alpague pour nous proposer de nous accompagner précisément jusqu'au restaurant vers lequel nous nous dirigeons. Il nous tient compagnie jusqu'à la porte. Nous empruntons les longs et étroits escaliers d'un restaurant d'aspect assez typique qui nous mènent jusqu'à une petite salle très joliment décorée et pleine de petits coussins. Nous nous y retrouvons seuls : l'heure est visiblement tardive pour dîner et nous ne sommes de toute évidence pas encore adaptés au rythme de vie de l'endroit. Un jeune homme habillé en tenue traditionnelle - très discret, courtois et sympathique, aux yeux très clairs, et dont les traits renvoient plus aux visages de l'est qu'à ceux des marocains malgré toute leur diversité - nous sert un délicieux tajine couscous.
Après avoir pris le thé et réglé la note, nous retrouvons dehors le jeune qui nous a visiblement attendu, et qui nous escorte de nouveau bien que nous lui signifiions que nous n'avons pas besoin de lui pour rentrer.
Arrivé à destination, il nous demande immanquablement quelque chose, et après moult discussions je finis par lui donner un billet en lui rappelant que nous ne lui avions rien demandé. Il nous remercie et nous souhaite "Bienvenue au Maroc!". Près de notre porte, deux petits gars d'une vingtaine d'années installés sur des chaises en plastique semblent dans un état second ; ils nous sourient et nous souhaitent gentiment la bienvenue et une bonne nuit. Nous remontons, et je suis un peu remué intérieurement : l'impression de percevoir déjà les choses différemment, sous un autre angle. Nous passons par le point internet et I. informe par mail notre propriétaire qu'au final nous resterons à Fès le temps initialement prévu. "Etrangement" nous éprouvons une légère appréhension à l'idée de ne pouvoir rester et que notre chambre aie été cédée pour le lendemain à quelqu'un d'autre.

12:10 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, voyage, fès, maghreb

30/06/2012

Etat

L’année s’est achevée qui continue pourtant comme sourde à son état.
Plus rien ne se passe mais tout te poursuit.

Tu évolues sans trop savoir quoi faire de ce corps alourdi.
Ta gravité même a fait place à la pesanteur.
Comme tu n’aimes pas ce temps qui enfle et accable. Et cette langueur, cette mollesse.

Te tirent autre part de trop nombreux possibles
Mieux vaudrait le mur bête sur lequel s’essayer vainement les poings que ces horizons improbables qui font craindre la bascule dans l’espace sans accroches.

19:27 Écrit par Neothene dans Epines, Méditations, Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0)

09/06/2012

Rêve du 9 juin

Sur un plateau de télévision, deux répliques de ma fille de deux ans et demi, l’une cheveux châtains l’autre blonde, dansent derrière deux micros et chantent avec l’air de bien s’amuser. Dans mon rêve, ce sont les filles de Jacques Higelin. Mon regard s’étend au reste de la scène et je m’aperçois qu’elles sont cinq  au total, toutes identiques hormis la couleur de leurs cheveux déclinée du blond jusqu’au brun foncé.

Je me retrouve ensuite chez Jacques Higelin. Il habite un studio crasseux dont le sol est jonché de cadavres de bouteilles de gin et de moutons de cheveux. Nous sommes tout deux aussi sur une espèce de paillasse qui fait office de lit. Higelin est assis en tailleur à côté de moi, les cheveux en bataille, habillé de vêtements larges, sales et froissés, l’air pas réveillé. Nous sommes dos à la fenêtre, et je me tourne parfois pour regarder la rue à travers la vitre ; nous nous trouvons visiblement rue des écoles dans la 5ème arrondissement, à l’endroit où se trouve normalement le Collège de France. Higelin tente de m’expliquer, au moyen d’un discours à la fois alambiqué et hésitant ponctué de grands gestes, les raisons pour lesquelles il tient à ce que ses filles commencent à faire de la scène dès le plus jeune âge. Je me tourne de nouveau vers la fenêtre et constate que la rue n’est plus la même ; nous sommes maintenant en province ou à l’étranger.

Une dame de cinquante ans, visiblement espagnole ou portugaise, rentre dans le studio. C’est la femme de ménage de Jacques Higelin qui revient des courses et lui rapporte une brosse à dent.rose et blanche Fin du rêve.

 

11:25 Écrit par Neothene dans Nuits | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rêve, rêves

10/05/2012

Maroc 1er mars - Fès (3ème journée)

Jeudi

Lever à 8h00. A. et J. nous tiennent un peu compagnie pendant le petit déjeuner. Nous prenons quelques photos. Il fait frais et brumeux.
Préparation des bagages. Puis nous remercions nos hôtes et prenons avec eux quelques clichés en souvenir, avant de partir escortés par A. jusqu'en bas pour prendre un « petit taxi » ; ici on reconnaît ces véhicules à leur couleur bleue. Nous passons en chemin par une petite épicerie en prévision du trajet en train.
Arrivons très en avance à la gare. Départ du train à 10h40.
Derrière la vitre, les paysages défilent. Paysage vallonné parsemé ça et là de petits lotissements en parpaing ou en briques rouges construits à la va-vite avec les moyens du bord. Beaucoup ne sont pas encore terminés. Parterres et haies de cactus rackets. De très nombreux détritus jonchent le sol ; beaucoup des déchets en plastique comme ces sacs bleus qu'on retrouve absolument partout. Certains endroits font ainsi figure de véritable décharges. Des animaux d'élevage errent ça et là sans aucune barrière pour les arrêter. Des moutons, des vaches, des ânes, des chiens, tous mêlés et circulant entre les maisons, au milieu des champs broutant tout ce qu'ils trouvent. Impression d'extrême pauvreté et de total abandon. J'aperçois de temps en temps un homme ou une femme assis par terre au milieu de ce désordre, le regard perdu. Le train s'arrête soudain pendant une quinzaine de minutes. Au dehors, paysage vert aux arbres quasi absents.
Un type d'une trentaine ou d'une quarantaine d'années s'installe non loin de nous et nous aborde. Il est originaire de Fès. Nous parle un peu de la ville, et de son travail : il fait partie d'une compagnie de transport pour touristes. Message reçu. Comme nous ne semblons montrer aucun intérêt particulier pour cette histoire de transport, il finit assez rapidement par se relever et changer de wagon en quête de clients éventuels.
Le train repart et les paysages  verts ou arides se succèdent de nouveau. Ici un âne, ici un mini troupeau de vaches. Ici une sorte de canal. Plus loin un chien, puis encore des ânes. Encore des cactus rackets disposés en haies, des chantiers, des détritus.
Au niveau de Assilah, les choses commencent à changer un peu. Bord de mer. Des villas. Mais un peu plus loin, nous retrouvons nos vaches vagabondes au milieu de tas de rails rouillés
Le paysage devient progressivement plus vert. Plantations de petits arbres bien ordonnées. Mais par intermittences toujours ces îlots de grande pauvreté. A un moment, I. aperçoit à côté des pylônes d'un grand pont moderne un homme juché sur un dromadaire.
Gare Tletta Rissana. Des gamins jouent au foot devant un grand mur non loin des voies. Autour maisons de plain-pied un peu déglinguées. Quelques tracteurs, signe que le niveau de vie est légèrement plus élevé par ici. Plus loin, malgré tout, une tente rudimentaire installée très près de la voie au milieu de rails rouillés. Quelques ânes se baladent à côté.
Gare Ksar El Kebir. Un peu partout des équerres en béton. Beaucoup d'habitations rouge cerise de deux ou trois étages en forme de cubes.
Puis une longue route de stands de poteries serrés les uns contre les autres.
Ensuite des champs de mandariniers. Beaucoup de petits fleurs oranges un peu partout.
Sidi Kacem. Des infrastructures industrielles. Champs et cultures sont devenus ordonnés. Zone est de toute évidence plus prospère et plus développée.
Enfin, nous arrivons à Meknès. De nombreux tags décorent les murs. Un certain nombre atteste d'une très bonne maîtrise du dessin, et attire l’œil par leur créativité et leur originalité.
Je passe aux toilettes avant que nous n'arrivions à Fès. Le distributeur de savon semble vide depuis longtemps et la cuvette complètement bouchée est remplie de papier en court de désagrégation flottant dans l'urine au milieu d’excréments. J'ai l'estomac au bord des lèvres et je suis heureux de n'avoir fait qu'un très léger repas avant d'y passer.

Arrivée à Fès. Un jeune marocain pas très grand nous attend. Il nous mène jusqu'à un rempart de chauffeurs de taxi. Négociation du prix entre le jeune marocain et un grand et maigre chauffeur à lunettes fumés et à deux de tension. Le prix annoncé nous semble excessif, mais n'étant pas à l'origine de la négociation nous ne discutons pas ce qui a été convenu.
Une fois arrivés aux portes de la médina de Fès, nous payons et suivons notre guide. La descente dans la médina me paraît interminable car je transporte un sac assez lourd que je ne peux faire roulé . De nombreux marchands m'alpaguent en chemin, ce qui m'énerve car je ne comprends pas leur attitude : vue l'allure à laquelle j'avance chargé comme un mulet, je ne suis de toute évidence pas en mesure de m'adonner à une quelconque transaction ; j'arrive à peine.
Une fois parvenus à la maison d'hôte, nous sommes accueillis par A., un marocain d'une quarantaine d'années portant rayban, qui après s'être présenté nous demande nos passeports et les épluche à la manière d'un douanier syrien. Quelques remarques sur les numéros d'enregistrement qui devraient se suivre mais qui ne suivent pas « vous n'êtes pas arrivés en même temps ? », « c'est bizarre ... »; I. et moi nous regardons. Comme la chose s'éternise nous commençons l'un et  l'autre à être passablement agacés. Nous remplissons ensuite une fiche de renseignements et puis montons voir la chambre après avoir été invités à boire le thé sur la terrasse juste à côté, et qu'on nous ait donné un plan de la médina et indiqué une ou deux bonnes adresses de restaurants. Nous ne savons quoi penser, un peu déstabilises et fatigués ; le changement dans un environnement qui nous semble nettement plus oppressant que Tanger ; l'attitude un peu plus strictement "professionnelle" des deux personnes qui nous ont accueillis ici ; tous ces marchands ou autres qui nous ont alpagués tout au long de la descente ; le coût apparemment un peu excessif du trajet en taxi ; nous sommes un peu sur la défensive et mal à l'aise. L'impression d'être ici des porte-monnaie sur pattes dont on cherche à tirer le maximum. Notre première impulsion une fois posés dans la chambre : chercher un moyen de nous en aller rapidement. Nous décidons, dans un premier temps, de nous extraire des entrailles de la médina jusqu'au soir. Pour ce faire, re trajet en sens inverse et re harcèlement incessant ; "Welcome my friend", "hello!", "français?", "please? good price for you !", "cannabis?", "tanneries", "good restaurant", "vous cherchez quelque chose?" etc pendant un bon quart d'heure. Nous nous sentons obligés de regarder fixement devant nous sans répondre et ne profitons de rien de ce qui nous entoure.
Une fois sortis, nous attrapons un taxi pour la ville nouvelle qui nous fera payer un quart de ce que l'autre nous avait demandé à l'aller.
Dans la nouvelle ville, I. retrouve avec joie ses anciens collègues. Je suis heureux aussi de mon côté de ces retrouvailles, et je prends plaisir à jouir de rapports enfin normaux avec des gens d'ici. Une de ses anciennes collègues nous propose de l'accompagner en voiture chercher ses filles à l'école et à la crèche. Durant le trajet, échange de souvenirs, discussion sur la situation actuelle, notre ressenti en ce qui concerne la médina - elle nous explique qu'elle n'y met jamais les pieds - et ce que nous projetons de faire, à savoir partir en direction d'une autre destination et trouver un prétexte pour annuler prématurément notre séjour.
Après avoir récupéré les trois petites, très mignonnes, la collègue d'I. nous dépose en centre-ville. Nous nous promenons tranquillement un petit moment et nous sentons soulagés ; ici, nous pouvons marcher librement sans être détaillés ni importunés. Je retrouve un peu des sensations de notre voyage en Syrie lorsque nous errions au hasard dans Damas. I. me mène jusqu'à une pizzeria dans laquelle elle avait l'habitude de déjeuner assez régulièrement lorsqu'elle résidait ici. L'ambiance est très détendue et le dîner très agréable. Durant ce repas, nous réfléchissons à un moyen de partir.
Il nous faut nous en retourner dans notre chambre. Une fois déposés par le taxi nous retraversons toute la partie de la médina par parvenir au logement. La plus grande partie des boutiques est fermée ce qui ne nous empêche pas de nous faire encore et encore alpaguer pour nous attirer à des restaurants, pour nous refourguer du cannabis, etc. Des grappes de gars zonent les mains dans les poches un peu partout et nous regardent passer. Je suis tendu et la légère appréhension que je ressens chez I. qui agrippe le bras un peu crispée n'arrange pas les choses. Quand enfin nous arrivons à proximité de la chambre d'hôte, nous sommes obligés pour la regagner de nous engouffrer dans une minuscule et obscure artère  à l'entrée de laquelle un groupe de quatre ou cinq jeunes mecs sont en train de tirer sur le joint qu'ils se font passer. Ambiance.

23:46 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, vacances, fès

07/05/2012

Après les urnes

Nous sommes bien organisés. Défilé d’enveloppes. Eclosion de bulletins. Une quasi routine, déjà. Parfois, en d’interminables séries de papiers semblables, le hasard semble vouloir nous signifier quelque chose. Pour la première salve, je suis celui qui énonce les patronymes. Pour la deuxième, la tête inclinée et reposant sur la main gauche, coude sur la table, le stylo bleu dans la droite, je fais des bâtons sur une feuille ; je souris intérieurement car je me fais, à ce moment précis, l’effet d’un étudiant qui s’emmerde en prenant des notes de cours, et simultanément d’un écolier apprenant à écrire.

Des accidents viennent parfois casser cette routine. Un bulletin suspect émerge lentement d’une enveloppe ; ce sont deux bulletins soudés comme des frères siamois par un crachat. Plus tard, une enveloppe perd sa raison d’être : qu’est-ce qu’une enveloppe qui ne renferme rien ? Plus tard encore, faux choix, un nom barré d’une croix. Et puis celui-là, enfin : au dessus du nom du candidat cette bien belle sentence entre guillemets : « choisir c’est renoncer ».

 

15:49 Écrit par Neothene dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elections, présidentielles, hollande, sarkozy, président

04/05/2012

Se délester

 

…et comme tu avais invoqué plus qu’évoqué le passé, il t’a joué son tour. Comme passé par une brèche, ce visage s’est matérialisé devant toi ; un visage plus marqué, passé instantanément du chiffre quarante à cinquante-cinq. Ah, quelle surprise ! Et le visage sourit et annonce  je quitte définitivement Paris dans trois semaines. Le passé s’engouffre partout, puis se barre par où il peut, comme un courant d’air qui s’est juré de vous faire attraper la mort.

 

17:47 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : passé, existence, vie, souvenirs

S'appesantir

Parce qu’il t’a suffi de baisser

Un temps soit peu,

Un temps soit trop,

La tête pour apercevoir le gouffre

Et pris de vertige,

En sentir de nouveau l’appel.

 

15:14 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : passé, vécu, existence

24/04/2012

Bidoche...

En écho à un des postes très récents d’une amie, je voudrais aborder ici la question du végétarisme.

Je tiens à préciser que je ne suis pas encore ce qu’on peut légitimement appeler un végétarien, et peut-être ne le serais-je jamais totalement. Actuellement on pourrait me dire - si cela a un sens -, semi végétarien : je me suis, pour l’instant, contenté de réduire au maximum ma consommation de viande ; j’en mange une à deux fois par semaine, ce qui est peu, mais suffit à me mettre à l’abri de carences éventuelles, car je n’ai pas encore bien adapté mon régime alimentaire à l’absence totale de viande. C’est une démarche évolutive et, à terme, il est possible que je finisse par m’en passer totalement.

Pourquoi ce choix ? 

Rien, en effet, dans mon histoire personnelle ne me prédispose particulièrement à devenir végétarien. J’aime la viande et j’ai toujours aimé en manger, et bien qu’ayant été entouré d’animaux toute ma jeunesse, je n’ai jamais vraiment à l’époque fait de lien entre eux et mon régime alimentaire. Manger de la viande était dans l’ordre des choses, il fallait en manger pour être en bonne santé ; aucune interrogation sur ce sujet autour de moi ; aucun lien véritable dans mon esprit entre les animaux qu’on mange et ceux qui nous accompagnent dans notre vie ; un lien abstrait, tout au plus, aussi abstrait que celui qui relie dans notre tête la vache broutant paisiblement dans son pré et un beefsteak. Lorsque je fouille dans ma mémoire, j’y retrouve le vague souvenir d’une émission télévisée sur les abattoirs, avec cette image d’un cochon suspendu par les pattes arrières qu’un type découpait en deux vivant avec une scie circulaire ; image atroce mais que mon esprit de gamin s’est empressé d’oublier. 

C’est bien longtemps après, jeune adulte, que j’eus mon premier véritable choc. Une séquence brève (à la télévision encore) : un fourgon mène des animaux à l’abattoir dans des conditions atroces ; une autre image vient se superposer aussitôt : celle des camps d’extermination. Je ne peux ensuite me défaire de cette image qui finit par modifier totalement mais temporairement mon rapport à cette réalité. Je me rappelle très nettement à cette époque de l’impression éprouvée une fois à la vue d’un étalage de poissonnerie dans un supermarché ; je vois les poissons l’œil vitreux, gueules ouvertes, tels des cadavres empilés. Entendez bien : je ne vois plus abstraitement de la nourriture, un étalage de produit, mais je vois des corps sans vie jetés les uns sur les autres ; la réalité brute de la chose sans filtre mental.

Pendant quelques temps, je deviens littéralement incapable ne serait-ce que d’envisager de manger de la viande. Mais peu à peu, la croyance très enracinée et relayée partout du caractère indispensable pour la santé de la consommation de viande m’incite malgré tout à consommer régulièrement du poisson et des fruits de mer ; pour me calmer ma conscience, ma logique est la suivante : n’étant pas des mammifères, ces êtres à l’intelligence et la conscience réduites ne souffrent pas comme nous et leur parenté avec nous me semble pour le moins lointaine. Je me persuade de cette manière fort commode, et le temps aidant, mon premier choc perd en intensité. Ma conscience est ainsi apaisé et ma santé à l’abri. Tout est pour le mieux.

Mais après un an de ce régime, je finis par capituler, me convainquant progressivement que je me prive d’un plaisir de la vie, et que la frustration n’est pas en soi une chose souhaitable pour mon équilibre. Et puis je mange déjà d’autres animaux, alors… Je me mets donc à manger frénétiquement des Kebabs pour venir consoler cet être partiellement frustré que je pense, peut-être à raison, être devenu. Je suis redevenu un omnivore amateur de barbaque ; il faut dire aussi qu’à l époque je partage ma vie avec une personne plutôt carnivore et absolument personne autour de moi n’est végétarien, bien au contraire ; cela a aussi pu jouer en faveur de cette évolution. 

Ce n’est que tout récemment que cette question s’est reposée à moi. Tout d’abord par un carême que je passe il y a deux ans en m’inspirant de la pratique orthodoxe où l’on proscrit tout produit de type animal, lait compris. J’apprends donc pendant une longue période à me passer de ce type de nourriture.

Mais le plus important : plus récemment, plusieurs livres m’interpellent et replacent le sujet au cœur de mes préoccupations. Avec l’autobiographie de Gandhi, je me retrouve confronté à la question du végétarisme (visiblement fondamentale  pour l’auteur). Et je réalise cette idée pourtant fort simple : beaucoup de gens à travers le monde vivent très bien sans jamais consommer de viande ; voilà le dogme diététique mis à mal. Je perçois la démarche de Gandhi comme une volonté très forte de mise en adéquation des actes de la vie quotidienne et des conceptions spirituelles et philosophiques. Ce qui me séduit, car depuis quelques temps  je me méfie des idées abstraites et des raisonnements purement spéculatifs. Seul ce qui s’ancre profondément dans l’existence et l’expérience, ce qui admet le changeant, le paradoxe dans toute leur dimension existentielle, bref ce qui me paraît refléter véritablement la condition humaine et la vie telle qu’elle est trouve grâce à mes yeux.

Un peu plus tard encore, je suis séduit par le livre de Marcela Iacub, Confessions d’une mangeuse de viande que je trouve très pertinent, humain et non dénué d’humour. Je jette aussi un œil sur celui de Safran Foer, très différent de celui de Iacub mais tout en nuances et modération et très complet. Les lectures de livres tournant autour du bouddhisme auxquelles je me suis adonné très récemment n’ont pas manqué elles aussi de jouer leur rôle dans cette prise de conscience. Quelques rencontres y ont sûrement ici aussi leur part.

Aux affects et  à l’empathie, se sont mêlés, grâce à mes lectures, des considérations d’ordre existentiel,  d’ordre écologique et d’ordre spirituelle, et le végétarisme me semble aujourd’hui quelque chose d’envisageable et de souhaitable.

Mais la vie (une certaine forme de maturité, qui sait ?) m’a rendu un peu plus pondéré, un peu plus sage peut-être (au sens où je pense être plus à l’écoute de moi-même et de mon fonctionnement), que je ne l’étais encore il y a peu. J’évolue donc dans cette direction tranquillement, naturellement et sans me contraindre. Je n’éprouve pour l’instant aucun manque, aucune frustration et je ne m’interdis rien. Par exemple, j’accepte sans problème de manger de la viande lorsque je suis invité chez quelqu’un ; premièrement, parce que j’en mange un peu déjà à la base et que les gens sont de toute façon rarement au courant de mon choix car je ne porte pas mon quasi végétarisme en étendard et ne veux ennuyer personne avec des dispositions qui ne regardent que moi (pas de menu spécial réservé à mon attention, donc, ni de repas végétarien pour tout le monde pour simplifier les choses). Je pense que ce fonctionnement est de toute façon plus apte à inscrire ma démarche dans la durée. Fin du laïus.

 

17:40 Écrit par Neothene dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : végétarisme, alimentation, régime

25/03/2012

Maroc 29 février - Tanger (2ème journée)

Petit déjeuner sur la terrasse. Discutons avec A. et J. de ce que nous avons fait la veille. J. nous conseille de régler la question des billets de train à l'avance pour éviter stress et tracasseries. Je demande à A. lorsqu'il vient rechercher notre plateau si éventuellement ils acceptent d'accueillir des enfants. Il me répond par la négative ; le lieu comporte trop de dangers pour un petit, pas avant 13 ans. Avec les escaliers très raides, la terrasse, etc. « It's not a good idea ». Mais lorsque nous redescendons ils nous attendent tous les deux au niveau de la cuisine. J. nous demande quel âge à notre enfant, si nous avons une photo d'elle, la trouve très mignonne et nous explique que maintenant qu'ils nous connaissent un peu, ils peuvent peut-être envisager le fait que nous emmenions notre fille une prochaine fois.
Descendons par la médina jusqu'à l'avenue Mohammed VI que nous empruntons pour rejoindre la gare et acheter nos billets à l'avance. A. nous a indiqué comment rejoindre la gare et la durée approximative du trajet à pieds. Plage et palmiers d'un côté, immeubles ultramodernes de l'autre, avec ici et là un certain nombre de chantiers et d'immeubles en construction.
Autour de la gare, même panorama. Sur les pelouses et les terre-pleins des ouvriers prennent leur pause déjeuner. Certains sont allongés et semblent dormir.
Une fois munis de nos billets, nous prenons un taxi avec lequel il faudra marchander car il nous fait de toute évidence un tarif spécial touristes. Arrivés sur la place du grand Socco, nous remontons un rue sur la gauche en direction de la partie moderne de la ville. Dans une petite descente sur la gauche un peu après quatre cinq parterres de lunettes de soleil et d'accessoires se tient le restaurant où nous projetons de déjeuner spécialisé dans le poisson. Nous demandant s'il est réellement ouvert en raison du gros bout de bois qui en condamne l'accès, nous finissons tout de même par entrer sur invitation d'un des serveurs. A côté de la table où on nous installe, un couple de français accompagnés d'une petite fille de 5 ou 6 ans est en train de déjeuner. Un serveur d'une quarantaine d'années, crâne tondu nous apporte régulièrement les plats qui composent ce repas très copieux. A chaque plat apporté, le serveur nous lance un « bonjour ! Comment ça va ! Et les enfants ? La famille ? » Etc... Le petit manège qui m'amuse au début finit par me lasser. La fatigue occasionnée par la journée de la veille commence à me tomber dessus. Le côté sympa des gens du restaurant, à tort ou à raison, me paraît factice. Un vieux homme dont on ne connaît pas la fonction au sein du restaurant passe de table en table pour s'informer de l'avancée de chaque repas, si tout va bien, etc. Mais les choses s'éclairent lorsqu'à la fin du repas il nous invite à le suivre dans une salle derrière. Là, nous découvrons son énorme marmite en cuivre ; il y fait mijoter un des plats pour la journée du lendemain. Il nous offre un petit panier en osier avec une poterie et des ustensiles en bois. Lorsqu'il apprend que nous sommes mariés, il nous mène de nouveau au fond où il nous offre une petite boîte remplie d'une huile dont il nous explique les vertus multiples et l'utilisation.
Sur le chemin pour rentrer, nous nous faisons alpaguer pour un vieux bonhomme à lunettes habillé d'une djellaba. Je le reconnais : sur le chemin la veille, il nous a proposé discrètement du cannabis. Je n'aime pas son regard et il ne m'inspire aucune confiance. Mais je commence à être vraiment fatigué et j'ai du mal à m'en dépêtrer. I. finit par s'en méler. L'homme lui dit alors quelque chose que j'identifie à une insulte, et lorsque cette fois vraiment énervé je vais pour le remettre fermement à sa place, I. m'empêche d'intervenir. Nous nous chamaillons : I. n'a pas entendu d'insulte mais une exclamation et elle me reproche de ne pas me montrer suffisamment ferme d'emblée avec ce genre de personnes. Je suis quant à moi persuadé qu'il l'a insultée, et je ne comprends pas qu'elle m'ait empêché de réagir tout en me reprochant de ne pas me montrer assez ferme. Je reste silencieux et tendu lorsque nous rentrons. Et lorsque nous ressortons je ne suis toujours pas parvenu à me défaire de ma mauvaise « tournure d'esprit ». Tout me pèse et je n'ai plus du tout envie d'être là ; l'enchantement de la veille a disparu pour ne plus laisser place qu'à la déprime et au dégoût. Nous marchons longuement et un peu au hasard des rues. Je me force à prendre quelques photos.
Après avoir tenté de nous rendre à deux adresses conseillées par A. et J. mais malheureusement fermées, je propose à I. de nous rendre au Café de France. A. nous a conseillé la veille de nous y arrêter pour observer les gens et la vie de la rue. Nous y installons et je ne parviens toujours pas à sortir de mon mutisme ; je prends conscience que je suis épuisé et les mots me reviennent peu à peu. Echangeons nos impressions. La parole me déleste du fardeau comme par magie. Les émotions trouvent enfin des mots pour les exprimer. Je me sens toujours fatigué mais soulagé. Nous restons un bon moment à observer les gens à l'intérieur et à l'extérieur du café. I. m'explique la nécessité de trouver par moments des « zones de replis » comme celle-ci.
Repartons pour notre hébergement. Toujours dans le même tronçon de ruelle, un autre type m'alpague auquel je ne réponds tout simplement pas. Puis un autre un peu plus loin qui joue visiblement les rabatteurs pour un restaurant et que je garde lui aussi à distance.
Arrivés à la maison d'hôte, nous passons un moment sur la terrasse. La nuit est tombée. Un Muezzin  lance son appel, puis un autre, et un autre, et un autre. Polyphonie à laquelle cette fois je ne trouve plus aucun charme. Je reste un peu indifférent à regarder les lumières de la ville. Un peu plus loin, on aperçoit celle de l'Espagne. I. tente de prendre quelques photos de nuit avec son portable et je reste affalé à regarder le panorama. Comme je suis crevé, tendu, mon esprit tend comme chaque fois dans cette situation vers une sorte d'irrationnel ; je suis un obnubilé par l'idée qu'I. Puisse laisser tomber par maladresse son téléphone dans le vide. Pitoyable.
Nous descendons vers 20h00. A. et J. sont en bas et nous demandent comment s'est passé cette journée. Ils nous proposent de faire du feu dans le gigantesque poêle car le temps s'est considérablement rafraîchi. Faisons part chacun de nos impressions, nous les questionnons sur leur parcours, leurs origines, etc. Comme nous envisageons de nous rendre au restaurant un peu classe et tranquille que nous n'étions parvenu à trouver la veille au soir, A. nous propose de nous faire accompagner par H., un monsieur très chaleureux et courtois.
Au restaurant, ambiance tamisée. Presque personne dans ce décor à la fois classe et minimaliste. Un français un peu chic d'une cinquantaine d'années et un jeune marocain très sympathique nous accueillent. Le jeune homme viendra régulièrement nous voir tout au long de ce repas composé de tajines et de vin ; nous discutons d'expressions arabes, de prononciation ; il rit un peu de notre difficulté à prononcer certaines lettres.
Au final, nous passons une excellente et reposante soirée.
H. nous attend à la sortie du restaurant. Je ne peux m'empêcher de me sentir un peu gêné par la situation, mais I. me dit que les choses étaient convenues de cette manière. H. nous souhaite bonne nuit et nous rentrons nous coucher.

23:49 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, voyage, vacances

17/03/2012

Coulé dans le béton

 

Du terne, du plat, du gris, des chemins trop balisés.

Des uniformes, partout de l’uniforme.

Jusqu’aux visages.

Traits sans esprit ?

Où était donc passée la vie ?

De retour, les premiers jours, j’ai cru mourir asphyxié.

Coulé dans le béton.

Mais le béton se fissure.

Comme toujours, de haute lutte, la plante se fraie son chemin.

Vers la source, la lumière.

Qu’on ne l’oublie pas, la nature reprendra toujours  ses droits.

Malgré nous si besoin.

 

Le sol d’asphalte pour plancher

Le ciel sans étoile pour plafond,

Le vacarme des carcasses de tôles hurlantes pour musique.

Chez  moi partout.

Même ici.

 

13:56 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (3)

12/03/2012

La lampe, le brasier, la nuit

 

La lampe qui nous éclaire,

Certains voudraient étendre partout sa flamme,

Et en faire un brasier.

Alors les cendres,

Alors la désolation.

 

La lampe qui nous éclaire,

Certains par peur de l’incendie,

Ou par vanité et suffisance

Voudraient n’en plus voir la flamme et l’étouffer pour toujours.

Alors ils râlent et rampent dans les ténèbres et la boue.

 

10:29 Écrit par Neothene dans Méditations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualité

11/03/2012

Maroc 28 février. Tanger.

Décollage à 8h30. Nous traversons un plafond de nuages. Impression de tout laisser derrière moi. Puis à l'horizontale, enfin. Belle lumière rose. Nous planons au dessus d'un tapis de nuages  granuleux extrêmement compact. Après avoir pris le petit déjeuner servi par la compagnie et potassé la brochure laissée à notre disposition, je constate que nous survolons déjà l'Espagne. Files d'éoliennes le long des crêtes des massifs espagnoles. L'altitude est maintenant supérieure à 10 000 km et la température de -74° à l'extérieur. Traversée du Détroit de Gibraltar très rapide. Nous sommes presque arrivés. Nous survolons la côte à si basse altitude que j'ai l'impression que nous allons atterrir sur la plage.


A l'aéroport de Tanger. Change. A la sortie, F. nous attend. C'est un jeune marocain très sympathique d'une trentaine d'années environ à la voix rauque de grand fumeur, habillé en jeans et blouson de cuir avec sur la tête une casquette à l'ancienne qu'il porte la visière au raz des yeux ce qui lui donne un peu des airs de macho italien ou espagnol. Il nous invite à monter à l'arrière de sa minuscule fourgonnette rouge. L'intérieur vaut le détour : nous sommes assis sur une banquette à ressort avec un tapis marocain à nos pieds. A l'avant, le tableau de bord est recouvert d'une sorte de fourrure ; aux poignées entourées de bandanas rouges de chaque côté du pare-brise sont attachés des schtrompfs en pluche. J'observe la vie tout autour. Impression de liberté dans les attitudes et de vitalité. Les gens traversent les rues à l'arrache, les banquettes arrières des taxis couleur sable supportent quatre personnes, de jeunes gars sans casques slaloment en mobylettes entre les voitures et les gens.
Durant le trajet, F. hèle plusieurs personnes à travers la portière ; il s'arrête parfois cinq secondes pour leur parler. La taille de son véhicule lui permet de circuler dans les artères de la médina et nous arrivons très rapidement chez nos hôtes.

A. et J., couple d'américains d'une cinquantaine d'années installés à Tanger sont très décontractés et sympathiques, un peu baba mais en plus chic et sobre. Ils nous font visiter une petite chambre au rez de chaussée dans les tons vert émeraude très haute de plafond et recouverte par endroits de mosaïque. Une fenêtre avec vitraux de couleur protégée par un grillage ouvragé donne sur la rue et sur une fontaine. L'ensemble est à la fois très joli, typique et intime. Nous visitons ensuite le reste de la maison toute en hauteur. Les escaliers recouverts de mosaïque sur très étroits et très raides. A un étage, un coin cuisine ; à un autre, un coin salon, etc. Nous finissons par arriver sur une petit terrasse pourvue d'un coin véranda qui offre une vision panoramique de toute la médina. On nous y installe pour prendre le thé tranquillement. Nous y restons une petit heure à jouir de la perspective offerte par l'endroit. Pas très loin, la mer. Tout autour de nous, une juxtaposition de petites maisons blanches avec terrasses et fouillis de paraboles et d'antennes télé. J. remonte nous voir et nous propose de faire le tour du quartier pour nos donner quelques points de repères dans ce labyrinthe et quelques bonnes adresses. Durant une demie heure,    A. nous explique un certain nombre de choses et nous donne des repères visuels ; son attitude et celle de J. et les relations très amicales qu'ils semblent entretenir tous deux avec les gens du quartier témoignent de leur intégration dans la vie de la médina. Arrivés à la grande place, après nous avoir demandé si nous nous sentions capables de retrouver notre chemin, ils nous laissent profiter de la ville.

Parmi les adresses qu'ils nous ont indiquées, nous nous rabattons sur une toute petite gargote sans enseigne. Une femme aux yeux clairs assez jeune et très gironde nous montre, exposés sur le comptoir derrière lequel elle se tient, les différents tajines du jour. Nous nous installons sur l'unique table placée au milieu de la petite salle et recouverte d'une toile cirée. Le long des murs autour des supports permettent aussi à quelques personnes de se poser pour prendre leur repas. Je contemple un court instant le gros frigidaire sixties vert et un peu délabré placé à côté de l'entrée. Deux ou trois matous rentrent et sortent régulièrement, inspectant les lieux à chaque passage dans l'espoir de glaner quelques bricoles. Comme nos voisins de table, nous savourons notre tajine tout en jetant régulièrement un œil sur la petite télévision placée tout en hauteur qui diffuse les informations du jour. Les sujets internationaux abordés de même que la manière de les présenter donnent quelque chose de visiblement similaire à ce que nous connaissons ; sans connaître la langue nous comprenons en substance ce qui se dit dans la lucarne.

Une fois sortis, nous décidons d'aller sur la petite place plus bas prendre le thé à l'adresse conseillée par J. même si l'endroit n'a à première vue  rien de bien réjouissant comme elle nous en a avertis. Une minuscule salle donne directement sur la rue et en terrasse, assis dans deux chaises en plastique en triste état, deux vieux marocains en tenues traditionnelles et à l'air rugueux fument le kif au moyen de longues pipes sculptées. A l'intérieur quelques tables le long d'un mur, au fond on discute et on fume visiblement la même chose qu'en terrasse. Sur le côté, un homme d'une quarantaine d'années affairé derrière de petits réchauds à gaz rudimentaires nous souhaite la bienvenue. Il se rappelle de nous, il nous a vu passer tout à l'heure avec A. et J. qui l'ont salué de loin. I. prend un grand café au lait et moi un thé à la menthe. Un vieux monsieur en djellaba se tient assis à la table juste devant nous. Le patron du café change de chaîne sur la petite télé placée en hauteur à l'entrée ; il met une chaîne européenne. C'est une marque d'attention à notre endroit. I. me fait remarquer à juste titre qu'on imagine assez mal la chose transposée chez nous : imaginez un marocain en djellaba ne parlant presque pas français qui se pointerait dans le micro troquet d'une petite ville  française, et à qui on mettrait Al Jazira par courtoisie. Surréaliste. Sur l'écran des mannequins aux tenues on ne peut plus minimalistes se déhanchent de manière très marquée en parcourant un long podium. Le vieux homme devant nous trouve le spectacle visiblement plaisant et très amusant. Il nous prend à témoin de ce qu'il voit avec force gestes, se cache les yeux, puis fait mine de repousser des deux mains les images en riant et en détournant la tête. S'en est trop pour lui, il n'a plus l'âge. Nous rions avec lui de la situation. De temps à autre, en arrière fond, un chant de coq sort de nulle part. Puis le vieux homme finit par se lever une fois bu son thé et nous salue d' un « aureuvoir » en nous souriant.

Une fois sortis, nous déambulons au hasard des ruelles. Nous finissons par atterrir dans un marché proposant viande et poissons. Ici, moi qui aimerais être végétarien si je n'aimais pas tant la viande, je suis mis à rude épreuve. Tout autour de moi des chapelets de viscères qui pendouillent, des pieds de moutons fraîchement découpés entreposés par terre ; ici et là des flaques de sang séché, des poulets démembrés accrochés un peu partout ; un peu plus loin, un type qui grattent un patte de mouton, et puis l'odeur, et cette énorme tête de bœuf renversée sur un comptoir et partiellement dépiautée et puis ces quelques mouches qui voltent autour de tout ça. Est-ce dû à la traversée de cette partie ? mais la salle dédiée à la poissonnerie, avec ses énormes tas de poissons jetés les uns sur les autres sans glace pour les conserver, ne m'inspire guère plus. L'exotisme peut résider aussi dans ce genre de choses.
Repartons, espérant grâce aux conseils avisés de A. retrouver rapidement notre logement. Après quelques allers et venues et bien des hésitations, nous parvenons enfin à bon port.

Sieste. Au dehors la rue comme si nous y étions. Mais je suis si fatigué qu'une fois endormi le muezzin ne parvient même pas à me réveiller. Trois quarts d'heure plus tard, j'ouvre les yeux. Au dehors des petits sont en train de jouer à proximité de la fontaine. Beaucoup de rires. Des bruits d'eau. Un chat qui s'est réfugié sur l'appui de notre fenêtre se fait asperger d'eau ; les gouttes viennent s'écraser sur les vitraux et je vois la silhouette du chat qui se recroqueville.

maroc,vacances,voyage,carnet,maghreb


Sortons nous promener le long des remparts donnant sur la mer. Le temps est très agréable. Autour de nous beaucoup d'enfants et de vie. Puis un homme en djellaba qui sort de chez lui nous salue et nous indique que nous sommes dans un quartier musulman et ancien. « Rien de moderne par ici. Quartier musulman. Les Falaises... ».
Nous finissons par atterrir sur une petite place pourvue de quelques bancs en bois un peu déglingués. Autour de nous, des mères avec les enfants et des jeunes qui discutent. Puis repartons et nous retrouvons sur la place du Grand Socco où A. et J. nous avaient laissés en fin de matinée. Plus haut, la partie moderne de la ville. Beaucoup d'animation en ce début de soirée.


Très fatigués par notre longue marche et par le voyage, nous décidons de retourner nous reposer à la maison d'hôte. Il nous faut retrouver notre chemin dans le méandre des ruelles. Un vieux homme nous entreprend et veux nous montrer une boutique « pour le plaisir des yeux seulement. Pas pour acheter. ». Pensant qu'il s'agit de sa boutique, nous nous montrons courtois et acceptons de le suivre. Il nous mène jusqu'à une boutique d'herboriste et nous présente avant de s'éclipser à un homme d'une trentaine d'années qui se lance dans un exposé de son activité. L'homme nous fait sentir différents produits et nous en explique les vertus. J'écoute distraitement et mes yeux parcourent les longues rangées de gros bocaux exposés sur les étagères. Il finit par nous laisser « regarder » pour accueillir deux autres personnes (des locaux cette fois). Nous restons le temps minimum par politesse, puis ressortons en le saluant. « A bientôt. N'hésitez pas à repasser ». Une fois dans la rue, le vieux homme en djellaba nous attend et après quelques pas nous demande quelques dirhams. Nous refusons poliment. Après avoir fait un crochet par un petite épicerie, nous rentrons et passons une partie de la soirée sur la terrasse à profiter de la vue tout en mangeant de la vache-qui-rit sur du pain et en buvant un soda à la pomme très sucré.

15:26 Écrit par Neothene dans Où je vis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, vacances, voyage, carnet, maghreb

23/02/2012

Seul dans notre rue

Il habite dans notre rue.


Il a un peu une tête de Christ, avec ses longs cheveux un peu torsadés qui tombent de chaque côté du visage et ses yeux très clairs.


A cette tête, il manque pourtant quelques dents ; je m’en suis aperçu l’autre jour. Rien d'étonnant à cela.


Sa voiture est toujours garée au même endroit, et chaque fois que je passe, je l’observe en pensant à lui. Elle est au « point mort », inerte. Bien des pensées et de sentiments me traversent à ce moment. Des questions se posent auxquelles je ne trouve aucune réponse.
Il faudrait faire quelque chose.
Mais quoi ?


L’autre jour, quand tu es passée, la rue était bloquée par une voiture de police. Un peu plus loin s’éloignait un camion de pompiers. Et sa voiture avait une portière grande ouverte qui laissait deviner qu’elle était vide. Alors des scènes sont repassées dans ton esprit. Tout s’est agencé, et tu t’es dit ça y est, c’est fini pour lui. Il est parti. Mort de froid probablement, seul dans sa voiture, et nous n’avons rien fait du tout. Et tu es rentrée la mort dans l’âme. Le dégoût de nous tous et la tristesse accrochés aux tripes.


Ce matin pourtant, il m'a semblé l'apercevoir de loin. Il était là. De nouveau. Allongé par terre à côté de sa voiture, emmitouflé dans des couvertures. Alors j’ai un peu accéléré le pas avec la poussette, sans vraiment m’en apercevoir. Pour arriver à lui. Je lui ai souri, donné quelque chose en passant, lui demandant auparavant s’il en voulait bien. J’avais envie de lui dire que j’étais heureux qu’il soit encore là. Pas là dehors. Là parmi nous. Des mots dérisoires.


Il faudra voir ce qu’on peut faire…


Mais qu’est-ce qu’on pourrait bien faire ?

10:51 Écrit par Neothene dans Epines | Lien permanent | Commentaires (0)